Le discours d’Henri Konan Bédié le 23 septembre 2018 qui fera date dans les annales de l’Histoire de la Côte d’Ivoire, est un appel défensif à la communauté contre la nation, à la chefferie traditionnelle contre l’Etat, au modèle politique de la royauté contre le modèle politique de la démocratie.

Que cette instrumentalisation politique de l’ethnicité aux conséquences gravissimes ait été, semble-t-il motivée, encore une fois de plus, comme dans les années 1990, par une problématique partisane et personnelle de capture du pouvoir qui fait fi de l’intérêt général de la nation et de la condition existentielle des Ivoiriens, ne rend que plus condamnable et plus détestable l’entreprise.

 L’appel de Daoukro du 17 Septembre 2014, avait confirmé, aux yeux du peuple majoritaire ivoirien, Henri Konan Bédié en qualité de sage de la Nation et de démocrate convaincu.

C’était un appel républicain et patriotique reconnaissant  l’œuvre de modernisation d’inspiration houphouëtiste entrepris par le gouvernement RHDP sous la direction du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Il en appelait à l’unification du PDCI et du RDR en vue d’assurer la continuité de l’houphouëtisme et inscrivait l’alternance du pouvoir sous ce projet au sein du RHDP.

L’appel défensif d’Henri Konan Bédié à la Chefferie Akan contre la Nation lors du discours sidérant du 23 Septembre dernier à Daoukro et la décision subséquente  du bureau politique du PDCI de se retirer du RHDP, sèment le trouble dans l’esprit des démocrates et des républicains Ivoiriens.

L’appel démocratique de Daoukro le 17 septembre 2014 est le contraire radical de l’appel nationaliste de Daoukro à la chefferie Akan le 23 septembre 2018.

Ce discours de repli défensif sur l’ethnicité contre l’Etat, sur la communauté contre la nation, porte atteinte au programme gouvernemental de modernisation de la société ivoirienne, d’intégration nationale du territoire et d’affermissement de la démocratie en Côte d’Ivoire. 

Henri Konan Bédié se convertirait-il en démocrate ou en ethno-nationaliste au gré de ses intérêts particuliers personnels et partisans.

Depuis le 23 Décembre dernier, l’image trouble et inquiétante d’un Henri Konan Bédié ethno-nationaliste, contempteur de la nation, adepte du repli identitaire et du séparatisme communautaire s’est donc substituée à l’image rassurante d’un Henri Konan Bédié pilier de la démocratie républicaine dont l’houphouëtisme est l’expression idéologique en Côte d’Ivoire.

L’image d’un Henri Konan Bédié antilibéral et antimoderniste, autrement dit d’un anti-houphouëtiste qui dresse les ethnies contre l’Etat unificateur et contre la rationalité économique s’est substituée à celle d’un Henri Konan Bédié libéral et modernisateur .

Ce télescopage d’images contradictoires et antinomiques soulève des questions ?

Henri Konan Bédié est-il l’initiateur de l’instrumentalisation politique de l’ethnicité en Côte d’Ivoire ? Est-il l’inspirateur du  nationalisme identitaire en Côte d’Ivoire ? Est-il l’instrument d’une coterie d’ethno-nationalistes dont les figures sont bien connues à l’intérieur du PDCI ? Henri Konan Bédié est-il en réalité un houphouëtiste convaincu ?

En regard de l’abcès nationaliste qui grève le PDCI au cœur  depuis les années 1990, l’alternance du pouvoir en 2020 pouvait-elle se faire sans garde-fou au profit de ce parti ?  

Cette dérive nationaliste du PDCI n’est-elle pas la preuve que le RHDP parti unifié, considéré comme un front républicain pérenne, est bel et bien la garantie institutionnelle  de la continuité du programme de modernisation d’inspiration houphouëtiste de la Côte d’Ivoire ?

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