Le Sénégalais, qui va disputer la finale de la CAN 2019 face à lâAlgérie, sâest confié à la BBC sur la course au Ballon dâOr. Lâattaquant lance un « cri du cÅur » pour que la Coupe dâAfrique des nations soit davantage considérée lors des votes pour élire le meilleur joueur du monde. Le palmarès du Ballon dâOr depuis 1995 ne met pas vraiment le football africain à lâhonneur.
Vainqueur de la Ligue des champions et vice-champion dâAngleterre avec Liverpool, co-meilleur buteur de Premier League avec le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang et lâEgyptien Mohamed Salah, qualifié avec le Sénégal pour la finale de la Coupe dâAfrique des nations 2019 : Sadio Mané réalise une saison 2018-2019 de très haut niveau. Ses performances font-elles de lui un candidat de premier ordre au Ballon dâOr 2019 ?
Pour ses fans, câest une évidence. Mais le passé ne pousse pas vraiment à lâoptimisme. Depuis 1995, année où le Ballon dâOr sâest ouvert aux joueurs non-européens, les vainqueurs sont soit européens (13 fois), soit sud-américains (10 fois), à une exception notable : la victoire du Libérien George Weah, en 1995 justement.
Weah est lâarbre qui cache la forêt du football africain. Sadio Mané, pressenti parmi les prétendants sérieux à la succession de Luka Modric, a évoqué ce sujet au micro de la BBC.
« Pas normal de ne pas considérer la CAN comme la Copa America ou l’Euro »
Le Lion de la Téranga sâest exprimé sur la finale du 19 juillet face à lâAlgérie, sur la course au titre de meilleur buteur (pour lâinstant attribué au Nigérian Odion Ighalo, 4 buts), et donc aussi sur la course au Ballon dâOr. Sadio Mané regrette le peu dâimportance accordée aux performances réalisées pendant la CAN : « Câest un cri du cÅur que nous devons faire. Ce nâest pas normal de ne pas considérer la CAN comme la Copa America ou lâEuro. Câest vraiment dommage. Avec tout mon respect, il faut que cela cesse, vraiment. »
La mise en parallèle de toutes les CAN depuis 1996 et de toutes les éditions du Ballon dâOr a tendance à accréditer lâavis émis par Sadio Mané. Sur les douze CAN jouées entre 1996 et 2017, seulement trois joueurs champions dâAfrique ont été nommés au Ballon dâOr la même année : les Camerounais Geremi Njitap et Patrick Mboma ont été nommés en 2000 mais nâont reçu aucun vote, et lâIvoirien Yaya Touré a été nommé en 2015 et sâest classé 12e avec 0,89% des votes.
Edition de la CAN | Vainqueur et finaliste | Joueurs nommés au Ballon d’Or la même année |
CAN 1996 | Afrique du Sud et Tunisie | Aucun Sud-Africain, aucun Tunisien |
CAN 1998 | Ãgypte et Afrique du Sud | Aucun Ãgyptien, aucun Sud-Africain |
CAN 2000 | Cameroun et Nigeria | Geremi et Patrick Mboma nommés mais aucun vote pour eux, aucun Nigérian |
CAN 2002 | Cameroun et Sénégal | Aucun Camerounais, Papa Bouba Diop et El Hadji Diouf 21e et 22e avec 2 votes chacun |
CAN 2004 | Tunisie et Maroc | Aucun Tunisien, aucun Marocain |
CAN 2006 | Ãgypte et Côte d’Ivoire | Aucun Ãgyptien, Didier Drogba 8e avec 25 points |
CAN 2008 | Ãgypte et Cameroun | Aucun Ãgyptien, Samuel Eto’o 17e avec 6 points |
CAN 2010 | Ãgypte et Ghana | Aucun Ãgyptien, Asamoah Gyan 18e avec 0,46% des votes |
CAN 2012 | Zambie et Côte d’Ivoire | Aucun Zambien, Didier Drogba 8e avec 2,6% des votes et Yaya Touré 12e avec 0,76% des votes |
CAN 2013 | Nigeria et Burkina Faso | Aucun Nigérian, aucun Burkinabè |
CAN 2015 | Côte d’Ivoire et Ghana | Yaya Touré 12e avec 0,89% des votes, aucun Ghanéen |
CAN 2017 | Cameroun et Ãgypte | Aucun Camerounais, aucun Ãgyptien |
Lâanalyse plus générale de toutes les éditions du Ballon dâOr laisse apparaître un gouffre entre les joueurs africains et les autres footballeurs. Aucun Africain nâa pu sâinviter sur le podium depuis le sacre de George Weah.
Celui qui sâen est le plus approché, câest Didier Drogba ; lâIvoirien a terminé au 4e rang en 2007 derrière Kaka, Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Samuel Etoâo, le joueur africain le plus souvent classé, sâest hissé à la 5e place en 2009. Mohamed Salah, lui, a pris la 6e place en 2018.
LES JOUEURS AFRICAINS LES MIEUX CLASSÃS AU BALLON D’OR
George Weah (Liberia) : 1er en 1995, 12e en 1996
Didier Drogba (Côte d’Ivoire) : 4e en 2007, 8e en 2006 et 2012, 9e en 2009, 14e en 2005, 17e en 2004, 21e en 2008
Samuel Eto’o (Cameroun) : 5e en 2009, 6e en 2006, 8e en 2011, 10e en 2005, 12e en 2010, 15e en 2004, 17e en 2008, 30e en 2007, nommé en 2003
Mohamed Salah (Ãgypte) : 6e en 2018
Riyad Mahrez (Algérie): 7e en 2016
Pierre-Emerick Aubameyang (Gabon) : 11e en 2016, 21e en 2017
Frédéric Kanouté (Mali) : 11e en 2007
Nwankwo Kanu (Nigeria) : 11e en 1996, 23e en 1999
Emmanuel Adebayor (Togo) : 12e en 2008
Yaya Touré (Côte d’Ivoire) : 12e en 2012, 2013 et 2015, 14e en 2014, 28e en 2009
Asamoah Gyan (Ghana) : 18e en 2010
Papa Bouba Diop (Sénégal) : 21e en 2002
El-Hadji Diouf (Sénégal) : 21e en 2002
Michael Essien (Ghana) : 22e en 2005, 24e en 2007, nommé en 2006
Sadio Mané (Sénégal) : 22e en 2018, 23e en 2017
Anthony Yeboah (Ghana) : 23e en 1995
Viktor Ikpeba (Nigeria) : 32e en 1997
LES JOUEURS AFRICAINS NOMMÃS AU BALLON D’OR MAIS NON-CLASSÃS FAUTE DE VOTES
Daniel Amokachi (Nigeria) en 1995
Japhet N’Doram (Tchad) en 1995
Jay-Jay Okocha (Nigeria) en 1995 et 1996
Sunday Oliseh (Nigeria) en 1998
Patrick M’Boma (Cameroun) en 2000
Geremi Njitap (Cameroun) en 2000
Samuel Kuffour (Ghana) en 2001
Hatem Trabelsi (Tunisie) en 2003
Mahamadou Diarra (Mali) en 2006 et 2007