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La condamnation d’un ancien gouverneur nigérian suscite des espoirs dans la lutte anticorruption

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Le président Donald Trump serre la main de son homologue nigérian Muhammadu Buhari le 30 avril 2018 | AFP | SAUL LOEB

Plusieurs avocats et militants anticorruption ont salué jeudi la condamnation à de la prison ferme d’un ancien gouverneur au Nigeria, espérant qu’elle apportera un nouveau souffle à la lutte anticorruption.

Jolly Nyame a été condamné à 14 ans de prison mercredi pour avoir détourné plus de 12 millions de dollars lorsqu’il gouvernait l’Etat de Taraba (nord-est) entre 1999 et 2007.

Un juge du tribunal d’Abuja a qualifié les faits incriminés, principalement des faux contrats destinés à acheter du matériel de bureau, de « vol pur et simple ».

Nyame était l’un des 15 anciens gouverneurs qui ont été forcés à la démission ou incarcérés en 2007 par la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC), pendant la présidence du premier chef d’Etat du Nigeria après des décennies de dictatures militaires, Olusegun Obasanjo.

La plupart de ces affaires sont toujours devant les tribunaux, après avoir fait l’objet d’ajournements répétés.

Le porte-parole de l’EFCC, Wilson Uwujaren, a toutefois déclaré que cette condamnation renforcerait les efforts de lutte contre la corruption et permettrait d’accélérer les procès en cours.

« Certaines de ces affaires ont progressé considérablement », a-t-il déclaré à l’AFP. « Avec la diligence de l’EFCC dans les poursuites, nous espérons que la nation verra plus de condamnations d’anciens responsables politiques. »

– ‘Révolution’ –

Le président Muhammadu Buhari, un ancien dirigeant militaire, a promis de recouvrer des sommes « ahurissantes » d’argent public pillées par des fonctionnaires corrompus pendant des décennies.

L’EFCC, principale agence de lutte contre la corruption du pays, a été à l’avant-garde des efforts visant à éradiquer la pratique, et a amené des douzaines d’individus de haut niveau devant les tribunaux.

Mais beaucoup d’entre eux étant d’anciens responsables du régime de l’ex-président Goodluck Jonathan, l’actuel chef de l’Etat est régulièrement accusé de mener une chasse aux sorcières politique.

En outre, malgré le grand nombre d’affaires en cours devant la justice, aucune personnalité de haut vol n’avait jusque-là été condamnée.

La corruption n’est pas un phénomène récent au Nigeria, géant pétrolier de plus de 180 millions d’habitants. Le gouvernement avait affirmé il y a deux ans que 55 personnes avaient pillé à elles seules plus de 6 milliards de dollars entre 2006 et 2013.

L’avocat Femi Falana, figure nigériane de la défense des droits de l’homme, a salué l’efficacité d’une loi récente visant à mettre fin aux « ajournements frivoles » à répétition, qui retardaient l’issue des procès.

« Au Nigeria, les riches agissent toujours de connivence avec les avocats pour entraver leurs procès », a-t-il dit, citant l’exemple de James Ibori, un ancien gouverneur de l’Etat du Delta, dans le coeur pétrolier du pays.

Accusé d’avoir utilisé des fonds publics pour acheter des résidences de luxe, des voitures et un jet privé, Ibori a été acquitté au Nigeria avant d’être emprisonné pour fraude à Londres en 2012.

« Avec l’entrée en vigueur de la loi sur l’administration de la justice pénale en 2015, les avocats ne sont plus autorisés à demander la suspension des procédures pour mettre les procès en attente », a ajouté M. Falana.

« Il s’agit d’une révolution judiciaire qui a commencé et qui permettra à d’autres affaires de grande envergure d’être menées à terme ».

– Sanctions –

Le magistrat le plus haut placé dans la hiérarchie judiciaire, Walter Onnoghen, a ordonné aux tribunaux de consacrer plus de temps aux affaires de corruption à travers le pays.

Des militants ont par ailleurs appelé à mettre en place des tribunaux spéciaux pour les affaires de corruption et à prévoir des sanctions à l’encontre des juges et des avocats qui retardent délibérément les procès.

« Il est dommage que 22 anciens gouverneurs soient toujours jugés depuis de nombreuses années sans que leurs affaires ne soient conclues, ce qui est contraire à la justice sociale et à la primauté du droit », a déclaré à l’AFP Debo Adeniran, du Centre pour la lutte anticorruption et la transparence.

Le militant s’est toutefois dit optimiste après la condamnation de Nyame : « Cela montre que peu importe le temps que cela prendra, les criminels ne resteront pas impunis ».

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