Les pluies diluviennes mortelles quasi-cycloniques qui viennent de frapper notre pays symboliseraient-elles les funestes conséquences de la décision catastrophique du PDCI? Pour la deuxième fois depuis les années 1990, la faction identitaire du PDCI ouvre potentiellement les portes de notre pays aux flots dévastateurs de l’ethno-nationalisme et du populisme.

Les conséquences historiques de cette décision qu’il est encore possible de conjurer politiquement, ne relèveront guère d’une malédiction divine ou des ruses de forces sataniques ou d’égrégores maléfiques.

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Elles résulteront d’abdications individuelles identifiables qu’il faudra sanctionner par la rigueur de la loi sans recourir aux expédients habituels, justice du vainqueur ou réconciliations factices,  qui entretiennent l’impunité et l’irresponsabilité d’une partie de notre classe politique.

Ne soyons donc pas superstitieux. La coïncidence des orages mortels qui viennent de frapper la Côte d’ Ivoire et de la décision par laquelle, brisant le front républicain, la frange identitaire du PDCI déchaîne à nouveau le risque de l’hubris ethno-national et populiste, fait néanmoins sens.

Cette décision politique ouvre la porte à l’affrontement possible et même inéluctable des extrêmes dans une lutte féroce pour le pouvoir. Une appréciation rationnelle des conséquences potentiellement dévastatrices de cette décision, autorise à déchiffrer un message sibyllin dans la catastrophe climatique qui vient de frapper le pays. Aux hommes insoucieux, la Nature lance quelques fois des avertissements symboliques.

Dopé à l’ethno-nationalisme et au populisme l’hubris du pouvoir est, dans un pays, aussi dévastateur qu’une tempête ou un orage tropical.

Comme les flots déchaînés des tempêtes et des orages qui détruisent les maisons, inondent les habitations et emportent des vies, les passions déchaînées dans la recherche effrénée du pouvoir libèrent les flots de la barbarie qui détruisent la cité inondent les demeures, dévastent les habitations, emportent des vies, détruisent la dignité humaine.

Puisse cet orage déchaîné signifier aux Ivoiriens si oublieux du passé que le désastre politique se trouve dans notre irresponsabilité quotidienne collective.  Puisse-t-il leur rappeler que celui qui oublie son passé est condamné à le revivre.

Il faut donc déduire rationnellement les conséquences potentielles inéluctables de cette décision calamiteuse. Le scénario funeste que la frange identitaire du PDCI vient d’ouvrir pour la deuxième fois en notre pays depuis 1990  est d’une aveuglante et terrifiante clarté.

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Imaginons la Côte d’Ivoire livrée aux coalitions opportunistes et cyniques après la défection du PDCI et la rupture de l’unique coalition républicaine et démocratique RHDP.  Imaginons le FPI national-populiste renforcé par ses satellites, le PDCI identitaire et les tenants de la transition générationnelle, aux prises devant le fauteuil présidentiel ivoirien.

Dans cette coalition dont les membres ne connaissent pas le compromistous veulent occuper le fauteuil présidentiel pour des raisons diverses également justifiées à leurs yeux.

Le FPI estime que le fauteuil présidentiel lui revient selon un droit d’aînesse en leur qualité de 1er parti d’opposition en Côte d’Ivoire et aussi selon un droit de priorité politique car ce pouvoir lui aurait été injustement arraché, selon lui, par une agression militaire perpétrée par une puissance étrangère, en Décembre 2010.

Le PDCI identitaire considère que le pouvoir d’Etat ivoirien est un héritage et un patrimoine qui lui est dû selon le droit coutumier.

Le nationalisme identitaire qui structure sa vision du monde, donne la priorité au droit coutumier sur le droit positif de l’État. 

Il estime aussi que le fauteuil présidentiel lui revient selon un droit d’aînesse en qualité de 1erparti politique ivoirien acteur et auteur de l’Indépendance nationale. Il juge avec raison qu’il a aussi été désappropriés de ce pouvoir par un coup d’État militaire en 1999.

Pour justifier leur priorité sur le reste de la troupe, les tenants de la transition générationnelle, parmi les membres de cette « coalition », raisonnent en termes de prérogatives politiques impartis par la providence à un leader générationnel aux qualités surnaturelles en surfusion avec les besoins du peuple.

Ils estiment que le fauteuil présidentiel leur revient de droit en raison de hauts faits d’armes dans le syndicalisme estudiantin et dans la rébellion militaire. Ils considèrent, selon eux, que la démocratie ivoirienne est née  de leur combat  estudiantin contre une autocratie impitoyable et de leur révolte contre une infâme dictature national-populiste.

Est-il besoin de souligner que cette joyeuse bande de coalisés est composée d’ennemis politiques cyniquement unis, de manière opportuniste et circonstancielle, dans l’appétence  du pouvoir absolu ? Est-il besoin de faire remarquer que ce consensus constitue leur unique programme politique commun et que la prise personnalisée et égocentrique du fauteur présidentiel est leur objectif individuel commun ?

Certains d’entre eux attendent depuis 20ans de récupérer le fauteuil présidentiel et estiment que 2020 est une date non négociable. D’autres rongent impatiemment leur frein depuis 10 ans tout en s’adonnant aux tentatives de subversion et de sédition pour tenter s’emparer du fauteuil présidentiel avant terme.

Certains l’attendent fébrilement depuis 10 anset estiment en avoir eu la promesse selon une logique de dévolution de type monarchique pour service rendu.

Ils raisonnent tous, en termes de décennies quant à la périodicité de l’alternance du pouvoir. Appréciant les impondérables pouvant affecter cette périodicité, chacun d’entre eux estime qu’il doit jouer son va tout pour s’emparer du pouvoir en 2020 au risque de voir le fauteuil présidentiel lui échapper définitivement.

De quel poids pèsent l’intérêt général et la préservation du bien commun du pays devant cette coalition opportuniste conflictuelle d’appétence gargantuesque pour le pouvoir absolud’ambitions personnelles démesurées et d’intérêts particuliers absolutisés ?

Le passé proche de l’Afrique offre une piste de réponse à cette question capitale. Après la conquête de l’Etat, les mouvements de lutte de libération anticolonialistes débouchèrent souvent sur des guerres civiles sanglantes entre les diverses factions qui cherchaient toutes à occuper le fauteuil présidentiel. Les expériences récentes de la Centrafrique et du Soudan-sud pour ne citer qu’elles confirment cette règle.

Cette politique fiction devrait donc contribuer à recommander aux Ivoiriens de  la sagesse et de l’esprit critique.

Cette sagesse populaire, ce bon sens et cet esprit critique forment les bastions ultimes sur lesquels le peuple démocratique est tenu de s’appuyer pour sauvegarder sa souveraineté et sa liberté contre les démagogues et les imposteurs.

(A suivre)

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