Ces initiatives pour renverser la dépendance de lâAfrique aux céréales importées. Le mil et le sorgho africains ont été délaissés au profit du riz asiatique et du blé européen, accentuant la dépendance du continent aux importations, et lâexposant aux fluctuations des cours sur les marchés mondiaux. Un phénomène encore exacerbé par lâinflation et les conséquences de la guerre en Ukraine. Décryptage dâune dépendance et des pistes pour en sortir.
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Ces initiatives pour renverser la dépendance de lâAfrique aux céréales importées
Lâincertitude créée par la guerre en Europe a provoqué une flambée inédite des cours des céréales, dont lâUkraine et la Russie comptent parmi les principaux exportateurs vers le continent.
Quelles répercussions aura lâembargo imposé à Moscou sur les hydrocarbures par Washington ? Et si Bruxelles suivait ? Faute de visibilité, les marchés internationaux paniquent, et les cours sâenvolent.
Le 7 mars, la tonne de blé tendre sur le marché à terme a atteint 422,5 euros, soit plus du double de son prix un an auparavant. Pour lâAfrique, qui consomme de plus en plus de céréales importées, câest une catastrophe en germe, dâautant que lâinflation est de retour.
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En 2008 et 2009, le continent avait payé au prix fort lâenvolée des cours des céréales, et plusieurs pays avaient été le théâtre de ces « émeutes de la faim ».
Assurer lâautosuffisance alimentaire, multipliant les initiatives tous azimuts
En Afrique de lâOuest, particulièrement touchée, les gouvernements avaient réagi en lançant de vastes programmes visant à assurer lâautosuffisance alimentaire, multipliant les initiatives tous azimuts pour développer les filières rizicoles locales.
Plus de dix ans après, les résultats sont cependant encore « mitigés », juge Patricio Mendez del Villar, spécialiste en économie internationale sur le riz au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
Il estime notamment que ces politiques « ont manqué de cohérence et de constance, et sont le reflet dâune vision un peu trop âurbaineâ, éloignée des réalités locales ».
Mil, sorgho et fonio : lâalternative
Le chercheur du Cirad plaide au contraire pour diversifier la réponse et ne pas tout miser sur lâagro-industrie rizicole.
« Câest une erreur de penser que des investissements lourds dans les infrastructures pour intensifier la riziculture et améliorer la qualité de la transformation peuvent suffire à mettre en valeur les énormes ressources agricoles dont dispose le continent africain, et assurer la sécurité alimentaire », résume-t-il.
LâAfrique possède en effet des variétés des céréales â dites « indigènes » â tels que le mil, le sorgho, le fonio ou encore le teff, dont les qualités nutritives nâont rien à envier aux graines occidentales ou asiatiques.
Ces dernières se sont imposées dans les habitudes alimentaires lors de la période coloniale, et ont ensuite profité de politiques volontaristes, pour ne pas dire agressives, de la part des pays exportateurs. Une concurrence déloyale qui, dans le cas du blé européen, a été alimentée par les subventions massives accordées aux grands céréaliers dans le cadre de la politique agricole commune.
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Pourtant, les semences traditionnelles apparaissent plus adaptées aux écosystèmes secs, qui couvrent 45 % du continent.
Au-delà des derniers soubresauts des marchés internationaux, elles pourraient aussi se révéler stratégiques dans lâadaptation aux effets du dérèglements climatiques et dans la lutte contre lâinsécurité alimentaire.
Communautés locales africaines qui ont dâores et déjà converti
Ainsi, le Groupe dâexperts intergouvernemental sur lâévolution du climat (Giec), dans son rapport du 28 février, met avant les communautés locales africaines qui ont dâores et déjà converti leurs champs de maïs pour y planter du sorgho et du mil afin de pallier le manque de pluie.
LâInstitut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (Icrisat) en a également fait son cheval de bataille, et milite, au travers de son programme « Smart Food » lancé en 2013, pour les remettre au goût du jour via lâéducation, la recherche et même des émissions culinaires, comme le Smart Food Reality Show diffusé depuis 2017 au Kenya.
Comment les habitudes alimentaires des Africains ont-elles évolué ? Quelle est lâampleur de la dépendance du continent aux céréales importées ? Pourquoi les céréales rustiques ont-elles été si négligées ? Et comment faire pour renverser la tendance ?