Ce que l’on sait de la tentative de coup d’État en Guinée-Bissau. L’incertitude planait autour du palais présidentiel mardi 1er février en Guinée-Bissau. Le pays d’Afrique de l’Ouest était à l’arrêt pendant quelques heures après des échanges de tirs autour de la résidence du président Umaro Sissoco Embalo.

Coup d’État en Guinée-Bissau : Ce que l’on sait de la tentative de putsch

Une tentative de coup d’Etat finalement avortée : le chef de l’Etat est apparu à la télévision dans la soirée. Ce mercredi matin, le calme régnait à nouveau dans la capitale, Bissau. « L’Obs » décrypte cet événement qui a secoué le pays africain mardi.

Le palais présidentiel encerclé par des militaires

En début d’après-midi mardi des hommes armés de bazookas et mitraillettes ont tiré aux alentours du palais du gouvernement alors même qu’un conseil des ministres extraordinaire y était organisé. Plusieurs personnes ont été tuées ou blessées.

Les habitants ont fui la zone concernée, certaines écoles et commerces ont fermé leurs portes. À la radio, de la musique seulement était diffusée. Contactée par l’AFP, une Française de 36 ans raconte le désordre ambiant. Elle est allée chercher ses enfants scolarisés proches du palais en toute hâte. Son mari, travaillant dans une banque, a lui aussi reçu la consigne de rentrer chez lui.

De longues heures d’attente

Il s’en est suivi une longue période de confusion. Les rumeurs se sont installées. Plusieurs médias ont avancé que le président Umaro Sissoco Embalo avait été capturé voire même tué. Il s’en est finalement sorti indemne. « Je vais bien Alhamdoulillah. La situation est sous contrôle gouvernemental », a-t-il tweeté dans la soirée.

Le président guinéen s’est également montré rassurant dans une allocution retransmise à la télévision aux côtés du Premier ministre, du vice-Premier ministre et du ministre de la Justice. Il a remercié les forces de défense et de sécurité d’avoir dérouté le coup d’Etat.

Les auteurs pas encore identifiés

Qui a souhaité détrôner par la force Umaro Sissoco Embalo ? Pour l’instant, la réponse est floue. Lors de sa conférence de presse, le président guinéen a dénoncé un acte « très bien préparé et organisé ». Avant de pointer du doigt les opposants aux « décisions (qu’il a) prises, notamment dans la lutte contre le narcotrafic et la corruption ».

Une spirale de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest

Les évènements de mardi évoquent immanquablement les putschs en série qui agitent l’Afrique de l’Ouest depuis 2020 : au Mali en août de cette année-là et à nouveau en mai 2021, en Guinée en septembre 2021 et au Burkina Faso en janvier de cette année.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a immédiatement condamné cette attaque. Dans un communiqué, elle a appelé les militaires à « retourner dans leur caserne et maintenir une posture républicaine ».

De son côté le président de l’Union Africaine (UA) Moussa Faki Mahamat, a exprimé sa « grande inquiétude ». Le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres s’est lui alarmé de la « multiplication terrible des coups d’Etat ».

Un pays politiquement instable

Tentative de coup d'État en Guinée-Bissau Le calme est revenu selon le président
Tentative de coup d’État en Guinée-Bissau Le calme est revenu selon le président

La Guinée-Bissau, petit pays d’environ deux millions d’habitants frontalier du Sénégal et de la Guinée, est abonnée aux coups de force. Depuis son indépendance du Portugal en 1974, elle a connu quatre putschs (le dernier en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements.

Depuis 2014, elle s’est engagée vers un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservée des turbulences, mais sans violence. Le pays pâtit d’une corruption endémique. Il passe aussi pour une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe.

L’ancien général Umaro Sissoco Embalo est au pouvoir depuis début 2020, mais son élection est toujours contestée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC). Le coup d’Etat intervient dans un climat de tension au sein du gouvernement : le remaniement annoncé le 26 janvier dernier a été contesté par le parti du Premier ministre Nuno Gomes Nabiam.

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