Home Découverte Avis d'experts Un nombre substantiel de pays africains est quasi paralysé politiquement

Un nombre substantiel de pays africains est quasi paralysé politiquement

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Un nombre substantiel de pays africains est quasi paralysé politiquement, voire menacé d’instabilité par la santé déficiente de leur président. Un phénomène guère étonnant – un tiers des chefs d’Etat africains a plus de 70 ans -, illustré par l’annulation à la dernière minute, lundi, de la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, à Alger. Le président Abdelazziz Bouteflika était « temporairement indisponible » en raison d’une bronchite. Il ne quitte quasiment plus sa résidence médicalisée de Zeralda depuis 2014.

Le cas Bouteflika pas unique

Si sa santé suscite l’attention bien au-delà de l’Algérie, il est loin d’être le seul dirigeant africain obligé de laisser la gestion du pays à un cénacle opaque. Les apparitions du président du Cameroun, Paul Biya, 83 ans, sont rares. Il a séjourné un mois en Suisse en 2015, officiellement pour « rencontrer des investisseurs » et souffrirait d’un cancer.

Le président ivoirien, Alassane Ouattara , 72 ans, est sorti d’un hôpital parisien il y a huit jours.

C’est aussi à Paris que le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, 72 ans, a été hospitalisé très récemment.

Il avait déjà fait un malaise en novembre au Maroc, n’a pas été vu en public pendant 15 jours en janvier, et n’a pu recevoir, mercredi, le roi du Maroc, Mohammed VI.

Le président de l’Angola, José Eduardo dos Santos, 74 ans, renoncera au pouvoir cet été, officiellement en raison d’une sciatique.

J’ÉTAIS MORT EN EFFET, MAIS JE VIENS DE RESSUSCITER.

Les autorités africaines réagissent généralement par l’omerta, ou des communiqués sur des opérations « bénignes » et « check-up médicaux de routine », et des photos de rares entretiens officiels.

Ce qui aggrave les rumeurs dans la population ou les médias. Le président de l’Ouganda, Yoweri Museveni , est ainsi censé être malade du Sida depuis 12 ans et celui du Tchad, Idriss Deby, d’un cancer depuis 2003.

Après l’annonce de son décès, le président du Zimbabwe Robert Mugabé avait déclaré « j’étais mort en effet, mais je viens de ressusciter ».

A la tête de l’exécutif depuis 37 ans, et malgré un cancer de la prostate selon Wikileaks, il veut se succéder à lui-même en 2018. Il n’aura que 94 ans.

A Londres pour « une durée indéterminée »

Le moulin à rumeurs tourne aussi à plein au Nigeria, en raison du séjour à Londres depuis un mois du président Muhammadu Buhari.

Il va y rester pour une durée indéterminée « suite à des tests médicaux », a indiqué mardi son porte-parole.

Mais à l’inverse des autres pays, l’intérim est transparent et efficace, assuré par le vice-président, Yemi Osinbajo conformément à la Constitution.

Un intérim qui pourrait, paradoxalement, s’avérer plus dynamique que la présidence de Muhammadu Buhari , surnommé « baba go slow » et qui en deux ans n’a pris quasiment aucune décision d’envergure, hormis la dévaluation de la naira.

« La vie des affaires n’est pas du tout perturbée par l’absence du président », estime Serge Blanchard, consultant spécialiste du Nigeria, d’autant plus que Yemi Osinbajo « se montre bien plus attentif aux questions économiques que Muhammadu Buhari »

Au total, 17 chefs d’Etat africains sur 54 ont plus de 70 ans, dont 4 plus de 80, ce qui s’explique surtout par la rareté des alternances démocratiques. Sur ces 17 septua-octogénaires, 8 sont au pouvoir depuis plus de quinze ans, tous dans des pays très verrouillés politiquement.

Et sur les quinze chefs d’Etat en place depuis le plus longtemps de par le monde -plus de 25 ans- tous sont africains, sauf le président kazakh, l’Empereur du Japon, le sultan de Brunei et la reine d’Angleterre.

Yves Bourdillon, Les Echos – Le 25/02 à 09:00

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr

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