La coordonnatrice du département chargé des droits de l’enfant à la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho), Mame Couna Thioye, a invité mercredi à Diourbel les pouvoirs publics à accélérer le processus de modernisation des daaras qui est une des ’’réponses durables’’ à la question de la mendicité des enfants.
’’Il faut accélérer les processus de mise en place de ces daaras modernes. Pour nous, c’est une des réponses multidimensionnelles que l’Etat pourrait apporter’’ au problème de la mendicité, a-t-elle dit au terme d’un atelier de deux jours qui a regroupé les acteurs de la société civile, les acteurs institutionnels et les maîtres coraniques.
Cette activité entre dans le cadre du projet ’’Eradiquer la mendicité des enfants talibés au Sénégal (2016-2021)’’, initié conjointement par Anti-slavery international, une Ong basée à Londres, et la Raddho et Tostan qui interviennent au niveau communautaire.
Selon elle, des lenteurs ont été observées dans l’implantation de ce projet pilote qui pourrait passer à l’échelle nationale parce que ‘’la protection de l’enfant est une question qui doit être prise en charge de façon holistique’’.
C’est une problématique ’’qui est en train de prendre des proportions inquiétantes, qui met en péril la vie et la survie des enfants talibés mais également leurs droits fondamentaux tels que le droit à la santé, le droit à la protection, le droit à une éducation, le droit à un développement harmonieux’’, a déploré Mme Thioye.
L’atelier a aussi permis de faire une cartographie des nombreux acteurs qui interviennent sur cette question mais de manière dispersée.
’’Il faut une harmonisation des interventions en vue de pouvoir maximiser les résultats en termes d’amélioration des conditions de vie et d’apprentissage de ces enfants au niveau des daaras’’, a plaidé la coordonnatrice du département ’’Droit de l’enfant’’ de la Raddho.
‘’L’application effective de la loi qui protège les enfants’’ est un ’’impératif’’, a-t-elle fait observer, estimant qu’il faut aussi accompagner les « serignes daaras’’ (maîtres coraniques) à se formaliser.
‘’L’Etat a mis en place un dispositif qui peut aller jusqu’à allouer des agréments à ces +daaras+ [écoles coraniques]. Alors, on va les accompagner pour pouvoir se conformer au contenu pédagogique défini par les autorités et au fur et à mesure, on pense qu’ils vont entrer dans le processus de modernisation des daaras’’, a-t-elle dit.
Mame Couna Thioye est d’avis qu’avec la modernisation des daaras, ‘’la centralité va se faire sur les enfants et non sur les appuis que l’on pourrait apporter aux maîtres coraniques’’ qui, a-t-elle rappelé, ne sont pas obligés de les prendre en charge, s’ils n’ont pas les moyens de pouvoir assurer leur nourriture, leur hébergement.