Les quotidiens parvenus jeudi à lâAPS traitent principalement de lâaudience de reprise, la veille, du procès en appel du maire de Dakar, Khalifa Sall, condamné à 5 ans de prison en mars dernier pour notamment escroquerie aux deniers publics.
Vox Populi, à lâimage de la plupart des quotidiens, rapporte que la Cour dâappel de Dakar a débouté Khalifa Sall et Cie « qui avaient, via leurs avocats, introduit une demande de libération immédiate, suite à la décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO », la Communauté économique des Etats de lâAfrique de lâOuest.
La juridiction communautaire, saisie par les conseils de lâédile de Dakar, a estimé dans un arrêt rendu le 29 juin dernier que les droits de Khalifa Sall à un procès équitable, à la présomption dâinnocence et à lâassistance dâun conseil lors de la procédure avaient été violés.
Ses conseils ont en conséquence demandé il y a une semaine sa mise en liberté, se fondant notamment sur lâargumentaire de la juridiction communautaire, une requête rejetée par le juge dâappel.
« Le juge Demba Kandji a rejeté la requête aux fins dâannulation de la procédure et la mise en liberté dâoffice du maire de Dakar, comme conséquence de lâarrêt rendu par la Cour de justice de la CEDEAO (…) », rapporte Libération.
Le président de la Cour dâappel de Dakar « douche Khalifa Sall », estime Enquête, citant le magistrat : « Jâai déjà vidé cette affaire et je ne parlerai plus de la CEDEAO » pour le reste du procès en appel qui se poursuit donc. Tribune renchérit : « Le juge Kandji +déchire+ lâarrêt de la CEDEAO ».
Dans son argumentaire, le premier président de la Cour dâappel de Dakar, « estimant que la Cour de justice de la CEDEAO ne peut pas se substituer aux juridictions nationales, a indiqué que sa cour nâa pas obligation dâappliquer les arrêts de la justice communautaire », explique Sud Quotidien.
« Lâespoir de voir Khalifa Sall et ses co-inculpés recouvrer la liberté était suspendu à la décision que devait prendre le président de la Cour dâappel. Mais il sâest volatilisé comme de la fumée dans lâair après le refus de Demba Kandji dâaccorder la liberté immédiate aux prévenus. Ils devront attendre lâissue du procès pour connaître leur sort », écrit Le Quotidien.
« Le procès en appel de la caisse dâavance de la ville de Dakar ne sera pas perturbé par lâarrêt rendu par la Cour de justice de la CEDEAO. Du moins, pas pour le moment », souligne le quotidien LâObservateur.
« Maintenant, que cessent les manipulations et quâon parle des faits, câest-à -dire des délits de détournement de deniers publics, dâescroquerie portant sur le détournement de deniers publics, de faux et usage de faux, dâassociation de malfaiteurs et de blanchiment dâargent », dit Me Ousmane Sèye, un des avocats de lâEtat, dont les propos sont rapportés par le quotidien national Le Soleil.
Il fait ainsi référence aux griefs retenus contre Khalifa Sall, dans le cadre de cette affaire dite de la « caisse dâavance » de la mairie de Dakar, pour laquelle il a été condamné à 5 ans de prison en mars dernier.
Cette injonction de Me Ousmane Sèye ne semble toutefois pas avoir dâeffet, tellement certains journaux se concentrent sur les critiques contre le juge dâappel, se faisant lâécho des « échanges épiques » entre les différentes parties à ce procès, à lâimage de Walfquotidien.
« Le juge Demba Kandji et le procureur général Lansana Diabé Siby en ont vu de toutes les couleurs » hier, mercredi, « au procès Khalifa Sall dont la reprise a été émaillée dâincidents », avance Walfquotidien.
Me Ousseynou Fall, un des avocats du maire de Dakar, par exemple, « dénonce la corruption dans la magistrature (…) », souligne le même journal, citant une déclaration de ce dernier : « Pour des soucis de carrière, vous piétinez les droits de Khalifa Sall ».
Dâoù cette manchette du quotidien LâAs : « Me Ousseynou Fall fait le procès du juge Demba Kandji ».
« Quand lâun des plus hauts magistrats de ce pays se fait huer et traiter de tous les noms dâoiseaux dans un brouhaha indescriptible à lâintérieur dâune salle de tribunal, il faut se rendre à lâévidence. Il y a quelque chose de cassé dans les rapports entre le pouvoir judiciaire et la société », analyse le billettiste de Tribune.
« La manière dont le juge Demba Kandi est défié ouvertement par des citoyens écÅurés jusquâà lâoverdose, et sa propension systématique à se prévaloir dâune moralité dont les fondements auraient été jetés à la poubelle dans un système judiciaire indépendant, sont de symptômes violents de la crise qui mine le monde de la magistrature sénégalaise, du moins celui qui a accepté lâenrôlement partisan dans la guerre des contradictions en cours dans lâespace sociopolitique nationale », ajoute le billettiste de Tribune.
« A un peu plus de sept mois de lâélection présidentielle, le candidat Khalifa Sall doit dâabord gagner le combat pour la liberté dans lâaffaire dite de la Caisse dâavance de la mairie de Dakar avant de songer à aller à la pêche aux voix », observe par ailleurs Le Témoin quotidien.
Or, constate-t-il, les choses « se passent mal pour lui devant la juridiction de second degré puisque, jusquâici, toutes les exceptions soulevées par ses avocats devant la barre de la Cour dâappel ont été rejetées par le magistrat Demba Kandji qui préside la dite cour ».
Un procès en cache un autre, les quotidiens sâintéressent dans le même temps au procès pour terorisme de lâimam Alioune Ndao dont le délibéré sera connu ce jeudi. ââLe Ciel va-t-il sâabattre sur imam Ndao et Cie ?ââ, se demande Vox Populi.
ââImam Ndao sort le chapeletââ (Enquête) et ââJour de vérité pour imam Ndao et co-accusésââ (Sud Quotidien), sont dâautres manchettes consacrées à ce sujet.
ââCâest ce jeudi 19 juillet 2018 que la Chambre criminelle (ex-Cour dâassises) de Dakar rend son délibéré. Le procès sâétait tenu durant 20 jours, au palais de Justice de Dakarââ, rappelle Walfquotidien.
ââJugés pour +association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme, blanchiment de capitaux (…), détention dâarmes et de munitions sans autorisation+, les accusés risquent des peines diversesââ, signale le journal.
Il précise que lâimam Ndao, considéré comme ââle cerveauââ de cette affaire, risque jusquâà 30 ans de travaux forcés. LâObservateur lui explore la ââface cachée de imam Ndaoââ à travers sa vie à Kaolack (centre), son ââdaaraââ (école coranique), ses épouses.