Nous ne devons jamais lâoublier. Le FPI a gouverné la Côte d’Ivoire entre 2000 et 2010. Son bilan en la matière est calamiteux sur tous les registres. Sa gouvernance sâest conclue par une guerre civile dont il sâest, jusquâà ce jour, refusé dâassumer la responsabilité politique en tant que Gouvernement.
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Trahissant la social-démocratie, il avait repris à son compte, par manque de conviction socialiste, le nationalisme ethnique quâune faction identitaire du PDCI, trahissant elle aussi le nationalisme libéral modernisateur du PDCI-RDA, avait mobilisé en 1995 pour se tenter de se débarrasser dâun adversaire politique.
Ces deux trahisons et ces deux attaques contre la démocratie républicaine furent motivées par la fétichisation du pouvoir et par lâabsence dâun programme inclusif de type républicain et démocratique.
Le projet de coalition PDCI ethno-nationaliste-FPI national-populiste est lourd de ce passif politique irréductible ; une charge  quâaccroît la tendance de ces formations, à se décharger sur des tiers, à camoufler leurs projets, à refuser dâassumer ouvertement leur choix, à sâadonner à la démagogie.
 Imaginons donc le FPI national-populiste renforcé par ses satellites, le PDCI identitaire et les tenants de la transition générationnelle, aux prises devant le fauteuil présidentiel ivoirien.
Dans cette coalition opportuniste  dont les membres ne connaissent pas le compromis, tous veulent occuper le fauteuil présidentiel pour des raisons diverses également justifiées à leurs yeux.
Le FPI estime que le fauteuil présidentiel lui revient selon un droit dâaînesse en leur qualité de 1er parti dâopposition en Côte dâIvoire et aussi selon un droit de priorité politique car ce pouvoir lui aurait été injustement arraché, selon lui, par une agression militaire perpétrée par une puissance étrangère, en Décembre 2010.
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Le PDCI identitaire considère que le pouvoir dâEtat ivoirien est un héritage et un patrimoine qui lui est dû selon le droit coutumier. Le nationalisme identitaire qui structure sa vision du monde, donne la priorité au droit coutumier sur le droit positif de lâÃtat.Â
Il estime aussi que le fauteuil présidentiel lui revient selon un droit dâaînesse en qualité de 1erparti politique ivoirien acteur et auteur de lâIndépendance nationale. Il juge avec raison quâil a aussi été désappropriés de ce pouvoir par un coup dâÃtat militaire en 1999.
Pour justifier leur priorité sur le reste de la troupe, les tenants de la transition générationnelle, parmi les membres de cette « coalition », raisonnent en termes de prérogatives politiques impartis par la providence à un leader générationnel aux qualités surnaturelles en surfusion avec les besoins du peuple.
Ils estiment que le fauteuil présidentiel leur revient de droit en raison de hauts faits dâarmes dans le syndicalisme estudiantin et dans la rébellion militaire. Ils considèrent, selon eux, que la démocratie ivoirienne est née de leur combat estudiantin contre une autocratie impitoyable et de leur révolte contre une infâme dictature national-populiste.
Est-il besoin de souligner que cette joyeuse bande de coalisés est composée dâennemis politiques cyniquement unis, de manière opportuniste et circonstancielle, dans lâappétence du pouvoir absolu ? Est-il besoin de faire remarquer que ce consensus constitue leur unique programme politique commun et que la prise personnalisée et égocentrique du fauteur présidentiel est leur objectif individuel commun ?
Certains dâentre eux attendent depuis 20ans de récupérer le fauteuil présidentiel et estiment que 2020 est une date non négociable. Dâautres rongent impatiemment leur frein depuis 10 ans tout en sâadonnant aux tentatives de subversion et de sédition pour tenter sâemparer du fauteuil présidentiel avant terme. Certains lâattendent fébrilement depuis 10 anset estiment en avoir eu la promesse selon une logique de dévolution de type monarchique pour service rendu.
Ils raisonnent tous, en termes de décennies quant à la périodicité de lâalternance du pouvoir. Appréciant les impondérables pouvant affecter cette périodicité, chacun dâentre eux estime quâil doit jouer son va tout pour sâemparer du pouvoir en 2020 au risque de voir le fauteuil présidentiel lui échapper définitivement.
De quel poids pèsent lâintérêt général et la préservation du bien commun du pays devant cette coalition opportuniste conflictuelle dâappétence gargantuesque pour le pouvoir absolu, dâambitions personnelles démesurées et dâintérêts particuliers absolutisés ?
Le passé proche de lâAfrique offre une piste de réponse à cette question capitale. Après la conquête de lâEtat, les mouvements de lutte de libération anticolonialistes débouchèrent souvent sur des guerres civiles sanglantes entre les diverses factions qui cherchaient toutes à occuper le fauteuil présidentiel. Les expériences récentes de la Centrafrique et du Soudan-sud pour ne citer quâelles confirment cette règle.