Abebe Bikila : Biographie d’un champion hors normes

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Abebe Bikila (ge’ez : አበበ ቢቂላ), parfois également retranscrit Abébé Bikila, né le 7 août 1932 à Jato et mort le 25 octobre 1973 à Addis-Abeba, est un athlète éthiopien, spécialiste des courses de fond.

Abebe Bikila : Révélation d’un champion hors normes aux JO de 1960 et 1964.

Premier médaillé olympique éthiopien, il remporte l’épreuve du marathon aux Jeux olympiques de 1960 et 1964.

Abebe Bikila en 1968
Abebe Bikila en 1968
Abebe Bikila en 1968
Informations
DisciplinesMarathon
Période d’activité1957–1969
NationalitéDrapeau : Éthiopie Éthiopien
Naissance
LieuJato
Décès (à 41 ans)
LieuAddis-Abeba
Taille1,77 m
Distinctions
Élu au Temple de la renommée de l’IAAF en 2012
Palmarès
Jeux olympiques 2
Jeux olympiques2
Jeux olympiques2

Biographie

La révélation d’un champion hors normes

Abebe Bikila1 est né le 7 août 1932 — le jour du marathon des Jeux olympiques de Los Angeles — à Jato, un village non loin de Mendida, dans la zone Mirab Shewa de l’actuelle région Oromia. Il s’engage dans la garde impériale de Haïlé Sélassié.

Il s’entraîne seul pendant deux ans avant d’être repéré en 1959 par les instances éthiopiennes d’athlétisme et Onni Niskanen, membre de la Croix-Rouge et passionné d’athlétisme.

Abebe Bikila devient alors moniteur d’éducation physique de la garde impériale et suit un entraînement plus encadré sous la conduite de Niskanen.

Il lui fait aussi pratiquer le tennis et le basket-ball pour travailler sa coordination. Dès 1959, sa réputation franchit les frontières de l’Éthiopie.

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Il aurait couvert le marathon en 2 h 21 min 23 s, mais certains mettent alors en doute cette performance hors normes3.

Il est sélectionné pour participer aux Jeux olympiques de Rome en 1960 dans l’épreuve du marathon, en remplacement d’un coureur blessé.

Lors du passage de la visite médicale d’avant course, les pieds d’Abebe Bikila sont l’objet de nombreuses interrogations.

Il s’entraînait toujours pieds nus et avait développé une épaisse corne. Lors des entraînements, il avait essayé de mettre des chaussures, mais ses performances étaient alors moins bonnes.

Il tente bien de trouver des chaussures à Rome, mais aucune ne convient ; il développe même des ampoules3.

Abebe Bikila finissant le marathon olympique en 1960, à Rome.

Abebe_Bikila_maratona_olimpica_Roma_1960
Abebe_Bikila_maratona_olimpica_Roma_1960

En nocturne, il remporte la course pieds nus2,4 en 2 h 15 min 16 s2 (record du monde) devant le favori marocain, Abdeslam Radi, qui est définitivement décroché au 41e kilomètre.

Radi termine à 25 secondes avec 200 mètres de retard sur Abebe Bikila.

Juste après la course, il refuse de s’asseoir et de boire, repoussant même la couverture qu’on lui tend pour se protéger du froid. Niskanen l’oblige quand même à boire un verre de Coca-Cola.

Modeste, il déclare alors : « Dans la Garde Impériale, il y a beaucoup d’autres coureurs qui auraient pu gagner à ma place ».

Il est le premier athlète d’Afrique noire médaillé d’or olympique.

Fin de carrière

Le 30 juillet 1967, il se fracture le péroné à l’occasion de son 14e marathon, il est contraint pour la première fois à l’abandon.

Après un traitement en Allemagne, sa blessure le gêne toujours au moment de s’aligner au départ du marathon olympique des Jeux olympiques de Mexico en 1968.

Il est dispensé par les organisateurs de passer par les qualifications6 mais abandonne logiquement peu avant 15 km de course. C’est son dernier marathon, remporté par son compatriote Mamo Wolde.

Il est victime d’un grave accident de voiture sur la route reliant Addis-Abeba à Dessie le 22 mars 1969. Il reste prisonnier de la carcasse de sa Volkswagen Coccinelle toute la nuit.

Au petit matin, un berger le découvre et appelle les secours. La nuque brisée, Abebe Bikila est transporté d’urgence à Londres dans l’avion personnel de l’empereur Hailé Sélassié.

Il lutte pendant huit mois contre la mort, survit, mais perd l’usage de ses jambes. Il se met alors à la course en fauteuil et au tir à l’arc.

Abebe Bikila sur une figurine datant de 1972

Il reçoit une ovation pleine d’émotion du public du stade olympique de Munich à l’occasion des JO de 1972 où il n’est que simple spectateur.

Abebe_Bikila,_1972_card
Abebe_Bikila,_1972_card

Il meurt en 1973 d’une hémorragie cérébrale à l’âge de 41 ans, une complication due à son accident. 65 000 personnes assistent à ses obsèques, dont Hailé Sélassié.

Hommages

Il devient alors un héros national éthiopien. Son accélération réussie près de l’obélisque d’Aksoum et son arrivée à l’Arc de Constantin est aussi un symbole politique, un quart de siècle après l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie2,3,5.

Sa victoire marque également la montée et la domination future des coureurs de moyenne et longue distance provenant de l’Afrique de l’Est.

Il reçoit une voiture et un appartement en récompense. Impliqué presque malgré lui dans un coup d’État manqué contre l’empereur juste après les Jeux, il est gracié[réf. nécessaire].

Il se consacre alors à son sport et remporte trois marathons. Il termine cinquième au marathon de Boston en 1963 ; c’est le seul échec de sa carrière durant laquelle il franchit la ligne d’arrivée de 13 marathons.

Un deuxième titre historique

Le stade d’Addis-Abeba, une rue de Saint-Jean dans la Haute-Garonne, d’Amsterdam, de Florence, ainsi que le pont de Ladispoli d’où est parti le marathon olympique de 1960[réf. nécessaire], portent son nom.

Olympic_runner_Abebe_Bikila_(1968)
Olympic_runner_Abebe_Bikila_(1968)

Abebe Bikila est le marathonien qui sert de modèle à Dustin Hoffman dans le film Marathon Man (1976) de John Schlesinger. Le film contient des extraits d’images d’archives le montrant en train de courir.

Une exposition lui a été consacrée, en 2008, au Musée national d’Addis-Abeba.

Pour le 50e anniversaire de sa première victoire olympique, le marathon de Rome lui a été dédié.

Les premières places, aussi bien pour les hommes que les femmes, ont été remportées par des athlètes éthiopiens, Siraj Gena finissant même les 300 derniers mètres de la course pieds nus.

Plaque commémorative à Rome, apposée pour le 50ème anniversaire de sa victoire au marathon.

Plaque_celebrating_Abebe_Bikila_on_Via_di_San_Gregorio
Plaque_celebrating_Abebe_Bikila_on_Via_di_San_Gregorio

En mars 2012, Abebe Bikila est l’un des douze premiers athlètes — avec Emil Zátopek, Carl Lewis, Paavo Nurmi ou encore Jesse Owens — présentés au Temple de la renommée de l’IAAF pour ses deux titres olympiques et ses records du monde en marathon.

Un modèle de chaussures de la marque FiveFingers (Vibram) est appelé « Bikila ».

Pont Abebe Bikila à Ladispoli.

Abebe_Bikila_Bridge_in_Ladispoli
Abebe_Bikila_Bridge_in_Ladispoli

Le livre de Sylvain Coher, Vaincre à Rome, paru aux éditions Actes Sud, relate sous forme d’introspection la course d’Abebe Bikila au marathon de Rome en 1960.

Palmarès

Jeux olympiques d’été

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