Lâécrivain Alioune Badara Bèye et le comédien Pape Faye saluent ââla réduction considérableââ des télénovelas dans les programmes de télévision au Sénégal, ce qui doit amener par exemple à davantage ââfaire revivreââ jeux traditionnels et langage des instruments traditionnels, dans lâespoir que cela puisse conduire le pays à industrialiser sa culture.
ââSi la domination mentale est la pire des formes de domination, la plus efficace de toutes les formes de libération, câest la libération de lâimaginaire. Et câest cela qui fonde la culture. Câest la raison pour laquelle les hommes de culture ont toujours refusé lâimpérialisme culturelââ, écrivent-ils dans une contribution parue dans le rapport annuel 2018-2019 du Conseil national de régulation de lâaudiovisuel (CNRA).
ââEn ce sens, ajoutent MM. Bèye et Faye, nous saluons la réduction considérable des télénovelas brésiliennes et mexicaines dans les programmes de télévision au Sénégal.ââ
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Alioune Badara Bèye et Pape Faye, tous les deux membres du collège du CNRA, notent avec satisfaction le remplacement des télénovelas brésiliennes ou mexicaines ââpar des téléfilms sénégalais, réalisés et joués par des Sénégalaisââ.
ââNous disons juste quâil faut se battre pour mettre plus de qualité dans la production de ces films, et surtout les orienter davantage vers lâexpression des cultures sénégalaises non empruntées. Exclure en cela le mimétisme et les clichés occidentaux, sauvegarder les valeurs transtemporelles de notre pays.ââ
Alioune Badara Bèye et Pape Faye 02 figures culturelles…
MM. Bèye et Faye relèvent toutefois que les médias se doivent de refléter la ââdiversité des cultures sénégalaises et donner plus de considération à tous les groupes ethnolinguistiques et culturels qui donnent un sens à notre commun vouloir de vivre ensembleââ.
Ils considèrent que ââpas plus quâil nây a pas de langue minoritaire, il nây a pas de culture minoritaireââ, une posture qui, selon eux, doit inciter davantage à prendre conscience de la nécessité dâélever âânotre niveau de cultureââ.
De même appellent-ils à prendre soin des mises en scène dont la plupart sont improvisés.
Alioune Badara Bèye et Pape Faye évoquent par ailleurs la rareté des Åuvres historiques dans nos télévisions, assimilée à une sorte de ââmépris des valeurs traditionnellesââ.
ââLes téléfilms sénégalais doivent nous faire revivre les jeux traditionnels (langa-buri, kassak, simb), les danses (goumbé, ndawrabine, bougarabou, etc.), mais aussi le langage des instruments traditionnels (khalam, kora, tama, ndeud, etc.)ââ, ajoutent-ils.
Les deux membres du collège du CNRA citent également le ââlangage des coiffures traditionnelles, ainsi que les astuces de la cuisine sénégalaise, les génies tutélaires de nos fleuves, de nos marigots, de nos monuments, etc.ââ
Ils déplorent par ailleurs, dans leur texte intitulé ââPlace de la culture dans les médias au Sénégalââ, le fait que les grandes Åuvres dramatiques sénégalaises ââdorment dans les tiroirs de ceux qui aspirent à étouffer les Åuvres authentiquesââ.
Or, font-ils valoir, la culture ââest lâun des leviers les plus importants à actionner pour réhabiliter et relancer lâéconomie tout en produisant du sensââ, suivant lâexemple quâils donnent des Etats-Unis et de la force de lâindustrie culturelle de ce pays.
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Lâindustrie culturelle, qui désigne des entreprises produisant des biens dont lâessentiel tient dans leur contenu symbolique (livre, musique, cinéma, télévision, radio, jeux vidéo, tourisme de masse), ââest à la croisée des chemins des médias et de la cultureââ, observent Alioune Badara Bèye et Pape Faye.
Mais pour atteindre le stade de lâindustrialisation de la culture, ââil faut une exigence de qualité tant dans la culture des médias dits traditionnels que dans la mondialisation des médias de type nouveau comme lâinternet et les réseaux sociauxââ.
ââLa quête de sensations et la propagande ne permettront pas au Sénégal dâexporter sa culture et de produire de la richesseââ, affirment-ils, estimant que lâexigence de productions de qualité, ââdans tous les domaines des médias et de la culture est le seul gage de notre crédibilitéââ.