De stylisme légèrement surréaliste en œuvres collectives pluridisciplinaires, Selly Raby Kane crée son univers. La star américaine Beyoncé portant deux de ses pièces a mis récemment un sérieux coup de projecteur sur son travail, prolifique et original. Entretien.

Selly Raby Kane vit et travaille à Dakar. Diplômée en droit des affaires et d’une école de mode en France, elle a créé le Fashion show annuel SRK en 2008, qui l’a faite connaître localement. Depuis, Selly Raby Kane enchaîne les collections et les projets artistiques.

Après avoir gratifiée la Biennale de Dakar 2016 d’Elsewhen, installation psychédélique réalisée avec des artistes de divers pays africains, et Alien Cartoon (2015), collection futuriste associé à un album de musique afro expérimentale électronique « afro » porté par Ibaaku, Selly Raby Kane évoque ses nouveaux concepts et projets.

Quelle est le principe de votre nouvelle Collection automne hiver 2016, Sahel underwaves ?

Le principe est très « dreamy », acidulé, un brin surréaliste. C’est quelque chose qui va à l’opposé de mon avant-dernière collection sur ma grand-mère. Cette collection marque le retour à mon esthétique un peu enfantine, assez colorée, un peu naïve.

Selly Raby Kane présente « Sahel under waves » 3
A quand une présentation de cette collection au Sénégal ?

Je ne présente pas vraiment physiquement mes collections par des défilés classiques. Je fais des « look book », et les envoie à mon agence aux Etats Unis. Les présentations physiques de collection à Dakar sont plus des performances de mode que des présentations de collection.

Il y aura-t-il une performance autour de Sahel under waves ?

Non. Mais à Dakar, vers la fin de l’année, je réfléchis à un événement de mode pluridisciplinaire qui impliquerait beaucoup de nouvelles têtes du paysage culturel du pays. Il y a plein de nouveaux beatmakers, et des artistes super intéressants, qui sont en train d’émerger. J’aimerais bien faire un petit « mash up » de tout cela. Je prépare l’ouverture du point de vente dakarois pour la fin de l’année, à Sacré cœur 3.

Je l’imagine comme un espace, une sorte de laboratoire, de bulle de laquelle pourront se développer de nombreuses collaborations. Un endroit où on pourra vraiment sentir la culture populaire de la ville, ce qui est « on the age », voir ce qui se fait de plus créatif. Je l’imagine non pas comme un lieu de vente classique, mais plutôt comme un lieu de vie, de convivialité, de conversations… Je travaille aussi sur une vidéo de réalité virtuelle, une collaboration avec une société de production sud-africaine.

Vous travaillez souvent avec l’Afrique du Sud, comme sur le projet Alien Cartoon…

En février 2015, je suis allée à Design Indaba, une conférence sud-africaine, la deuxième conférence de design au monde. Ils choisissent à travers le monde des gens qui ont un parcours atypique et qui ont une vision du design différente. Ces personnes viennent parler pendant 20 mn de ce qu’ils font, de leur parcours. Les participants plongent dans la vie d’un créatif. Depuis on collabore dans divers projets. Nous sommes allés à une conférence en juin 2016, et c’est là qu’ils m’ont annoncé qu’ils voulaient que je sois directrice artistique du festival l’année prochaine. Je dois m’occuper des visuels, des spectacles, du choix des artistes. Ca va être génial, c’est un rêve !

La photo de Beyoncé portant une veste « Selly Raby Kane » a fait le tour du web…Dans quels pays exportez-vous ?

En ce moment je vends en Angleterre et aux Etats Unis, essentiellement en ligne. Ce n’est pas de l’exportation massive ! En volume je vends plus au Sénégal, mais la valeur de ce que j’exporte est supérieure.

Faites-vous une différence de prix entre la vente à l’export et locale ?

Oui, je fais une différence de prix et de démarche également. Les portefeuilles ne sont pas les mêmes ! J’adapte mon produit à mon environnement. Certaines pièces vendues au Sénégal sont plus accessibles. C’est un parti pris.

Qu’en est-il du concept Alien cartoon ?

Alien cartoon est une collection qui a vécu, qui a été jusqu’au Gugheniem, au Louisiana Museum, au Vitra Museum. Elle se prolonge avec Ibaaku et son sublime album Alien Cartoon. Il est en train de faire résonner ce projet-là à travers le monde. C’est la magie de la collaboration. Que différentes énergies puissent se mettre en commun à un moment et qu’ensuite ce qu’on en tire puisse rayonner pour chacun.

Je me développe et me réalise dans la collaboration. C’est ce qui me plaît, me fascine. Mettre des énergies en commun, voir comment les idées se transforment, les résultats qui en naissent. Je suis vraiment pressée de m’impliquer dans d’autres projets de ce type-là.

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