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Comment parler de la pandémie de Covid-19 avec un enfant ?

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comment parler de la pandémie de Covid-19 avec un enfant

Parler de la pandémie de Covid-19 avec un enfant. Comment le faire ? Le mot « coronavirus » est désormais au centre de toutes les conversations. Enfants, adolescents et parents, tout le monde en parle. Mais comment en discuter sans inquiéter ? Des spécialistes de l’enfance donnent quelques conseils.

« Faites preuve de calme », conseille l’Unicef aux parents inquiets face aux questions de leurs enfants. Car la pandémie de coronavirus est désormais la principale actualité qui domine la planète. Et pour lutter contre la propagation du virus, qui a déjà fait plus de 10 000 morts dans le monde, enfants et parents sont confinés à la maison pour une durée indéterminée.

 Entre les devoirs et le télétravail, les questions sur le Covid-19 fusent. Comment trouver les mots justes, sans dramatiser ni minimiser ? Interrogés par franceinfo, une médecin scolaire et un pédopsychiatre, livrent quelques pistes.

En étant à l’écoute de son enfant

Pour l’Unicef, il ne faut pas hésiter « à parler du coronavirus avec votre enfant ». L’agence de l’ONU pour l’enfance s’appuie sur son expérience des différentes épidémies qui ont touché la planète pour partager quelques recommandations aux parents. Le premier de ces conseils est de « commencer par écouter votre enfant » en lui montrant « que vous vous souciez de ses préoccupations ».

Mais face à cette « situation inédite pour tout le monde », rappelle Claudine Nemausat, médecin scolaire à Montpellier (Hérault) et secrétaire générale du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU), il n’est pas toujours facile de trouver les bonnes paroles.

 « Il faut partir des questions que pose l’enfant. En tant qu’adulte, nous avons tendance à nous projeter et nous devons éviter à tout prix de donner des informations anxiogènes aux enfants. »

Pour ne pas tomber dans cet écueil, Claudine Nemausat encourage les parents à reformuler les questions de l’enfant (Parler de la pandémie). « Lui demander ce qu’il a compris du sujet permet d’adapter sa réponse », précise-t-elle. « Cela permet également de lui répondre clairement avec des mots qu’il peut comprendre. »

Si le message est clair, il est rapidement intégré par l’enfant. Les gestes barrières, comme se laver les mains, s’ils sont simplement expliqués, sont vite acquis par l’enfant.Claudine Nemausatà franceinfo

Quelles que soient les circonstances, « il ne faut pas sous-estimer la capacité des enfants à comprendre », rappelle cette médecin scolaire. Selon l’âge de l’enfant, les parents ne vont pas lui répondre de la même façon : « Aux plus petits, il faut donner une explication qui a du sens. Avec les plus grands, il faut construire ensemble des réponses », conseille Claudine Nemausat.

En expliquant simplement la situation

Entre 0 et 3 ans, « il faut dire à l’enfant que c’est une situation exceptionnelle, que tout le monde va rester à la maison et qu’il n’ira plus à la crèche », détaille Cédric de Laurens, pédopsychiatre au CHU de Rennes (Bretagne). « Mais il ne faut pas forcément nommer le coronavirus. C’est trop éloigné de sa vie. »

Pour les petits (Parler de la pandémie) , la situation familiale est importante d’où la nécessité de garder le lien avec la famille, les proches. « Ça peut être utile pour tous de se voir, mais pas physiquement. Et ça permet de rassurer », souligne le pédopsychiatre. En temps de confinement, les outils d’appels en vidéo, comme Facetime, Skype ou Zoom, peuvent être une solution.

Pour les plus grands, entre 3 et 7 ans, qui « ont bien compris qu’il se passe quelque chose car ils ne vont plus à l’école »,il est nécessaire de leur expliquer qu’il y a un virus, conseille le pédopsychiatre.

Il faut leur dire qu’il y a une sale bête qui est là. Et qu’on a les moyens de protéger tout le monde, de stopper le virus. Mais ce n’est pas la peine d’en parler toute la journée non plus.Cédric de Laurensà franceinfo

Les parents peuvent également s’appuyer sur des livres comme celui de la psychologue colombienne Manuela Molina Cruz, écrit à destination des petits : Allô ! Je suis un virus de la famille de la grippe… Je m’appelle Coronavirus. Il est téléchargeable en format PDF.  

Si les questions se précisent avec l’âge, le pédopsychiatre rappelle qu’il n’est pas nécessaire de les noyer sous les chiffres qui « n’ont pas de sens pour eux ». « On peut rappeler que ce genre d’épidémie a existé avant. Mais ça ne sert à rien de rappeler les millions de morts de la grippe espagnole. Il faut dire qu’il y a déjà eu des épidémies avant et qu’on s’en est sorti. »

Afin de donner de bonnes informations accessibles aux enfants, l’équipe du P’tit libé a mis à disposition en accès libre un numéro spécial « Les dernières nouvelles sur le coronavirus » sur son site, pour les 7 à 12 ans.

En ne cachant pas ses propres inquiétudes

Aux parents angoissés, les professionnels de l’enfance rappellent que les enfants sont des « éponges émotionnelles ». « Donc si vous avez des angoisses, il faut leur en parler car ils vont le ressentir », précise Cédric de Laurens. « L’angoisse est légitimée par la réalité donc c’est dur de passer outre. Et le confinement complique ça. » (Parler de la pandémie)

Si vous avez un proche malade et que vous êtes inquiet, iI faut en parler. Il ne faut pas hésiter à évoquer son état d’esprit à son enfant.Cédric de Laurensà franceinfo

Quant à la peur exprimée par les enfants, « il faut les déculpabiliser car on a le droit d’avoir peur », rappelle le spécialiste. Il faut même les rassurer car ils ne sont pas les seuls à avoir peur : à plusieurs, « on se sent plus fort. »

Pour les plus petits, la première chose qu’on fait quand ils ont peur, c’est un câlin. Il faut aussi lui dire qu’en agissant ainsi, en se confinant, il se protège.Cédric de Laurensà franceinfo

Pour les adolescents, les manifestations anxieuses peuvent être « fortes », note Cédric de Laurens. « Les parents ne doivent pas hésiter à leur demander de quoi ils ont besoin pour être rassurés. Et s’ils sont perdus, ils peuvent contacter les centres médico-psychologique (CMP) pour avoir une guidance. »

En responsabilisant les adolescents

Tout l’enjeu des parents d’adolescents dans cette période de confinement à la maison est de les responsabiliser sans les culpabiliser. S’ils sont du mal à accepter la situation, « on peut les renvoyer à la loi », suggère Cédric de Laurens. 

« C’est une règle imposée, on a le droit de ne pas être content, mais c’est le président qui l’a décidé. Et s’ils ne veulent pas respecter le confinement, il faut leur dire qu’ils se mettront en danger et mettront en danger les autres. » (Parler de la pandémie)

La durée du confinement va être pénible pour les adolescents. S’ils voient les jeunes adultes et les adultes changer leur comportement, ils pourront l’accepter.Cédric de Laurensà franceinfo

Car il ne faut pas sous estimer les capacités de l’adolescent, « il peut entendre des choses, mais c’est la façon dont on lui dit qui importe », souligne le pédopsychiatre. Pour cela, il est nécessaire de créer les « bonnes » conditions du dialogue en amont car « les adolescents ont une tendance à vite se replier sur eux-même »

Et puis, il faut éviter la tentation de « vous épancher sur votre propre histoire, vos propres expériences quand un adolescent vous pose une question », conseille Claudine Nemausat. « Il veut savoir comment LUI il doit faire et non comment NOUS on a fait ou on ferait. » 

Une autre difficulté à laquelle doivent faire face les parents d’adolescents, connectés sur les réseaux sociaux, est l’amoncellement d’informations sur le Covid-19, parfois fausses.

Ces « fake news » sont vecteur de questionnement voire d’angoisse pour les adolescents. « Si cela fait partie de leur apprentissage d’avoir un œil critique, rappelle le pédospychiatre, les parents peuvent les y aider en leur proposant d’aller vérifier ensemble l’information évitant ainsi d’aller dans l’opposition. » (Parler de la pandémie)

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