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Non, Madagascar n’a pas annoncé son départ de l’OMS,

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Échanges téléphoniques récents- Capture Kafunel.com

Un texte partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux affirme que le président de Madagascar a retiré son pays de l’Organisation mondiale de la santé.

Si Andry Rajoelina s’est montré critique ces dernières semaines envers l’OMS qui ne reconnaît pas une tisane malgache censée soigner le coronavirus, rien ne permet d’affirmer que Madagascar a quitté l’agence onusienne.

L’AFP n’a trouvé aucune trace d’une telle démarche officielle. 

Contactée le 26 mai, l’OMS a assuré n’avoir reçu aucune notification en ce sens, et les deux parties ont même convenu de collaborer pour étudier les effets de cette tisane.

Depuis plusieurs semaines, les prétendues annonces et révélations autour du président de Madagascar, Andry Rajoelina, abondent sur les réseaux sociaux.

Le chef d’Etat est le promoteur d’une tisane malgache qu’il présente comme un remède contre le Covid-19, mais qui connaît un grand retentissement en Afrique mais n’a pas reçu l’approbation de l’OMS.

Selon ces fausses publications, vérifiées par l’AFP, le dirigeant malgache aurait ainsi refusé 20 millions de dollars de pot-de-vin de la part de l’agence médicale onusienne ou “des millions” offerts par la Chine et les Etats-Unis pour empoisonner le breuvage. La Russie en aurait, elle, commandé un million de lots.

« Mon pays Madagascar QUITTE toutes les organisations ce soir et j’appelle les autres NATIONS AFRICAINES à faire de même »,  (sic), annonce une autre de ces publications, partagée 1.600 fois depuis le 21 mai, prétendant relayer des déclarations officielles du dirigeant de la Grande Île. 

« Le Président de Madagascar, Andry Rajoelina a appelé toutes les Nations Africaines à quitter l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en raison de la MAUVAISE FOI de l’Europe envers l’AfriquePersonne ne nous empêchera d’aller de l’avant – ni un pays, ni une organisation, a déclaré Rajoelina en réponse aux préoccupations de l’OMS”, affirme ce post.

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Ce texte a été copié et relayé sur de nombreuses autres pages Facebook (12), cumulant des milliers de partages.

Il fait écho à un autre message qui circule sur les réseaux sociaux (123), affirmant que le chef d’Etat a appelé “tous les pays africains de quitter l’ OMS en raison de la mauvaise foi des européens vers les africains” (sic).

L’AFP avait vérifié le 15 mai cette affirmation, “formellement démentie” notamment par la directrice de cabinet de la présidence malgache qui déplorait que « depuis le lancement du remède Covid-Organics, de nombreux propos ont été faussement attribués au Président Andry Rajoelina »

Des tensions, mais pas de rupture

Le 19 avril, M. Rajoelina a dévoilé une tisane censée guérir les personnes souffrant du Covid-19. Baptisée Covid-organics, elle est principalement composée d’artemisia, une plante très répandue en Afrique et utilisée pour soigner le paludisme.

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Il s’est indigné que l’OMS multiplie les mises en garde, répétant que ce breuvage n’a fait l’objet d’aucune étude scientifique prouvant son efficacité et son innocuité.

Ce « remède naturel, non toxique et non invasif » a un rôle à la fois « préventif et curatif contre le Covid-19″,  assurait-il le 11 mai dans une interview au groupe France Média Monde

« Le problème, c’est que cela vient d’Afrique. Et on ne peut pas accepter qu’un pays comme Madagascar, qui est le 163e pays le plus pauvre du monde, ait mis en place cette formule pour sauver le monde”, lançait-il: “Dans cette bataille, on veut freiner. On veut décourager, voire même nous interdire d’avancer ».

Mais cette rancoeur ne l’a pas pour autant conduit à retirer son pays de l’OMS. 

Aucune annonce d’une telle démarche ne figure en effet ni sur le site et les pages officiels de la présidence malgache, ni sur le compte Twitter d’Andry Rajoelina, très actif sur les réseaux sociaux, ni dans les médias locaux.

Contactée par l’AFP, l’OMS a démenti que Madagascar ait lancé une procédure de retrait. 

« C’est faux, totalement faux. Il n’a jamais été question que Madagascar quitte l’OMS. (…) L’OMS n’a jamais eu aucune notification en ce sens », a déclaré le 26 mai Michel Yao, responsable des opérations d’urgence de l’OMS Afrique. 

Échanges téléphoniques récents

De récents échanges entre le président malgache et le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, rendus publics sur Twitter, vont même à l’encontre d’une rupture. 

Le 20 mai, Andry Rajoelina a en effet évoqué dans un tweet, photo à l’appui, un « excellent échange » qu’il a eu en visioconférence avec Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le dirigeant de l’OMS a confirmé le lendemain, également sur son compte Twitter, avoir discuté avec le chef d’Etat malgache sur « comment travailler ensemble sur la recherche et le développement de thérapeutiques »

En écho, l’OMS Afrique a ajouté qu’elle « soutenait » Madagascaret les pays africains « pour produire des preuves sur la qualité et l’efficacité des médicaments traditionnels proposés pour traiter leCovid-19″

Cette discussion débouchera sur une analyse du Covid-Organics, « le plus rapidement possible » selon Michel Yao, ainsi que par un processus d’observations cliniques.

« On va accompagner (ce) processus », avec « un protocole scientifique qui puisse permettre d’évaluer selon les standards internationaux l’innocuité de ce médicament » et « une expertise technique pour les accompagner dans cette recherche », a ajouté M. Yao. 

« Aider Madagascar à faire des essais »

Ceci permettra « d’obtenir des résultats scientifiquement acceptables par le pays et toute la communauté scientifique internationale », a-t-il estimé. 

L’objectif est d’« aider le pays à faire des essais pour valider ce remède, s’il s’avère efficace ».

« Le Covid-Organics doit encore faire ses preuves, et l’OMS veut aider Madagascar à prouver qu’elles existent, si elles existent” a-t-il insisté.

A l’heure actuelle, il n’existe aucun vaccin, ni remède reconnu officiellement par les scientifiques pour lutter contre le Covid-19, qui avait fait au moins 350.608 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles le 27 mai à 11h00 GMT.  

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