« On dit souvent que la force est impuissante à dompter la pensée ; mais pour que ce soit vrai, il faut qu’il y ait pensée. Là où les opinions irraisonnées tiennent lieu d’idées, la force peut tout. Il est bien injuste de dire par exemple que le fascisme anéantit la pensée libre ; en réalité c’est l’absence de pensée libre qui rend possible d’imposer par la force des doctrines officielles entièrement dépourvues de significationA vrai dire un tel régime arrive encore à accroître l’abêtissement général et il y a  peu d’espoir pour les générations qui auront grandi dans les conditions qu’il suscite ».

Cette pensée de la célèbre Philosophe Simone Weil qui assista à la montée des fascismes et des nationalismes identitaires et racialiste dans l’Europe des années 1930  pourrait éclairer notre proche passé et notre  présent en Côted’Ivoire. Notre pays est encore en butte à l’activisme des générations qui grandirent dans les conditions d’abêtissement généralisé suscitées par  l’invasion de la Côte d’Ivoire par le mythe ethnonationaliste dans les années 1990 et par la brutalité du pouvoir national-populiste  qui captura le pouvoir d’Etat en 2000 .

Les nationalismes et les fascismes des années 1930, comme nous l’apprennent les historiens, résultèrent de la rupture entre les cultures nationales  et l’économie mondialisée. Ils furent les conséquence du repli défensif des cultures ethniques sur elles-mêmes et du  refus de l’Altéritéque provoquèrent la montée des peurs et la domination des opinions irraisonnées.

Les démagogues nationalistes et populistes surfèrent sur cette rupture qui bouleversa les répères axiologiques des peuples, pour capturer le pouvoir d’Etat et abattre la démocratie. Ils désintégrèrent les sociétés et installèrent des régimes brutaux, meurtriers et génocidaires  dont le nazisme hitlérien et les totalitarismes furent les expressions emblématiques.

Nous sommes depuis les années 1990 directement menacés en Côte d’Ivoire par la résurgence du nationalisme communautaire et du populisme qu’entraîne la seconde mondialisation économique qui n’épargne pas l’Afrique noire.

Les forces nationalistes au sein du PDCI  inoculèrent en Côte d’ivoire, en ces années 1990, le virus du nationalisme identitaire dont s’emparèrent les nationaux-populistes du FPI qui installa conséquemment dans notre pays un régime brutal et meurtrier  .

Cette descente de notre pays dans les abysses du nationalisme identitaire xénophobe et raciste dont nous essayons de sortir depuis Décembre 2010, fut facilitée par la déficience de la pensée. Elle fut causée par la confusion des repères moraux et intellectuels et entretenue par un mépris et une dévaluation de la connaissance et des idéalités dans le milieu enseignant lui-même.

Caporalisant la jeunesse ivoirienne, les régimes ethnonationalistes et nationaux populistes qui se succédèrent à la tête de l’Etat, depuis cette éclipse de la raison publique ivoirienne, s’ingénièrent à diffuser l’ignorance et l’abêtissement public en Côte d’Ivoire afin d’asseoir dans la durée leur pouvoir de ségrégation et de désintégration.

La résilience de l’opinion irraisonnée dont  ces ces nationaux-populistes  furent les artisans dans l’espace public ivoirien, pave le chemin de la victoire de la force, de l’asservissement et de la défaite subséquente de la démocratie et de la liberté.

Il nous faut donc restaurer très rapidement dans l’espace public en Côte d’Ivoire un imperium de la connaissance et de la pensée libre pour conjurer la menace de la victoire de la force et de la guerre civile. Le nationalisme communautaire et le national-populisme les portent nécessairement dans le flanc. 

Les pouvoirs publics ivoiriens du RHDP devraient  prendre toute la mesure de cette urgence.

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