Décerné ce lundi, le Ballon dâOr 2019 pourrait marquer un tournant définitif dans la signification de ce trophée à lâavenir. Entre la mise en avant du meilleur joueur de lâannée et de celui qui a fait gagner les grands titres à ses équipes.
Tout le monde en rêve, sans trop oser lâavouer. Une distinction individuelle décernée dans un sport qui se joue à onze, ça en met certains mal à lâaise, et câest aussi bien ainsi.
Il nâempêche que le Ballon dâOr est décerné tous les ans depuis 1956 et que son lauréat 2019 sera désigné ce lundi à Paris.
Un vainqueur élu selon des critères forcément subjectifs, à la discrétion de chaque votant.
Durant sa période dâassociation avec le prix du joueur de lâannée de la FIFA, il avait toutefois pris un penchant bien trop statistique.Â
Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, à force dâempiler les records de buts et de passes décisives, sans tous les ans que les résultats collectifs suivent, ont empilé les sacres, grâce en partie aux votes des sélectionneurs et des capitaines imposés par la Fédération internationale.Â
Cinq chacun, record absolu quâils partagent au moins jusquâà ce lundi soir, Luka Modric ayant mis fin à lâhégémonie lusitano-argentine lâannée passée. Mais Andrés Iniesta, Xavi, Franck Ribéry ou Manuel Neuer ont été privés au passage de titres quâils auraient probablement mérité.
MESSI LâHOMME LE PLUS DÃCISIF DâEUROPE EN 2019
Lâélection du milieu croate, vainqueur de la Ligue des Champions avec le Real Madrid et leader dâune sélection nationale finaliste de la Coupe du Monde, donnait le sentiment dâun nouveau point dâéquilibre.
Le Ballon dâOr devait retrouver ses lettres de noblesse, celle qui en avait fait une référence absolue convoitée par tous. Mais la rumeur place Lionel Messi en grandissime favori pour être le vainqueur de lâédition 2019.
Une surprise de dernière minute nâest pas à exclure. Mais la tendance actuelle déplacerait de nouveau le curseur dans le sens des chiffres plus que palmarès.Â
Parce que sur lâannée 2019, il est difficilement contestable que Messi soit le meilleur joueur.Â
Encore décisif, comme un symbole, sur la pelouse de lâAtlético Madrid ce dimanche pour donner une victoire précieuse en Liga au FC Barcelone (0-1), la « Pulga » a inscrit 41 réalisations en club toutes compétitions confondues sur lâannée civile.
Il faut y ajouter 17 passes décisives, ce qui en fait le joueur impliqué sur le plus de buts en Europe.
Messi ajoute à cette efficacité son sens du spectacle, sa technique délicieuse et sa faculté à faire basculer de nombreux matchs sur une action.
LE COLLECTIF DE LIVERPOOL A ÃTOUFFÃ LE GÃNIE DE MESSI
Mais pour quels résultats ? Il nâa remporté « que » la Liga en 2019. Le FC Barcelone a perdu la finale de la Coupe du Roi contre Valence et a surtout vécu une deuxième « remontada » en deux ans en Ligue des Champions.Â
Après lâAS Rome en 2018, câest cette fois Liverpool qui a renversé le Barça en quart de finale retour (4-0).
 Avec sur le terrain un Messi impuissant. Les Reds, justement, ont gagné la compétition majeure de lâannée, en lâabsence de Coupe du Monde et dâEuro, en décrochant la sixième C1 de lâhistoire du club.
Le collectif de Jürgen Klopp a fait sâépanouir des individualités en son sein. Mohamed Salah, Alisson, Sadio Mané ou Virgil van Dijk sont tous des candidats crédibles au sacre. Surtout que les trois derniers ont tous ajouté à ce succès des accomplissements avec leur équipe nationale.
LE MVP NE PEUT PAS ÃTRE UN « LOSER »
Le gardien brésilien a remporté la Copa América avec la Seleçao, stoppant Messi sur la route dâun premier titre international après lequel le natif de Rosario court désespérément.
Le milieu offensif sénégalais a porté les Lions de la Terenga jusquâen finale de la Coupe dâAfrique des Nations, perdue contre lâAlgérie (0-1).
Le défenseur néerlandais, finaliste de la Ligue des Nations, a participé à la renaissance des Oranje. Si aucun de ces trois-là nâest sacré, le jury du Ballon dâOr prendra un parti pris clair : il ne cherche pas à récompenser le MVP de lâannée.Â
Le « Most Valuable Player » quâélisent toutes les grandes ligues de sport américain nécessite dâêtre le meilleur dâune équipe qui a des résultats collectifs.Â
A titre dâexemple, le MVP des Finales NBA a toujours figuré dans lâéquipe gagnante, en dehors de la toute première édition.
Dans lâimaginaire américain, il est quasi-impossible de récompenser un « loser » dans un sport collectif, aussi stratosphérique soit-il individuellement (cf. LeBron James en triple-double de moyenne avec Cleveland lors de sa défaite contre Golden State en 2017).
Le Ballon dâOr est visiblement prêt à prendre cette direction. Avec le sentiment que cela pourrait être sans retour. Quitte à définitivement priver ce prix de son prestige dâantan.