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Coronavirus en Afrique: la catastrophe annoncée était-elle justifiée ?

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Coronavirus en Afrique la catastrophe annoncée était-elle justifiée
Coronavirus en Afrique la catastrophe annoncée était-elle justifiée

Covid-19 en Afrique. La catastrophe annoncée était-elle justifiée ? Les effets de la pandémie en Afrique sont de moindre envergure que dans d’autres parties du monde. On redoutait pourtant le pire pour le continent.

Les prédictions dont ont fait état des chancelleries occidentales et des organisations internationales, relèvent-elles d’un catastrophisme systématique vis-à-vis de cette région ou d’une posture objective face à son déficit en matière de santé ? Le débat reste animé dans l’élite du continent et de sa diaspora.

Comprendre les scénarios catastrophiques annoncés au début de la pandémie

« Sans une mobilisation gigantesque…il y aura nécessairement des millions de morts », avertissait Antonio Guterres le 27 mars à propos des conséquences du COVID-19 sur le continent non sans insister sur l’importance de faire « de l’Afrique une priorité ».

Le Secrétaire Général de l’ONU, à l’instar de beaucoup d’experts, alertait sur un scénario catastrophique de la pandémie sur le sol africain. Le Directeur de l’OMS invitait aussi les pays africains à se « réveiller » et à se préparer au « pire ».

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Plus de 6 mois après la pandémie, le continent étant l’une des régions les moins touchées au monde avec un peu plus d’un million 500.000 cas et environs 37 000 décès, c’est à se demander si ces mises en garde n’étaient pas trop alarmistes ?

Dans une tribune, un certain nombre d’intellectuels africains dont Achille Mbembe et Felwine Sarr, sans cibler une organisation, écrivent « la pandémie du coronavirus a offert à certaines chancelleries occidentales matière à réactiver un afro-pessimisme que l’on croyait d’un autre âge.

Dans les scenarii qui y sont élaborés, le visage de l’Afrique est celui d’un continent vulnérable, où les morts pourraient se compter non pas en milliers mais en millions d’individus. Il nous faut affirmer que ce scénario n’a rien d’une fatalité historique à laquelle le continent ne saurait échapper. »

Covid-19 – L’Afrique face au défi du coronavirus

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L’Afrique face au défi du coronavirus

Pour Dr Nsenga Ngoy, responsable du programme de gestion des urgences au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, les alertes de son organisation étaient justifiées.

« Au vu de la pandémie, je ne pense pas qu’attirer l’attention des Etats membres soit mauvais. Je pense que cela a aidé les pays africains à pouvoir bien se préparer sachant que si vous ne vous préparez pas c’est une catastrophe qui va arriver donc je ne pense pas qu’il faille dire qu’on a été trop alarmiste » explique-t-il.

Gilles Yabi, analyste politique et économiste, estime aussi que l’OMS et d’autres organisations internationales étaient dans leur rôle d’alerte d’autant qu’il y a eu selon lui des précédents « des organisations telles que l’OMS ont été critiquées de n’avoir pas pris la juste mesure de certaines épidémies en temps et en heure », note-il.

Le président du Think Thank Wathi distingue « la posture de l’OMS et celle de la presse occidentale et d’un certain nombre de commentateurs ».

Des récits problématiques ?

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« Je préfère aller un peu plus lentement et bien faire les choses plutôt que d’aller trop vite dans une situation que nous finirons par regretter » déclarait en Avril Chikwe Ihekweazu, directeur général du Centre Nigérian de Contrôle des Maladies.

Comme la plupart des pays africains, la nation la plus peuplée du continent avait opté pour une stratégie d’extinction des foyers plutôt que des tests à grande échelle, évitant du coup une submersion de ses laboratoires. Les récits jetant le discrédit sur les statistiques du continent eu égard à la faible capacité de test ne doivent-ils pas inclure cette nuance?

N’est-il pas hasardeux de qualifier de « miracle » les chiffres qu’affiche la pandémie en Afrique? Ce sont entre autres les questions qui agitent les cercles intellectuels africains.

Parmi les arguments scientifiques avancés pour justifier le nombre peu élevé de cas de COVID-19 sur le continent, c’est la jeunesse de sa population. L’âge moyen en Afrique est de 19 ans. Il est établi que moins on est âgé, moins on est vulnérable au COVID-19.

Le secteur de la santé en Afrique

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Légende image, Le secteur de la santé en Afrique

Rokhaya Diallo, journaliste et auteur française d’origine sénégalaise estime néanmoins que l’action des gouvernements africains n’est pas valorisée.

« Si l’Afrique est aujourd’hui épargnée, et bien que l’on ne puisse savoir ce qui se produira dans les semaines et mois à venir, cela ne relève pas uniquement d’un miracle. Peut-être est-il temps d’accepter l’idée qu’il existe sur ce continent de nombreuses personnes éclairées capables de prendre des décisions efficaces, tandis que des pays occidentaux se sont montrés irresponsables », écrit-elle dans un article publié sur slate.fr au mois de mai.

Les gouvernements africains ont très tôt pris des mesures strictes allant de la fermeture des frontières terrestres comme aériennes à la fermeture des écoles et universités sans oublier l’interdiction de rassemblement.

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A soldier points a thermometer at a man at the Nigerian Army Reference Hospital in Lagos, Nigeria – Friday 28 February 2020
CRÉDIT PHOTO,AFP

Le port obligatoire de masque qui s’est avéré difficile à être appliqué dans d’autres parties du monde, s’est généralisé dans plusieurs pays du continent avec dans beaucoup de cas une mobilisation de l’industrie textile dans la fabrication de masques à des prix accessibles.

La capacité de test a été aussi renforcée. En avril, 43 pays du continent pouvaient diagnostiquer efficacement le Covid-19 alors qu’ils n’étaient que deux à pouvoir le faire au mois de février.

Autant d’actions qui confortent Gilles Yabi dans sa conviction que « les pays africains ont plutôt bien réagi ».

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L’analyste politique et économiste invite tout de même au réalisme. « Si on avait un afflux de malades graves, évidemment on aurait eu beaucoup de mal à faire face…Il faut partir des faits pour consolider notre système et nos institutions.

La bonne manière de répondre à tout le mépris et la condescendance des autres, c’est être digne et renforcer la dignité de nos sociétés », tempère-t-il.

L’Afrique à l’avant-garde de l’innovation

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Des réussites et innovations africaines dans le contexte de la pandémie ont été quand même relayées par beaucoup de médias, notamment occidentaux.

C’est le cas du test d’anticorps pour le coronavirus développé par l’institut Pasteur de Dakar associé à la société britannique Mologic. Il coûte près d’1 dollar. En 10 minutes, Il permettra de vérifier si quelqu’un a développé des anticorps contre le coronavirus à partir d’une infection antérieure.

« On a les performances et au labo et sur le terrain, ce qui est suffisant pour déployer et vendre un test » informe Dr Cheikh Tidiane Diagne.

Toujours avec son partenaire Mologic, l’institut travaille aussi sur un test à domicile similaire aux tests PCR par écouvillonnage actuellement utilisés en laboratoire. Celui-ci confirmera ou non une infection aiguë au COVID-19 en 10 minutes. Les deux tests sont en cours de validation.

Le Togo lui se distingue par l’application Togo Safe. Par cet outil, le gouvernement de ce pays d’Afrique de l’Ouest veut permettre aux « résidents togolais et voyageurs » de recevoir « des notifications instantanées si vous avez été à proximité d’une personne testée positive au COVID-19, même si vous ne la connaissez pas ».

Prévention

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Légende image, Prévention

Les utilisateurs de l’application bénéficient aussi de conseils pratiques et d’un autodiagnostic même si « TOGO SAFE ne remplace pas un diagnostic médical » qui est nécessaire en cas de symptômes.

Ces deux exemples s’ajoutent à une liste déjà longue d’innovations africaines pour lutter contre le coronavirus. Qu’il s’agisse du respirateur portable Respire 19 développé au Nigéria par Usman Dalhatu, un étudiant en ingénierie âgé 20 ans ou le lave main automatique alimenté au solaire conçu par trois étudiants de l’Institut Supérieur de Génie électrique du Burkina, l’Afrique a su profiter du génie créateur de ses entreprises et de sa jeunesse pour faire face à la pandémie.

On note une tendance baissière sur l’ensemble du continent, mais certains chiffres invitent à la précaution. Le Maroc a connu sa plus forte hausse journalière de cas (4861) le 2 Octobre. La même augmentation rapide est notée en Tunisie et en Libye.

« Si nous versons dans la complaisance en pensant que l’Afrique est complètement immunisée, nous pouvons avoir des résurgences de cas comme dans d’autres parties du monde » avertit Dr Nzenga Ngoye, Responsable du programme de gestion des urgences au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

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