Le Nobel de littérature sacre la poétesse américaine Louise Glück. La poétesse américaine Louise Glück a remporté jeudi le très convoité prix Nobel de littérature, un choix pointu et inattendu couronnant son oeuvre « à la beauté austère », entamée à la fin des années 60.

A 77 ans, elle est récompensée « pour sa voix poétique caractéristique, qui avec sa beauté austère rend l’existence individuelle universelle », a — poétiquement — annoncé l’Académie suédoise en décernant le prix.

Louise Glück, poétesse américaine, sacrée Nobel de littérature 2020

L’enfance et la vie de famille de cette native de New York, la relation étroite entre les parents et les frères et soeurs, constituent une thématique centrale de son oeuvre.

Louise Glück est « une poétesse du changement radical et de la renaissance », a salué le président du comité, Anders Olsson. « Elle cherche l’universel, en s’inspirant des mythes et des personnages antiques » comme Didon, Eurydice et Perséphone, « présents dans la plupart de ses oeuvres », a-t-il expliqué.

Deux ans après la Polonaise Olga Tokarczuk, Louise Glück est la 16ème femme à se voir décerner le prix de littérature, dans un millésime 2020 des Nobel très féminin.

– Année des femmes –

Avec trois lauréates pour des Nobel scientifiques, cette saison pourrait égaler, voire battre le record de femmes lauréates en une édition (cinq en 2009), alors que la paix vendredi et l’économie lundi restent à décerner.

Ce prix renvoie aussi le Nobel de littérature hors d’Europe, d’où émanaient cinq des six derniers lauréats.

Averno (2006) est considéré comme le recueil magistral de la poétesse américaine, une interprétation visionnaire du mythe de la descente aux enfers de Perséphone, captive de Hadès, le dieu de la mort. Une autre réalisation spectaculaire est son dernier recueil, « Nuit fidèle et vertueuse » (2014).

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Avare en interview, la lauréate a confié à l’agence suédoise TT qu’elle ne s’attendait pas à recevoir le prix. « Je suis une poète lyrique blanche américaine. Peut-être dans un autre siècle, mais pas maintenant », a-t-elle dit.

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Photo d’archives de la poétesse américaine Louise Gluck prise le 19 novembre en 2014 à NewYork

Enseignante à l’université de Yale, elle est connue aux Etats-Unis, où elle a notamment remporté un Pulitzer en 1993 pour son recueil « L’Iris Sauvage » et le titre convoité de « US Poet Laureate » en 2004. Mais peu la connaissaient hors de son pays.

Cette personnalité discrète ne pleurera pas trop longtemps l’annulation de la cérémonie de remise des prix aux lauréats à Stockholm, prévue le 10 décembre mais annulée pour cause de coronavirus.

« L’idée de faire un discours n’est pas ce qui m’enchante le plus (…) mais j’aurais fait le voyage », a-t-elle confié.

Elle devient la 12e lauréate américaine en littérature, après notamment Hemingway (1954), Steinbeck (1962), Toni Morrison (1993) et dernièrement Bob Dylan (2016).

Si les talents poétiques de Dylan avaient été salués par l’Académie il y a quatre ans, le dernier prix à un poète remontait à 2011, avec le Suédois Tomas Tranströmer.

En français, la traduction de cette poétesse est restée jusqu’ici pour le moins confidentielle, et se limite à des revues spécialisées. Elle a consacré un de ses poèmes à Jeanne d’Arc en 1976.

L’Académie a traditionnellement préféré les candidats de l’ombre qui méritent la reconnaissance aux célébrités déjà établies. Même si de nombreux géants de la littérature mondiale ont bien été primés depuis bientôt 120 ans.

Après une série de scandales ou de controverses qui a terni depuis trois ans le plus célèbre prix littéraire au monde, la direction qu’allait prendre le Nobel cette année était jugée imprévisible.

– Continents sous-représentés –

L’an passé, le prix 2019 avait été attribué à l’écrivain autrichien Peter Handke, aux sulfureuses positions pro-Milosevic, provoquant une très vive controverse. Celle-ci s’ajoutait à un scandale sexuel qui avait déchiré l’Académie il y a trois ans, provoquant le report historique du prix 2018.

Cette année, les sites de paris plaçaient la Française Maryse Condé, la Russe Lioudmila Oulitskaïa, la Canadienne Margaret Atwood ou le Japonais Haruki Murakami comme favoris. Les critiques littéraires sondés par l’AFP penchaient plus pour l’Américano-caribéenne Jamaica Kincaid, le Kényan Ngugi wa Thiong’o, la poétesse canadienne Anne Carson, ou le Français Michel Houellebecq.

Si la plupart des grands pays occidentaux ont plusieurs prix à leur actif, l’Asie et l’Afrique sont souvent jugées mal loties. Des grands pays comme la Chine (Mo Yan en 2012) et l’Inde (Rabindranath Tagore en 1913) n’ont qu’un seul prix.

Vendredi à Oslo, la saison des Nobel connaîtra son autre temps fort, avec le prix de la paix. La liberté de la presse (Reporters sans frontières, Comité de protection des journalistes) ou le climat (Greta Thunberg) sont les plus évoqués. Ou alors une institution onusienne, comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en pleine pandémie.

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