Rama Yade défend le wokisme Juste le refus des discriminations
Rama Yade défend le wokisme Juste le refus des discriminations

Rama Yade défend le « wokisme »: « Juste le refus des discriminations« . Rama Yade, à cette époque ministre des Sports, photographiée au Grand Palais à Paris en 2010 (illustration).

Rama Yade défend le « wokisme »: « Juste le refus des discriminations »

Dans un long entretien à « L’Express », l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy pose un regard dur sur les débats qui agitent la France.

POLITIQUE – “Comme hier la trahison des clercs, on assiste désormais à la trahison des Républicains qui n’ont pas conservé l’antiracisme au cœur de leur logiciel”.

Dans un long entretien accordé à L’Express ce vendredi 19 novembre, Rama Yade pose un regard dur et implacable sur les débats qui divisent la société, dans un contexte où le “wokisme” est érigé en menace au sein du gouvernement.

L’ancienne ministre des Sports, désormais expatriée aux États-Unis, affirme ne pas comprendre les levées de boucliers que provoquent en France les luttes contre les discriminations.

“Je ne partage pas du tout ces craintes, ces crispations devant ce qu’on a appelé le mouvement woke ou la cancel culture”, affirme-t-elle, à rebours des discours que l’on entend souvent au sein de la droite, son ancienne famille politique.

Le wokisme a été brandi de manière abusive comme un outil de censure. En réalité, c’est juste le refus des discriminations.
Rama Yade

“Le wokisme a été brandi de manière abusive comme un outil de censure.

En réalité, c’est juste le refus des discriminations. Ce n’est quand même pas honteux de combattre les inégalités !

Quel que ce soit le nom que vous lui donnez, c’est un noble combat, de justice et de revendication d’égalité dont devrait s’enorgueillir la patrie des droits de l’homme”, poursuit Rama Yade, expliquant que ce sont des intellectuels français, comme Jacques Lacan ou Michel Foucault qui “ont inspiré le mouvement woke” aux États-Unis.

Privilège blanc, contrôles au faciès, violences policières, déni lié à l’histoire de l’esclavage, intersectionnalité… L’ex-secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme passe en revue tous les sujets qui font bondir en France les adversaires du “wokisme”, Jean-Michel Blanquer en tête.

“La France a réécrit son passé pour nier ce qu’elle a été. Le racisme en France n’a pas été importé des Etats-Unis, c’est un héritage de sa propre histoire. En niant l’évidence, on refuse de voir et donc de résoudre les problèmes.

Dérives dans les universités

La négation amène à ne proposer comme réponse que la répression. Ici, une enquête parlementaire sur ‘les dérives dans les universités’, là on dénonce la cassure de la République en deux.

Mais il va falloir se regarder en face et se demander pourquoi on en est arrivé là”, affirme Rama Yade, qui plaide pour l’introduction de “Black studies” à l’université, “pour que nos intellectuels, professeurs, chercheurs puissent développer une réflexion bien française sur ces thématiques-là”.

“J’étais une licorne”

Considérant que le privilège blanc existe, Rama Yade utilise son expérience au sein du gouvernement pour en faire la démonstration. “J’étais une licorne! J’étais une anomalie, pas du tout un prototype.

Combien depuis? Et les discriminations, ont-elles disparu?

Dès que j’ai passé la porte, on l’a fermée derrière moi. Certains ont pensé c’est bon, on a Rama, le problème est réglé.

Il est resté entier, plus grand que jamais”, décrypte celle qui officie désormais en tant que directrice Afrique de l’Atlantic Council, un think-tank américain spécialisé dans les relations internationales.

“Je suis bien obligée de constater que depuis mon départ du gouvernement, les Afro-descendants ne courent pas les gouvernements”, euphémise-t-elle.

Analyse étonnante pour une personnalité issue de la droite

Interrogée sur les militants qui déboulonnent les statuts honorant des personnalités esclavagistes, Rama Yade livre, là aussi, une analyse étonnante pour une personnalité issue de la droite.

“Passer à Paris devant la figure de Colbert, ce grand ennemi de la liberté, dont la statue est devant l’Assemblée nationale, est une de ces micro-agressions dont je parlais.

Arrêter de célébrer ces personnages “dans les rues

Pas seulement vis-à-vis de moi mais aussi vis-à-vis de la France et de l’humanité”, pose-t-elle d’emblée, appelant à arrêter de célébrer ces personnages “dans les rues, le métro et les palais de la République”.

Et d’ajouter: “Ceux qui ont déboulonné ces statues n’ont pas fait de cancel culture, au contraire : ils ont réhabilité l’histoire, la totalité de l’histoire qu’ils connaissent bien, eux, au moins, celle que la mémoire sélective de certains de nos dirigeants a voulu dissimuler.

En fait, ce sont eux qui ont fait de la cancel culture en empêchant les Français et les Européens de connaître l’histoire de ces soi-disant héros”.

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