Dans notre dossier vacances, nous nous intéressons aujourd’hui à l’Histoire des sciences pour décrypter Le monde de Aristote.

Le monde de Aristote représenté par les 4 éléments (terre, eau, air, feu)

Le monde de Aristote. Au Ve siècle avant notre ère, l’éléate Parménide renverse la philosophie antérieure en soutenant que, puisque ce qui existe est immuable et éternel, la naissance du cosmos n’a aucun sens. Un siècle plus tard, Aristote lui répond.

Une section du cosmos d’Aristote, publiée en 1540 par l’astronome allemand Peter Apian (1495-1558) dans son ouvrage Cosmographia.

Le ciel d’Aristote, centré sur la Terre, est globalement parfait, donc sphérique, ce qui ne l’empêche pas de contenir des imperfections, ici représentées par les quatre éléments (terre, eau, air, feu) qui peuplent et corrompent le monde sublunaire.

Image copyright History of Science Collections, University of Oklahoma Libraries

Du système héliocentrique des planètes à l’existence du vide, du principe d’inertie à la gravitation universelle, la physique moderne naîtra des cendres du monde aristotélicien.

Pourtant, Aristote est avant tout… un physicien. Certes, la physique n’est pas, pour Aristote, la science suprême – il n’y en a pas pour lui –, ni la science la plus digne, puisque la théologie a, plus que la physique, droit à ce titre ; la hiérarchie qu’Aristote établit entre physique et mathématique n’est en outre (si elle existe) pas claire.

ticho_brahe le géohéliocentrisme de Tycho-Brahe
ticho_brahe le géohéliocentrisme de Tycho-Brahe

Néanmoins, la physique, telle qu’elle est définie par Aristote, est la branche du savoir la mieux représentée dans le corpus aristotélicien.

Notamment, ce que la tradition – et non pas Aristote lui-même – a nommé « métaphysique » est un ensemble de livres qui soit traitent de questions qui pourraient être incluses dans des ouvrages de physique, soit se situent par rapport à la physique, le terme « métaphysique » signifiant « ce qui vient après la physique ».

L’histoire ne nous dit pas si ceux qui forgèrent ce titre désignaient une discipline étudiant des objets supra-physiques ou simplement la discipline qui vient après la physique, dans un cursus d’enseignement par exemple.

Toutefois, dans les deux cas, la métaphysique se définit par rapport à la physique.

Qu’est donc la physique pour Aristote ?

On ne peut comprendre ce qu’il nomme physique, ni la place de cette discipline dans son projet philosophique ni le rôle qu’il lui assigne, si l’on ne rapporte pas la physique aristotélicienne à ce qui l’a précédée.

Premières enquêtes sur la nature

Le terme « physique » dérive de l’adjectif grec féminin physikè. Quand cet adjectif est employé dans l’absolu, précédé ou non d’un article, il sous-entend après lui un substantif tel que technè (art) ou epistèmè (science), de même que « la physique » sous-entend « la science physique » en français.

monde d'Aristote
monde d’Aristote

Physikè vient du terme physis. Ce mot, traduit généralement par « nature », est le concept clef de la pensée antique.

Dérivée de la même racine que le verbe phyô, qui signifie « croître, se développer », la physis désigne avant tout la croissance, par exemple des plantes.

La philosophie surgit au vie siècle avant notre ère 

Les historiens pensent cependant que physis a été dès le début un terme philosophique ; peut-être même fut-il forgé par les premiers philosophes pour désigner l’objet de leurs études.

La philosophie, en effet, a surgi au vie siècle avant notre ère en tant qu’explication du monde et de l’ordre des choses susceptible de remplacer les anciennes explications mythiques telles que les poèmes homériques.

Explication du monde et de l’ordre des choses susceptible

Celles-ci rendaient compte de l’état de l’Univers en se référant à la geste héroïque des dieux et des héros dans un temps primordial.

Le système héliocentrique de Copernic
Le système héliocentrique de Copernic

Elles étaient du même ordre que celles que l’on trouve, par exemple, dans le livre biblique de la Genèse.

Thalès de Milet propose une rupture nette avec les explications mythiques

Les premières explications philosophiques, dont la toute première fut, selon la tradition, proposée par Thalès de Milet, marquent une rupture nette avec les explications mythiques : elles ne font pas appel à des entités divines.

Toutes choses sont en dernier ressort constituées d’une même matière fondamentale qui, sous l’action de divers processus, prend les formes des diverses réalités du monde.

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Pour Thalès, cette matière fondamentale est l’eau. Une telle explication est, sinon scientifique au sens moderne, du moins rationnelle, parce qu’elle ne fait appel qu’à des entités connaissables : des éléments matériels comme l’eau, ou des processus comme l’évaporation, la condensation, la congélation, etc.

Les théories qui suivent celle de Thalès varient sur des points importants

– par exemple elles prennent un autre constituant fondamental que l’eau –, mais elles présentent en gros les mêmes caractéristiques.

Certaines surprennent par leur hardiesse, comme cette idée d’Anaximandre selon laquelle tous les vivants viendraient des animaux aquatiques.

Les spéculations de ce genre ont reçu, sans doute de commentateurs plus tardifs pour les premières et de leurs auteurs eux-mêmes pour les plus récentes, l’appellation commune d’« enquête sur la physis » (historia peri physeôs).

Formation des vivants, mais aussi celle des sociétés humaines

Cette première physique, sous ses diverses formes, explique donc l’Univers en recourant à une matière primordiale sur laquelle s’exercent des processus naturels de transformation.

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Ce type de construction englobe tout : l’ordre des corps célestes, les actions des corps les uns sur les autres, la formation des vivants, mais aussi celle des sociétés humaines.

D’autres conçurent plusieurs mondes

Dans certaines de ces théories, le processus de formation est unique ; dans d’autres, il recommence plusieurs fois, succédant à des phases de désorganisation.

Ainsi, certains penseurs enfermèrent la réalité entière dans un monde unique, alors que d’autres conçurent plusieurs mondes, voire une infinité de mondes.

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Néanmoins, dans tous les cas, la physis est la réalité unique et englobante…..

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