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La vision sociétale incarnée par le PDCI anti-parti unifié est-elle réconciliatrice et pacifique?

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Le PDCI anti RHDP Parti unifié vient, depuis quelques jours, de dénoncer solennellement l’accord de création du RHDP Parti-unifié. C’est son droit légitime en tant que courant fractionnel d’un parti démocratique.

 En quête d’une nouvelle coalition, il appelle les Ivoiriens de tous les bords politiques qui partagent « sa vision » de la Côte d’Ivoire à le rejoindre pour construire « une Côte d’Ivoire réconciliée » et « soucieuse des droits, des libertés et du bien-être de ses populations ».

Il est d’abord essentiel de souligner, que la thématique de « la réconciliation nationale » est en Côte d’Ivoire, une démagogie utilisée comme strapontins à des fins électoralistes par certains acteurs politiques aux discours et aux programmes clivants.

Je l’ai démontré argumentativement à plusieurs reprises dans cedea.net (cf. « La thématique- valise de réconciliation nationale, arnaque politique du nationalisme communautaire contre la démocratie en Côte d’Ivoire». Cedea.net, 18 Février 2018)

Cette précision étant faite,  passons au crible de la critique, la nature de la « vision » que le PDCI anti-parti unifié appelle les Ivoiriens à rejoindre. Quelle est la nature de cette vision?  Cette vision est-elle démocratique et républicaine ? Est-elle simplement houphouëtiste étant entendu que, fondée à la fois par l’unification citoyenne de la diversité sociale et par le respect des particularismes et de la différence culturelle, l’houphouëtisme est l’expression ivoirienne de la démocratie républicaine?

« La vision » du PDCI anti-parti unifié qui vient de rompre le front républicain édifié contre le nationalisme identitaire au plus fort de la dictature national-populiste du FPI dans les années 2000 à 2010, est-elle différente de celle qui conduisit à la fracture de la Côte d’Ivoire  par le nationalisme ethnique dans les années 1990 ?

Motivée par une revendication autocratique du pouvoir cette rupture semble animée par une volonté d’appropriation privée de l’Etat à des fins anti-démocratiques.

La réconciliation démocratique se réalisant toujours à travers le compromis qui présuppose l’acception de la différence et la légitimité des divergences d’intérêts et de positions de tous les acteurs de la société, la vision sociétale et le programme politique que le PDCI anti-parti unifié appelle les Ivoiriens à rejoindre peut-elle être réconciliatrice?

Peut-on parler de réconciliation démocratique quand le projet sociétal que l’on propose aux Ivoiriens est une société communautairement homogénéisée, dirigée par des soi-disant autochtones où prévaut l’unanimisme communautaire?

Peut-on parler de réconciliation quand  la diversité et la libre expression des différences qui définissent la société démocratique sont récusées et quand l’appartenance citoyenne est niée ?

Peut-on, sans cynisme, proposer la paix sociale aux Ivoiriens, quand on refuse ,du fait du rejet de la République, le consensus républicain qui permet aux affrontements sociaux et politiques de ne pas monter aux extrêmes de la guerre civile?

Peut-on parler de développement économique et de progrès quand on oppose, dans la logique du nationalisme identitaire, l’ethnicité à la modernité en rejetant la rationalité économique au profit des anciennes traditions du passé absolutisé ?

Peut-on parler d’émancipation, de liberté et d’égalité quand on prône l’installation d’une dictature ethnique par dévolution monarchique et par adoubement et quand la référence sociétale que l’on propose au peuple est celle des sociétés d’ordre inégalitaires du passé, des royautés et des sociétés lignagères ?

Remodelée selon l’ordre inégalitaire des royautés et des sociétés lignagères de l’antiquité et du moyen âge, la Côte d’Ivoire communautarisée que le PDCI anti-parti unifié propose aux Ivoiriens pourrait-elle être une Côte d’Ivoire soucieuse des droits, des libertés et du bien-être de ses populations ?

La dénonciation de l’accord de création du RHDP Parti-unifié par le PDCI identitaire dévoile, en réalité, la nature anti-démocratique et antirépublicaine de sa vision du pouvoir et de la société ivoirienne.

En contradiction avec les attentes du peuple démocratique, cette fraction voyait dans ce dispositif une assurance viagère de partage patrimonialiste et de dévolution monarchique du pouvoir d’État.

Les réceptions tout azimut que, campé dans la posture du monarque en attente de reconquête d’un trône royal, le chef du PDCI anti-Parti unifié accorde actuellement en sa cour aux acteurs politiques ivoiriens qui s’y rendent sous le mode de l’allégeance, signifient  clairement ce décalage entre une partie de la classe politique ivoirienne et le peuple.

La clarification qui vient d’être faite éclaire les identités politiques réelles des protagonistes en compétition pour le pouvoir d’État en Côte d’Ivoire. Elle  est salutaire pour la liberté du choix politique des Ivoiriens.

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