Quelques remarques s’imposent à ce stade. Sur le plan international, la France redevient alignée sur le grand frère américain comme au bon vieux temps de la Quatrième République. Le général de Gaulle doit se retourner dans sa tombe. À la mémoire courte des Occidentaux, il faut opposer la mémoire longue de la Russie. Sans parler de l’indignation à géométrie variable et de la cacophonie interne française. Notre aimable trio de Pieds nickelés ne semble pas très désireux de résoudre le cœur du problème de la zone.

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La mémoire courte des Occidentaux. Rappelons-nous où conduisent les aventures militaires hasardeuses conduites sans but de guerre précis et, donc, sans stratégie claire en compagnie des Américains ou seuls ! Deux exemples éclairent notre lanterne.

Sept ans après l’épopée libyenne, le pays est plongé dans un chaos sans fin dont nous n’arrivons pas à sortir. Le peuple libyen en paie le prix fort… et peut-être un jour prochain Nicolas Sarkozy.

Le 14 avril 2018, jour des frappes en Syrie, les forces françaises et de la MINUSMA basées à Tombouctou subissaient de sérieuses pertes de la part de groupes terroristes. Cinq ans après le lancement de l’opération Serval, le Mali est en état de décomposition avancée.

Après le « mission accomplie » lancé le 14 avril 2018, le risque est grand que cette frappe ne soit qu’un coup d’épée dans l’eau qui ne fasse pas avancer d’un pouce le processus de paix et la fin du calvaire syrien. Ne parlons pas de l’Afghanistan plongée dans une pagaille monstre qui voit le retour en force des Talibans que nous avions boutés au Pakistan. L’Histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?

La mémoire longue des Russes. Ce n’est pas en humiliant Russes et Iraniens que la France parviendra à se réintroduire dans le jeu diplomatique dont elle s’est elle-même exclue. En diplomatie, la perte de la confiance se paie au prix le plus élevé.

Ce ne sont ni le bougisme, ni le en même temps qui changeront le cours des choses. L’illusionnisme n’a pas cours dans les relations internationales. Souvenons-nous enfin que les Russes ont la mémoire diplomatique très longue et que leur réaction se fera le moment venu !

La violation de l’esprit et la lettre de la résolution 1973 sur la Libye par Nicolas Sarkozy et ses affidés a entraîné la mort de la responsabilité de protéger (R2P) et le refus russe de voter toutes les résolutions du Conseil de l’ONU sur la Syrie (douze vetos).

La violation du 14 avril 2018 apportera son lot de surprises dans un avenir proche. À une diplomatie tactique des Occidentaux répond une diplomatie stratégique de la Russie. En diplomatie, un peu d’humilité ne fait jamais de mal. L’arrogance conduit aux pires déconvenues.

Une indignation à géométrie variable. En quoi notre brillante épopée fera-t-elle cesser les combats en Syrie (400 000 morts) et fera-t-elle naître un espoir de paix aussi mince soit-il ?

Il est vrai que le sort du Yémen ne semble pas trouver un écho aussi favorable auprès de Jupiter. On ne peut baiser la babouche de MBS et le critiquer pour ses crimes contre l’humanité dont il devra bien rendre compte un jour devant la CPI… pourquoi pas en compagnie de Jupiter pour complicité de crimes contre l’humanité.

Les faits sont têtus.

Que lui disent ses brillants juristes sortis de l’ENA au Conseil d’État ? Manifestement, ils pratiquent à merveille l’esprit de cour et la théorie de la servitude volontaire.

Le principal problème.

Au Moyen-Orient, les perceptions ont valeur de fait. Toute cette agitation, ce bruit pour rien, fait l’impasse sur le principal problème du jour qui peut exploser à la moindre étincelle, celui de l’opposition de plus en plus frontale entre Iran (qui veut engranger les dividendes de son succès sur le terrain) et Israël (qui veut assurer à tout prix sa sécurité).

Au Moyen-Orient, plus souvent qu’on ne l’imagine, les gens font ce qu’ils disent. Comment Jupiter et ses deux acolytes entendent-ils aborder le problème ?

Par la voie coopérative (une hypothétique médiation) ou par la voie coercitive (un nouveau bombardement) ?

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