La société SenâArtemisia (Artémésia) vient de boucler une tournée dans dix régions du pays, dans le cadre de son plan dâaction visant à vulgariser les vertus médicinales de cette plante auprès des populations et à la positionner au cÅur de la lutte contre le paludisme au Sénégal, a indiqué son directeur adjoint Ahmadou Diossy Ndiaye.
La société basée à Thiès, sâinvestit dans la production, la transformation et la commercialisation de cette plante depuis 2014, dans le cadre dâun programme dénommé ââBay dunde, bay fajuââ, a dit à lâAPS M. Ndiaye, au lendemain dâun périple de cinq jours.
ââNous voulons que les Sénégalais découvrent toutes les vertus de lâartémésiaââ, a dit M. Ndiaye, évoquant ses bienfaits contre une variété de maladies, dont certaines sont endémiques au Sénégal.
Cette tournée de cinq jours, dénommée ââtégui toumaââ, visait à éviter que lâimage de lâartémisia soit associée uniquement au paludisme et à la covid-19, en occultant ses propriétés antibactériennes et ses effets sur bien dâautres maladies, comme le diabète, lâhypertension, etc., a-t-il expliqué.
ââPlus efficaceââ contre le paludisme auquel elle est le plus souvent associée, cette plante agit sur dâautres pathologies, a-t-il précisé.
ââNous ne devons pas laisser les gens lâassimiler à quelque chose de nouveau (la covid-19) dont nous ne savons pas grand-choseââ, dit-il, évoquant le risque de voir lâengouement pour cette plante multifonctionnelle sâémousser, avec la disparation de la pandémie.
Lâartémésia est utilisée en Chine depuis des milliers dâannées, surtout pour ses vertus antipaludiques, a dit M. Ndiaye. Lâartémésinine, utilisée dans la fabrication des ACT , traitant le paludisme est extraite de lâartémisia. Cette plante ââmiracleââ est toutefois apparue sous un nouveau jour, avec lâarrivée de la covid-19 en Afrique.
Beaucoup de Sénégalais lâont découverte à travers le fameux Covid-organics, un remède à base dâartémésia, qui a été largement médiatisé par le président malgache, avec toute cette controverse autour de sa fiabilité, mise en doute par lâOMS.
Ce ââcoup médiatiqueââ avait enclenché une ruée vers lâartémésia, lors de la première vague de la pandémie, causant une ââspéculationââ sur le produit, a expliqué M. Ndiaye. Des sachets que la société cédait à 2.500 francs à Thiès, étaient revendus jusquâà 15.000 dans certaines parties du pays, a-t-il dit.
ââAvec la deuxième vague, les médias nâen parlent plus (de lâartémésia), mais les populations sénégalaises continuent à sây intéresserââ, relève-t-il.
La structure veut profiter cet intérêt grandissant pour cette plante qui ââsâadapte à tous les solsââ, pour dire aux Sénégalais quâelle ne soigne pas que le paludisme, et les encourager à la cultiver partout dans le pays.
Elle met en Åuvre un plan dâaction en quatre points. Il consiste à ââexposer les vertus par une sensibilisation continueââ, à réaliser le slogan ââune maison, une plante artémésiaââ, en familiarisant les populations avec les deux variétés dâartémésia Annua, dâorigine chinois et Afra, dâorigine sud-africaine.
Selon M. Ndiaye, les participants à la tournée ont été ââle plus marquésââ à Toubacouta, par le cas de producteurs sénégalais qui cultivent pour le compte dâopérateurs étrangers, de lâartémésia destinée à lâexportation, sans en connaître lâutilité.
Artémésia pour vaincre le paludisme 100% (société)
La structure mise aussi sur lâencadrement de la culture et de lâexploitation de lâartémisia, en dispensant des formations ciblées et en mettant des semences à la disposition des futurs exploitants.
Le quatrième et ââle plus importantââ point de ce plan dâ action consiste, selon le directeur adjoint, à ââconvaincre les autorités compétentes (â¦) dâautoriser lâusage de lâartémésia dans le protocole de traitement du paludismeââ.
La société est autorisée à mettre en marché lâartémésia, ââpas en tant que médicaments, mais en tant que complément alimentaireââ, a-t-il précisé, estimant que ââle meilleurââ serait que lâon puisse trouver lâartémésia en pharmacie, comme câest le cas avec le moringa. Il attend de lâEtat un accompagnement dans la vulgarisation de cette plante bénéfique.
M. Ndiaye juge ââincompréhensibleââ lâattitude de lâOMS, qui laisse le champ libre aux firmes pharmaceutiques pour produire des ACT, à partir de lâartémésia, ââpour faire du profitââ, alors quâelle ââlâinterdit à ceux qui en ont le plus besoin, pour se soignerââ.
SenâArtémésia vise à contribuer à lâélimination du paludisme dâici 2030, ou à défaut, à lâéradication de la morbidité liée au paludisme, selon Ahmadou Ndiaye. Il trouve ââinacceptableââ que des personnes continuent à mourir du paludisme, vu les vertus avérées de lâartémésia contre cette maladie quâelle traite au bout de quatre à dix jours, selon la gravité.
Grâce à des conventions signées avec des collectivités territoriales, elle va former des jeunes à la culture de cet arbuste, et des femmes à sa transformation de plante en tisane, savon, shampoing, crème de chevelure, etc. La société a déjà ouvert des kiosques dans six régions, a noté le responsable.
La structure montée par des ingénieurs agronomes, des économistes, etc. emploie une cinquantaine de jeunes et exploite 35 hectares, répartis entre quatre sites tous situés dans la région de Thiès. La moitié de cette superficie est dédiée à la culture de lâartémésia cultivée de façon biologique, lâautre moitié étant consacrée au maraîchage et à la production dâagrumes, conformément au concept ââBay dunde, bay fajuââ (produire pour se nourrir et se soigner, en wolof).
Pour Abdoul Aziz Guèye, responsable de la communication, la société ne recherche pas de profit dans cette vulgarisation de lâartémésia, mais elle ââcherche lâéveil de la population, son appropriation de la plante, pour quâelle en fasse un élément régulateur à portée de mainââ.
ââNous travaillons à perteââ, le directeur adjoint, qui relève que câest grâce à ses activités dans lâimmobilier et la vente dâéquipements, que la société arrive à financer sa campagne de promotion de cette plante médicinale.
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Présente au Sénégal depuis 1975, lâancienne première dame Viviane Wade avait de la promouvoir en 2000, mais sans suite, a dit Ahmadou Ndiaye. Il a ajouté quâen 2015, un Belge a travaillé sur la plante avec lâENSA, lâécole dâagriculture basée à Thiès.
Depuis lors, SenâArtemésia a porté le flambeau de la culture de lâartémésia au Sénégal, soutient-il, présentant cette société comme un ââleaderââ dans le domaine dans la sous-région, eu égard à son niveau de production de semences et de matière brute.