Coronavirus continue de confondre les sages de ce monde. A Leipzig, un concert pour analyser les risques de contamination. En Allemagne, près de 2.000 personnes étaient rassemblées samedi dans une salle de concert. Objectif : étudier les contacts entre elles selon différents scénarios.

Un concert pour analyser les risques de contamination
Un concert pour analyser les risques de contamination

Anne l’avoue : elle a eu la chair de poule quand la salle s’est mise à applaudir. « Je suis du genre fan de culture! », se décrit cette enseignante de Leipzig (Allemagne). Avant l’épidémie, elle participait quatre à cinq fois par mois à des concerts et autres événements. Alors, le son d’un public qui vibre à l’unisson, « oui, je me suis rendu compte combien ça me manquait ».

Sur scène, le chanteur Tim ­Bendzko débute avec un titre au refrain approprié : « Me voilà enfin! » Il enchaîne avec une chanson intitulée Sauver le monde. C’est la première fois qu’il se produit depuis des mois.

« Merci d’avoir accepté de sauver le monde, en nous aidant à trouver des solutions pour notre secteur à l’arrêt complet. Merci pour tous ceux qui sur cette planète aiment la musique, le sport et la culture! »

Car en réalité, samedi à Leipzig, l’artiste n’a pas vraiment donné de concert. Le trentenaire a chanté trois fois pendant une trentaine de minutes dans le cadre de l’étude Restart-19.

L’acronyme, qui signifie « prédiction de risques de transmission du Covid-19 lors d’événements sportifs et culturels en salle », cache un projet de recherche chapeauté par les universités de médecine de Leipzig et Halle.

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Car en réalité, samedi à Leipzig, l’artiste n’a pas vraiment donné de concert. Le trentenaire a chanté trois fois pendant une trentaine de minutes dans le cadre de l’étude Restart-19.

L’acronyme, qui signifie « prédiction de risques de transmission du Covid-19 lors d’événements sportifs et culturels en salle », cache un projet de recherche chapeauté par les universités de médecine de Leipzig et Halle.

1.900 volontaires, âgés de 18 à 50 ans, ont été recrutés pour l’occasion

Le budget de 900.000 euros est à la hauteur des attentes des organisateurs. « Nous rassemblons des données en conditions réelles, afin de quantifier les risques, explique le docteur ­Michael ­Gekle, doyen de la faculté de médecine de Halle.

Notre but pour ce concert ?

Retrouver une vie culturelle et sportive malgré le virus, sur la base de preuves scientifiques et pas sur celle de croyances ou d’idéologies politiques. » Les Länder de Saxe et Saxe-Anhalt ont accepté de financer l’étude.

Coronavirus à Leipzig, un concert pour analyser les risques de contamination
Coronavirus à Leipzig, un concert pour analyser les risques de contamination

Quand il s’agira de justifier les conditions de reprise des grands concerts ou des matchs en intérieur (nombre de personnes, règles de distance, etc.), elle leur fournira des arguments solides pour parer les critiques.

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Au total, 1.900 volontaires, âgés de 18 à 50 ans, ont été recrutés pour l’occasion. Quarante-huit heures avant l’expérience, ils ont reçu un kit pour se tester eux-mêmes, avec un prélèvement au fond de la gorge.

Les laborantins de Leipzig ont travaillé tard pour les analyser. « J’ai reçu un mail vers 3 heures du matin, avec un QR code : négative, raconte ­Steffi, enthousiaste. J’avais le droit de participer! »

Salariée d’une caisse de santé, elle est sensibilisée aux questions sanitaires. « Je viens pour contribuer à ce qu’on trouve des solutions à cette crise. » ­Jonas renchérit : « Ma sœur est médecin ; elle a pris sa part dans cette épidémie. Je peux au moins faire cela. » Les deux jeunes gens ont lié connaissance dans le tramway qui les menait à la salle omnisports.

Un convoi spécial, dans lequel les passagers ont reçu un petit boîtier noir à porter autour du cou pendant toute la journée. Il recueille en temps réel les déplacements et mesure la distance entre les différentes personnes. Transfert depuis la gare, passage des portiques de sécurité, mouvements dans les couloirs, tout est enregistré.

Le port du masque FFP2 est obligatoire

Le docteur ­Stefan ­Moritz, infectiologue, dirige l’étude. Sur scène, il joue les Monsieur Loyal, tee-shirt jaune fluo et micro en main. « Pour la première simulation, je veux des conditions de concert réelles. Alors on se tasse, s’il vous plaît! Dans cinq minutes, à mon signal, tout le monde se lève et quitte la salle, comme pour un entracte.

Je veux du monde aux toilettes, à la buvette! » L’ambiance est joviale, détendue. Il y a des saucisses et des boissons gratuites. Des hôtesses distribuent des flacons de désinfectant qui, mixé à une substance phosphorescente, permet de repérer les contacts tactiles entre les participants.

À chaque simulation, on change de scénario : tantôt sont ajoutées des règles d’hygiène ou de distanciation, tantôt de limitation des déplacements… Seule constante : le port du masque FFP2 est obligatoire, et la foule s’y plie avec discipline. « Tout notre dispositif a été validé par les autorités sanitaires, rappelle le docteur Gekle. Médicalement et juridiquement, nous sommes irréprochables. »

Même quand les chiffres de participants se sont avérés décevants, avec deux fois moins de volontaires que prévu, les organisateurs n’ont pas abaissé les critères de sécurité. Tous les profils à risque ont été écartés.

« Il faut reconnaître qu’on est un peu des lapins de laboratoire! », admet ­Steffi, moins enjouée que le matin, à l’issue de la deuxième simulation. Cette fois, il fallait laisser un siège vide entre chaque participant. Pour le troisième concert, les spectateurs sont répartis le plus loin possible les uns des autres.

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À la fin de la journée, les organisateurs semblent satisfaits. La masse critique est atteinte. Les données sont exploitables. Début octobre au plus tard, plusieurs modèles seront présentés.

« Nous allons voir ce qu’il est possible de faire. Les enjeux ne sont pas seulement économiques, juge le docteur ­Moritz. J’ai vu sur les visages, malgré les masques, le bonheur qu’avaient les gens à se retrouver, à partager un moment de musique. C’est important pour nos sociétés que ce type de loisirs reprenne. »

Il a récemment été contacté par des équipes de chercheurs australiens, belges et danois qui veulent mener des expériences similaires.

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