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Donald Trump mène-t-il une campagne d’extrême droite ?

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Trump mène-t-il une campagne d'extrême droite
Trump mène-t-il une campagne d'extrême droite

Avec ses prises de positions extrêmes, Donald Trump galvanise sa base électorale. Alors que la campagne pour la présidentielle américaine a eu du mal à démarrer en raison du coronavirus, Donald Trump a multiplié les déclarations ultra-sécuritaires et même complotistes. Radicalisation de son programme ou simple stratégie ?

Trump mène-t-il une campagne d’extrême droite

La campagne pour la présidentielle américaine entre dans sa dernière ligne droite, symboliquement marquée par le Labor Day (jour du travail), célébré aux États-Unis ce samedi 5 septembre.

Traditionnellement, les années électorales, cette journée marque le début d’une phase dans laquelle chaque candidat mesure réellement ses chances de victoires.

Avec le contexte sanitaire actuel, cette période leur permettra aussi de mener le sprint finale d’une course qui a eu du mal à démarrer, sur fond de meetings et de déplacements annulés.

Une campagne jamais vraiment lancée

Pour Donald Trump, qui avait fait comprendre dès son élection qu’il se présenterait pour un second mandat, cette campagne n’a en fait jamais vraiment démarré, selon Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université Paris 2 et auteur de Joe Biden, le 3e mandat de Barack Obama.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. En janvier 2019, d’abord, lorsque le parti Républicain lui a affirmé son soutien pour les actions menées depuis son arrivée au pouvoir.

Puis lors d’un grand meeting à Orlando, en juin 2019, pour le lancement officiel d’une campagne qui a en fait “pris l’eau rapidement”, comme nous décrit le spécialiste.

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Le président sortant a tenté de faire redémarrer sa campagne au printemps dernier, “lorsqu’il est devenu clair que Joe Biden serait le candidat démocrate et que Barack Obama est sorti du bois”, rappelle Jean-Éric Branaa. Il a donc lancé l’organisation d’un grand meeting en Oklahoma… qui a tourné au fiasco.

Confiant, le Républicain avait affirmé sur Twitter qu’un million de personnes avaient voulu réserver leur place. Mais, alors que la salle pouvait accueillir 20 000 spectateurs, seuls 6 000 ont fait le déplacement. Encore raté pour le lancement de campagne en grande pompe.

Une rhétorique d’extrême

Malgré tout, depuis plusieurs mois, Donald Trump et Joe Biden s’affrontent sur le terrain médiatique. Et la parole du président sortant est loin de passer inaperçue. Récemment, il a par exemple comparé les violentes manifestations de Kenosha – en réaction à une nouvelle bavure policière – à du “terrorisme intérieur”.

Au début de l’été, après la mort de George Floyd, il avait menacé d’envoyer l’armée face aux manifestants. Quelques semaines après, il a été censuré par Twitter et Facebook pour des publications haineuses.

De quoi s’interroger : Donald Trump est-il en train de mener une campagne d’extrême droite ?

Pour Jean-Éric Branaa, il ne s’agit pas tant d’une campagne d’extrême droite que d’une “rhétorique d’extrême”. “La thématique qu’il a choisie pour essayer de rebondir, c’est ‘la loi et l’ordre’, ça l’amène donc à mener une campagne très sombre, dans laquelle il faut noircir le tableau”, précise le spécialiste.

Donald Trump s’est même franchement rapproché des théories complotistes, le 31 août, en évoquant les “forces obscures” de la rue et les “gens de l’ombre” qui contrôleraient son rival, Joe Biden. “On s’approche d’une logique d’extrême”, décrit Jean-Éric Branaa. Du moins dans le discours. Car sur le fond, “Donald Trump n’a pas de programme, il a que des slogans”.

Preuve en est, la convention républicaine, qui s’est tenue du 24 au 27 août, ne s’est pas déroulée comme d’habitude. Traditionnellement, les mesures proposées par le candidat sont discutées, amendées et adoptées par les délégués. Mais pas cette fois. Le président sortant s’est contenté de grandes annonces, comme celle “d’un vaccin contre le Covid-19 avant Noël ou d’un million d’emplois récupérés aux Chinois”, énumère Jean-Éric Branaa.

Consolider la base

Si sa réthorique d’extrême lui permet de consolider sa base en “donnant de la matière à ses supporters, galvanisés depuis trois ans”, elle n’est pas sans risque.

Lorsqu’il tient des propos choquants, Donald Trump a l’habitude de se rattraper “en jouant les idiots, en disant qu’il plaisantait”, décrit le spécialiste.

Le problème, c’est que ses déclarations sont prises “au premier degré par des gens totalement politisés, voire fanatisés, qui estiment que quoi que dise Trump, c’est parole d’évangile”, analyse-t-il.

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L’autre risque de cette stratégie est politique, car Donald Trump stagne dans les sondages et qu’il a besoin d’aller chercher des électeurs au centre.

“C’était le but de la convention républicaine”, commente le maître de conférences, “lors de laquelle les proches du président ont dressé de lui le portrait d’un homme bienveillant, emphatique, gentil”.

Entre le besoin de conserver sa base et la nécessité d’aller récupérer des voix au centre, Donald Trump est donc sur une corde raide. Qu’il semble vouloir franchir en ne s’appuyant que sur des phrases chocs et sans véritable programme. De quoi lui coûter la victoire ?

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