On entend ces jours-ci l’aile ethno-nationaliste du PDCI, un courant identitaire anti-moderniste et anti-libéral d’extrême droite, prétendre représenter le PDCI-RDA qui est un parti libéral de centre-droit. On entend, ces jours-ci, cette fraction prétendre incarner la totalité du peuple ivoirien, appeler les Ivoiriens à se mettre en « rang de bataille », à entrer en résistance contre une soi-disant « dictature », à engager un mouvement de libération nationale contre une invasion étrangère.

Cette fraction anti-moderniste et antilibérale, qui en appelle à la purification ethnique, à l’autochtonie contre la diversité, à l’ethnicité contre la citoyenneté, ment quand elle prétend incarner l’Houphouëtisme, une philosophie politique fondée par l’alliance des cultures ethniques et de la rationalité moderne, qui fait de la citoyenneté et du libéralisme ses credos.

La position et les appels de cette fraction partisane sont une colossale imposture d’un point de vue logique et d’un point de vue politique. Ils trahissent l’Houphouëtisme et constituent aussi une agression contre la Nation et la République en Côte d’Ivoire.

Ces appels sont d’abord une imposture du point de vue de la logique démocratique.

Un parti politique c’est-à-dire, par définition, la représentation politique d’une partie de la société, qui plus est, une fraction, autrement dit une minorité de ce parti, ne saurait représenter la totalité de la société.

La fraction identitaire du PDCI,  qui prétend représenter la totalité du peuple ivoirien, ne représente donc pas cette totalité. Elle ne représente qu’une minorité constituée par les cercles rapprochés de ses dirigeants, par ses militants fanatisés et la partie de la population ivoirienne qui se reconnaît dans ses discours d’exclusion et ses appels à la haine ethnique et confessionnelle, relayés par ses « pasteurs ».

Les discours d’exclusion et les appels à la guerre de libération nationale, tenus par cette fraction qui prétend représenter le peuple ivoirien en sa totalité, font saillir cette imposture.

Ils la situent clairement dans les marges de la société globale ivoirienne positionnée au centre sous le régime de démocratie pluraliste républicaine restauré en 2010, et reconduit à la majorité des voix citoyennes en 2015.

Le régime politique ivoirien actuel est un régime de démocratie pluripartisane. La société ivoirienne est constituée par une pluralité de catégories socio-professionnelles et de collectivités territoriales.

Elle est, en conséquence, politiquement représentée par une pluralité de partis qui en défendent les intérêts et expriment les valeurs.

L’ENSEMBLE UNIFIE DE CES CATÉGORIES ET DE CES COLLECTIVITÉS ETHNIQUES ET CONFESSIONNELLES CONSTITUE LE PEUPLE IVOIRIEN EN TANT QUE CORPS SOCIAL AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET EN TANT QUE NATION INDIVISIBLE AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ POLITIQUE.

Le discours et les actions légitimes des acteurs politiques qui prétendent représenter, en sa diversité et en son unité ce peuple et cette Nation, sont des discours et des actions d’inclusion et d’intégration.

La fraction partisane du PDCI,  qui en appelle à la guerre d’anéantissement de certaines catégories sociales en vue de l’homogénéisation communautaire de société, qui en appelle à l’exclusion, à la division de la Nation ivoirienne et à la récupération patrimonialiste du pouvoir d’État, est en contradiction avec les réquisits primaires de la démocratie.

Elle refuse l’hétérogénéité de la société. Elle rejette le vivre-ensemble, elle en appelle à la désagrégation de la Nation démocratique. Elle nie le suffrage universel. Elle récuse l’égalité et la liberté des Ivoiriens.

Elle appelle à la restauration d’un régime oligarchique qui, prétendant parler au nom du peuple ivoirien,  vise à  désapproprier ce peuple.

Est-il besoin de faire remarquer que cette fraction identitaire, en rupture de ban avec l’Houphouëtisme du PDCI-RDA originel, est constituée d’oligarques bien connus en mal de pouvoir personnel.

Est-il besoin de souligner qu’elle s’oppose à la République et récuse le principe de citoyenneté depuis les années 1990. L’instrumentalisation de l’ethnicité, dont elle fut l’actrice principale en ces  années 1990, est aujourd’hui réactivée contre le RHDP.

Son rejet de la formule du parti-unifié, en tant que coalition républicaine pérenne contre l’ethno-nationalisme, prouve  qu’elle n’aurait rejoint le RHDP que par opportunisme stratégique dans un projet de récupération patrimonialiste du pouvoir d’État.

Les « alliances » anti-politiques ou, plus exactement, les complicités  qu’elle entend mobiliser pour  récuser le front républicain RHDP, rassemblent emblématiquement les figures connues du nationalisme identitaire et du populisme.

Cette « coalition » qui prétend régénérer démocratiquement la Côte d’Ivoire et représenter l’avenir regroupe étrangement  les vieux chevaux de retour de l’autocratie corrompue  et leurs nouvelles recrues en mal de domination.

Cette « alliance » des forces réactionnaires de régression et de domination qui entend faire une OPA sur le pays en 2020,  fait singulièrement  sens à l’approche du 7 Août, date de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire républicaine et démocratique. Elle constitue symboliquement la négation et l’antithèse absolue de cette Indépendance.

J’appelle, en conséquence, les démocrates et les républicains Ivoiriens à se mobiliser sur toute l’étendue du territoire pour sauvegarder la liberté, l’égalité, la fraternité et le vivre-ensemble de la diversité dans notre pays.

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