Selon une étude dévoilée aux Rencontres de Santé publique France, les maladies à caractère professionnel ont surtout augmenté chez les femmes.

La souffrance psychique peut revêtir des formes variées, allant du redoutable burn-out à l’état de stress post-traumatique, en passant par les troubles de l’adaptation, les épisodes dépressifs caractérisés (de légers à sévères), les troubles anxieux, les troubles du sommeil, les conduites addictives ou encore le stress lié à l’emploi.

Autant de signes de mal-être qui ont fait l’objet d’une étude dont les résultats ont été présentés cette semaine aux Rencontres de Santé publique France.

Dans le cadre d’une session sur les facteurs psychosociaux au travail, les données du programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP) ont été détaillées par le Dr Imane Khireddine-Medouni, coordinatrice du programme santé mentale et travail à Santé publique France.

Cette épidémiologiste a d’emblée rappelé que le terme MCP désigne toutes les pathologies (ou symptômes) pouvant être causées ou aggravées par le travail, mais non reconnues en tant que maladies professionnelles par les régimes de sécurité sociale.

Le programme MCP est en place depuis 2003, en partenariat avec l’Inspection médicale du travail.

En 2016, dernière année pour laquelle des données nationales consolidées sont disponibles, 11 régions y ont participé, ce qui représentait 37 867 salariés vus par 333 médecins du travail volontaires au cours des périodes de deux semaines prévues chaque année pour la surveillance.

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La souffrance augmente avec l’âge

Les résultats sont significatifs : le pourcentage de travailleurs concernés par la souffrance psychique est passé de 2,3 à 3,6 % chez les femmes et de 1,1 à 1,4 % chez les hommes entre 2007 et 2016.

Cette augmentation est cohérente avec d’autres données, notamment celles du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles.

Quant à l’Assurance maladie, elle indique que le nombre de demandes de reconnaissance de maladies psychiques auprès des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles est passé d’environ 200 en 2012 à plus de 1 100 en 2016.

Cette tendance pourrait être liée à une plus grande sensibilisation des salariés et des médecins du travail à ce type de problèmes, mais aussi à une détérioration des conditions de travail.

L’analyse des données montre que la souffrance psychique en lien avec le travail augmente avec l’âge jusqu’à la tranche 45-54 ans, puis stagne, principalement chez les hommes.

Par rapport aux ouvriers, le risque est plus élevé (par ordre croissant) chez les employés, les professions intermédiaires et les cadres.

Selon Imane Khireddine-Medouni, cela pourrait s’expliquer par le fait que les médecins traquent en priorité les problèmes physiques chez les ouvriers, notamment les troubles musculo-squelettiques (TMS), ou encore par une moindre verbalisation par ces derniers de leur souffrance mentale.

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En prenant les commerçants comme profession de référence, l’étude par secteur d’activité montre un risque plus élevé de MCP pour les personnes travaillant dans l’industrie, ainsi que pour les activités financières et l’assurance.

À l’opposé, le risque est moindre dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale, mais uniquement chez les femmes, alors que, chez les hommes, c’est dans le secteur de la construction que l’on trouve cette différence.

Enfin, les professionnels des métiers de l’agriculture et des « activités spécialisées » (arts, spectacles, organisations associatives…) souffrent moins de MCP que les commerçants.

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Kafunel.com avec LePoint Par Anne Jeanblanc

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