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Révélations des jeunes filles nigérianes: Comment j’ai survécu à Boko Haram ?

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En janvier 2015, alors qu’elle se trouvait à Baga, au nord-est du Nigeria, Halima a été capturée, emprisonnée, battue par les fanatiques islamistes de Boko Haram et a frôlé la mort.

Après avoir réussi à s’échapper, elle a dû se cacher pendant dix jours, pour accoucher seule dans une maison abandonnée, avant d’être repérée et de nouveau enfermée.

Elle raconte : « Ils nous entassaient avant de nous emmener dans leurs villages. » Et confie, pudiquement, que certaines ont été « mariées de force ; ils faisaient des choses avec elles… »

Aujourd’hui à l’ombre d’un épineux, sur une natte couvrant le able bouillant, Halima 30 ans, est libre, elle a profité de la distraction d’un gardien pour s’évader.

« Pourquoi font-ils tout ça ?

Je ne sais pas. J’ai eu de la chance », souffle-t-elle. Comme Halima, près de 140 000 rescapés se sont enfuis et réfugiés dans la région de Diffa, au sud-est du Niger.

Enlever des femmes : c’est une des signatures de Boko Haram, tout comme terroriser les populations, réclamer des rançons, convertir les femmes et en faire des bombes humaines.

Le 14 avril 2014, 276 lycéennes ont ainsi été enlevées à Chibok, provoquant l’indignation et la mobilisation du monde entier, de Michelle Obama au pape, et la campagne « Bring back our girls ».

En vain.

Aucune preuve de vie n’était parvenue à leurs familles jusqu’à l’envoi d’une vidéo à CNN, en avril dernier. On y aperçoit quinze captives, le visage fermé et le regard triste, qui disent « aller bien ».

Depuis, c’est le silence. Et face à la passivité des autorités nigérianes, la secte, qui a depuis prêté allégeance à l’État islamique, poursuit ses conquêtes.

La peur de revenir

À Baga, la ville d’Halima, de nombreux civils ont été massacrés, des centaines de femmes et d’enfants enlevés. Selon un rapport d’Amnesty International, « les soldats qui étaient postés autour de Baga ont été avertis que Boko Haram avait l’intention d’attaquer la ville, ils ont demandé à plusieurs reprises des renforts à leurs supérieurs. Personne n’est venu à leur rescousse. »

Depuis, l’armée a repris le contrôle de la ville, mais les survivants, réfugiés dans les camps, ne veulent pas rentrer. Ils ont peur.

Non sans raison : selon le secrétaire général du gouvernorat de Diffa, Hassan Ardo Ido, « de l’autre côté de la frontière, l’autorité nigériane n’est pas vraiment présente.

Les forces de sécurité sont venues réoccuper certaines localités, mais cela ressemble plus à des enclaves qu’à une réelle occupation du terrain.

Les populations refusent de revenir car vous ne pouvez plus sortir d’un village si vous n’êtes pas escorté. »

Boko Haram, symptôme d’une région oubliée des pouvoirs publics où sévissent pauvreté et corruption, n’en finit pas d’étendre son territoire, et les femmes d’en être les premières victimes.

BOKO HARAM EN DATES

2002 : Création de la secte Boko Haram par Mohamed Yusuf, à Maiduguri, au nord-est du Nigeria.

2009 : Yusuf est tué par les forces de sécurité nigérianes. Abubakar Shekau lui succède en 2010.

2013-2014 : L’insurrection s’intensifie. Boko Haram s’empare de pans du territoire nigérian.

mai 2013 : Le nord-est du Nigeria est placé en état d’urgence. Le mois suivant, 6 000 personnes se réfugient à Diffa, au Niger.

14 avril 2014 : Enlèvement des 276 lycéennes de Chibok.

7 mars 2015 : Boko Haram, rebaptisé État islamique en Afrique de l’Ouest, prête allégeance à Daech.

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