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Rétro Culture: Les 20 séries qu'il fallait absolument voir en 2019

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Certaines d'entre elles figurent d'ores et déjà au panthéon des meilleurs productions télé de tous les temps. | StockSnap via Pixabay
Certaines d'entre elles figurent d'ores et déjà au panthéon des meilleurs productions télé de tous les temps. | StockSnap via Pixabay

L’année 2019 s’en va avec des séries qui n’ont tous mis dans de dilemmes dramatiques. Cette année a connu son lot de déceptions, mais rassurez-vous, elle nous a aussi offert beaucoup de très, très bonnes séries.

Cette année a connu son lot de déceptions, entre le final de Game of Thrones et la suite assez peu remarquable de Big Little Lies. Mais rassurez-vous, elle nous a aussi offert beaucoup de très, très bonnes séries.

On peut même déjà dire que certaines figurent d’ores et déjà au panthéon des meilleurs productions télé de tous les temps. Voici, sans ordre particulier, nos vingt séries préférées de 2019.

«Dans leur regard»

Il y a des séries télé (la plupart) qui nous permettent de nous évader. Et puis il y a celles qui nous forcent à regarder là où l’on n’a pas envie, qui placent une loupe sur les aspects les plus cruels et révoltants de notre société pour mieux nous secouer.

C’est le cas de cette mini-série bouleversante signée Ava DuVernay. Après Selma et 13th, la cinéaste est devenue l’une des principales voix créatives à dépeindre le racisme institutionnalisé aux États-Unis.

Elle retrace ici l’histoire (vraie) des cinq jeunes garçons accusés à tort du viol d’une femme blanche à Central Park au début des années 1990. Cinq vies gâchées par l’injustice intolérable d’un système judiciaire profondément raciste.

Comme pour rétablir la balance, la réalisatrice place tout le focus sur ces jeunes, leur vulnérabilité, leur peur, leur humanité. Les interprètes crèvent l’écran, mais c’est Jharrel Jerome, récompensé pour sa performance aux Emmy Awards, qui nous déchire le cœur dans le rôle de Korey Wise. Une œuvre politique et essentielle.

Séries «Catastrophe»

S’il y a bien un domaine dans lequel les séries britanniques excellent, c’est celui de la modération. Là où certaines productions hollywoodiennes nous offrent des épisodes à rallonge et ne savent pas quand s’arrêter, les comédies anglaises sont tellement mesurées qu’on en veut toujours plus. Cette année, après quatre saisons de seulement six épisodes chacune, on a ainsi dû dire au revoir à Catastrophe.

L’œuvre de Sharon Horgan et Rob Delaney (qui jouent aussi les deux rôles principaux) est un portrait acéré des relations de couple modernes et capture aussi bien les moments d’intimité tranquille que la violence de certaines engueulades.

Celle qui a été, du début à la fin, l’une des séries les plus drôles et les mieux écrites de l’ère de la Peak TV a eu droit cet année à un final à sa hauteur. Poétiques et ambiguës, les dernières minutes de Catastrophe sont à l’image de cette série subtile, réjouissante et, sous les répliques acerbes, pleine de tendresse.

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«Russian Doll»

Quand on a commencé Russian Doll, on s’est demandé si la série n’allait pas vite tourner en rond et son concept nous lasser. L’idée? Nadia, une New-yorkaise trentenaire un poil destroy, ne cesse de mourir et de revivre la nuit de son anniversaire. Si vous avez vu Un Jour sans fin, c’est un peu la même idée.

Sauf que la série dépasse les limites de son concept, se transformant en une fable sur la solitude, le trauma et l’addiction et nous offrant l’une des conclusions les plus poétiques de l’année.

Si l’ensemble fonctionne aussi bien, c’est grâce au scénario et aux dialogues percutants écrits par Amy Poehler, Natasha Lyonne et Leslye Headland, mais surtout grâce à l’interprétation de Natasha Lyonne dans le rôle de Nadia.

À la fois insolente, sarcastique et vulnérable, l’héroïne de Russian Doll est l’un des personnages féminins les plus réjouissants de l’année, et son histoire, l’une des plus percutantes.

«Pen15»

La puberté accompagnée de l’éveil sexuel adolescent est l’un des sujets les plus universels qui soit, mais aussi l’un des plus difficiles à aborder à l’écran –mettre en scène des adolescent·es de cet âge peut très vite devenir problématique.

L’excellente Big Mouth contourne ce problème en traitant du sujet en dessin animé. Mais c’est Pen15 qui fait preuve du plus de culot et de créativité dans son approche puisqu’elle met en scène deux actrices trentenaires (Maya Erskine et Anna Konkle, qui sont aussi les cocréatrices), dans le rôle de deux préados.

Comme leur adolescence a eu lieu dans les années 2000, c’est aussi là que se déroule la série. Toutes celles qui ont passé leurs soirées sur des chat rooms AOL se trouveront très vite replongées dans leurs années collège.

Le contraste entre les deux trentenaires et les ados qui constituent le reste du casting contribue à l’humour décalé de la série. Mais ce petit bijou comique est bien plus qu’un gimmick.

C’est une exploration étonnante de justesse des joies et des angoisses adolescentes, de la découverte de son corps et de sa sexualité. À découvrir de toute urgence.

«Chernobyl»

Vous vous en doutez, Chernobyl n’est pas une série légère. Mais elle n’est pas aussi pessimiste et noire qu’elle en a l’air. La série suit les heures, puis les semaines et les mois après la catastrophe de Tchernobyl.

On est cloué à l’écran dès le premier épisode, dans les minutes qui suivent l’explosion, alors que ni les habitant·es de la ville ni les autorités locales ne saisissent l’ampleur du problème.

Histoire des séries télévisées américaines

La défaillance criminelle des autorités est d’ailleurs le fil conducteur de la série qui montre comment l’inertie bureaucratique et la médiocrité intellectuelle du régime soviétique ont entraîné la mort de milliers de gens qui auraient pu être sauvés.

La série montre aussi le courage de celles et ceux qui ont été à la hauteur. Des scientifiques qui ont sonné l’alarme et mis leurs vies en danger pour contenir la catastrophe aux ouvriers qui se sont sacrifiés pour sauver des vies, Chernobyl est l’histoire des héros inconnus.

Une fresque historique passionnante, menée par un casting impeccable (Jared Harris est vraiment l’arme fatale de toutes les meilleures séries dramatiques), qui montre le pire de la nature humaine, comme le meilleur.

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«Unbelievable»

Basée sur un article de ProPublica, Unbelievable raconte l’histoire vraie de Marie (Kaitlyn Dever, bouleversante), une victime de viol que la police et ses proches ne croient pas et qui se retrouve accusée de faux témoignage puis traînée devant la justice alors que son agresseur, lui, est toujours en liberté.

Tout ça se déroule dans le premier épisode. On en sort avec une telle soif de justice et un tel dégoût du système que l’on peut se demander s’il faut vraiment poursuivre une série aussi harassante.

La réponse est oui. Parce qu’en plus d’être un exposé à charge contre une machine judiciaire dysfonctionnelle et sexiste, Unbelievable nous montre aussi ce qui se passe quand la police fait bien son travail.

La série suit en effet deux inspectrices, plusieurs années plus tard et des milliers de kilomètres plus loin, qui enquêtent sur une série de viols, dont on comprend très vite qu’ils ont été perpétrés par l’agresseur de Marie.

Les deux femmes, jouées avec brio par Merritt Wever et Toni Collette, croient leurs victimes et font tout pour que justice soit faite. En mettant en parallèle ces deux histoires, Unbelievable trouve l’équilibre parfait entre un message indispensable et une intrigue haletante.

«Veep»

Veep a dû faire face à un défi de taille ces dernières années: la satire politique ne paraissait plus si satirique que ça depuis l’élection d’un milliardaire ridicule et incompétent à la Maison-Blanche.

Mais, plutôt que de tomber dans la surenchère, la série s’est justement intéressée à la victoire du populisme et de l’immoralité dans la vie politique américaine.

D’abord à travers le personnage de Jonah Ryan –relégué au rang de punching-ball grotesque dans les premières saisons, il finit la série vice-président des États-Unis après une campagne électorale surréaliste. Mais aussi à travers Selina Meyer.

On la savait narcissique et capricieuse, mais elle vend définitivement son âme et trahit son entourage le plus fidèle pour enfin remporter la Maison-Blanche. Une fin tragi-comique parfaite pour une série qui est parvenue à nous faire rire des pires travers humains pendant sept magnifiques saisons.

«Succession»

On avait déjà senti tout le potentiel de Succession avec son excellente première saison, mais c’est vraiment lors de son deuxième volet que la série HBO s’est démarquée comme l’une des meilleures séries de ces dernières années (voire même de tous les temps, n’ayons pas peur de l’emphase).

L’œuvre de Jesse Armstrong (The Thick of Itsuit les guerres intestines d’une famille grotesquement riche de magnats américains de la presse. À l’ère de Trump, on pourrait se demander si s’intéresser aux 1% des 1% est vraiment ce dont la télé a besoin.

Mais Succession ne glorifie pas ses personnages et les montre au contraire dans toute leur humanité, à la fois médiocres, cruels et vulnérables.

Véritable tragédie shakespearienne des temps modernes, la série dresse avant tout le portrait d’une fratrie traumatisée par un père tyrannique et prête à tout pour obtenir, si ce n’est son amour, du moins son respect.

Ce qui rend Succession si jouissive à regarder, ce sont ses dialogues cruels et percutants qui font de cette série dramatique et satirique l’une des productions les plus drôles de l’histoire de la télé.

«Orange Is the New Black»

Après avoir révolutionné l’univers des séries en 2013, Orange Is the New Black s’est achevée cette année dans l’indifférence la plus totale. Compréhensible, vu que ses deux ou trois (ou quatre) dernières saisons étaient nettement en deçà de ce que la série nous avait offert à ses débuts: une exploration corrosive du système pénitencier américain, avec des personnages féminins plus variés et complexes que n’importe quelle autre série n’avait osé en écrire à l’époque.

Heureusement, la dernière saison est sa meilleure depuis la première, et réunit tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série; des rafales d’humour, un discours politique acéré et des moments d’humanité bouleversants entre ces personnages qui ont partagé nos vies durant sept ans.

Cette dernière saison s’intéresse aux camps ICE et à la politique d’immigration cruelle pratiquée par l’administration Trump, sans pour autant oublier ses personnages d’origine et la prison de Litchfield.

Beaucoup de séries s’essoufflent avant leur dernière saison, peu ont réussi, comme Orange Is the New Black, à s’achever sur un tel triomphe.

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«David Makes Man»

Des séries comme The Wire ont déjà exploré la difficulté de mener une enfance normale dans un environnement pauvre et rongé par la criminalité. Mais aucune n’a traité avec autant de délicatesse et de poésie la vie intérieure de son personnage principal.

David est un adolescent qui vit dans une cité de Miami où il étudie dans une école huppée pour élèves surdoué·es. Tiraillé entre deux milieux, le jeune homme doit jongler entre les pressions normales de l’adolescence (le bal de promo, les rapports avec ses profs), et des angoisses qu’aucun garçon de 14 ans ne devrait connaître.

Entre les problèmes d’addiction de sa mère, et son PTSD lié à une fusillade à laquelle il a assisté, David a à peine le temps de se préoccuper de ses propres problèmes, et encore moins de vivre une vie normale d’ado.

Avec la même sensibilité qui lui a valu l’Oscar du meilleur scénario (pour Moonlight), Tarell Alvin McCraney crée un univers riche et merveilleux, qui nous plonge dans les pensées chaotiques de son jeune héros.

Une générosité qu’il étend aussi aux personnages secondaires, tous plus attachants les uns que les autres, de la mère de David à la voisine queer, en passant par Raynan, le dealer du quartier.

«The Deuce»

Les séries de David Simon n’ont jamais été des succès d’audiences, y compris The Wire. C’est aussi le cas de The Deuce, qui s’est achevée cette année et dont même le casting étoilé (James Franco et Maggie Gyllenhaal) n’a pas réussi à convaincre un large public.

Pourtant, il s’agit de l’une des meilleures séries des dix dernières années, qui décortique la culture du porno et de la prostitution aux États-Unis avec toute la nuance, le réalisme et l’empathie que l’on connaît à son créateur.

Avec toujours le même style naturaliste, David Simon nous plonge dans le New York insalubre de la fin des années 1970, et décrit les destins, souvent tragiques, de personnages qui évoluent sur «the Deuce», l’ancien surnom de Times Square. Les patrons de bar, les politiciens, les macs tout puissants…

Et surtout celles qui se trouvent en bas de l’échelle et qui constituent le cœur émotionnel de la série: les prostituées. Il y a Darlene, Ashley, ou encore Candi, mais la plus poignante d’entre elles reste sans doute Lori Madison, jeune ingénue qui finira broyée par le système, incarnée par une Emily Meade tellement magnétique que David Simon considère sa performance comme l’une des meilleures qu’il ait jamais observées.

«Better Things»

Cette série sur une mère divorcée qui jongle entre sa carrière d’actrice et l’éducation de ses trois filles n’a cessé de s’améliorer au fil des saisons. Les deux premières étaient co-écrites avec Louis CK. À la suite des accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de l’humoriste, Pamela Adlon a non seulement repris la barre en solo, mais elle a même réussi à surpasser Louie, l’œuvre de CK qui lui avait ouvert la voie.

Plus émotionnelle, elle est tout aussi iconoclaste, avec une des réalisations les plus assurées et inventives que l’on puisse trouver à la télé.

Qu’il s’agisse des bouffées de chaleur liées à la ménopause de Sam ou des questionnements identitaires de Frankie, la caméra de Pamela Adlon amplifie chaque moment d’émotion, sans jamais frimer.

Elle nous rappelle aussi à chaque instant l’amour inconditionnel de cette famille aussi soudée que bordélique. Avec AtlantaBetter Things est la meilleure dramédie américaine du moment, et la seule à avoir autant de choses à dire sur la féminité et la maternité.

«The OA»

Après avoir divisé le monde des sériephiles en deux camps distincts (on adore ou on déteste), la série métaphysique très perchée de Brit Marling et Zal Batmanglij est revenue cette année avec une deuxième saison encore plus ambitieuse.

Ce nouveau volet nous plonge dans un autre univers, avec un nouveau héros nommé Karim, et OA se retrouve dans le corps d’une inconnue nommée Nina. L’intrigue se densifie, mais la connection émotionnelle profonde entre les personnages principaux reste toujours aussi forte.

La réalisation, partagée entre trois cinéastes de talent (Zal Batmanglij, Andrew Haigh et Anna Rose Holmer) est une nouvelle fois sublime. Et la fin de la saison, encore plus polarisante que tout ce qui est venu auparavant, nous donne immédiatement envie de connaître la suite…

Ce qui n’arrivera jamais, puisque Netflix, enrageant des milliers de fans, a décidé d’annuler la série. Pas grave: cette erreur de jugement impardonnable contribuera sans doute à rendre la série encore plus culte, comme Freaks And GeeksFirefly et tous les autres bijoux sériels annulés trop tôt.

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«Watchmen»

Adapter une œuvre culte avec un fandom passionné peut souvent s’avérer casse-gueule –le film Watchmendécrié par les fans à sa sortie, en est la preuve. Damon Lindelof, à qui on doit Lost et The Leftovers, a contourné le problème en reprenant l’univers et les thèmes de l’œuvre culte, mais en plaçant l’action de sa série trente ans plus tard.

Là où le comic s’intéressait aux anxiétés d’un monde en pleine Guerre froide, la série, elle, s’attaque à l’histoire de violence raciste des États-Unis. Le premier épisode s’ouvre en 1921 sur le massacre de Tulsa en Oklahoma, l’un des pires actes de violence raciste de l’histoire des États-Unis.

Le reste de l’intrigue a beau se dérouler de nos jours, près d’un siècle après ces événements traumatiques, l’héritage de cette violence est toujours bien présent. Mais si Lindelof s’attache à réécrire la mythologie du livre, il préserve néanmoins son ADN.

Car, comme le comic d’Alan Moore, la série veut avant tout déconstruire la figure du superhéros et montrer ce qui se cache derrière le masque. Une interprétation audacieuse et pertinente soutenue par une cinématographie époustouflante, une bande-son addictive et un casting parfait.

«Easy»

Dans un monde saturé par les séries, une œuvre aussi discrète et subtile qu’Easy peut facilement se perdre dans la masse. Pourtant, c’est l’une des plus belles et des plus radicales de ces dernières années.

La série est créée par Joe Swanberg, une des figures de proue du mouvement mumblecore (des films à microbudget basés sur l’improvisation).

On retrouve cette fluidité dans la série, où chaque épisode met en scène le rapport d’une personne ou d’un couple à l’amour, la sexualité, le désir, ou encore la parentalité.

La série, qui fonctionne un peu comme une anthologie mais fait régulièrement revenir ses anciens personnages, montre avec une finesse infinie la multitude de formes que peuvent prendre l’amour et l’affection, aussi bien dans une soirée BDSM ou un plan à trois que lors de la signature d’un bail entre deux amies et partenaires professionnelles.

Le casting rassemble une foule d’acteurs de la scène indé, et les épisodes font preuve d’une sincérité à couper le souffle, aussi bien dans les scènes de sexe que dans les conversations entre les personnages. Une merveille, tout simplement.

«Dickinson»

Plus il y a de séries, plus il est difficile de se laisser surprendre par une œuvre; au bout de quelques épisodes, on a tendance à perdre patience, et zapper sans regret.

Nous surprendre, c’est pourtant ce qu’a réussi à faire Dickinson, série humoristique déroutante sur l’adolescence de la fameuse poétesse américaine. Le langage employé par les personnages est volontairement anachronique, tout comme la musique, un gimmick qui peut sembler au début assez irritant.

Mais plus la série avance, plus son humour caustique est agrémenté d’échanges touchants et sincères entre Emily et son père, son frère ou son amante.

Les aspects les plus loufoques de la série n’en deviennent que plus attendrissants, et on se plonge dans cet univers comme dans un bon bain chaud, en se délectant des superbes costumes, des triangles amoureux et de sa bande-son somme toute réjouissante. Une des séries les plus singulières et purement fun de l’année.

«Bojack Horseman»

Qui aurait pensé lorsqu’elle a démarré que cette série d’animation comique sur un cheval anthropomorphique incarné par Will Arnett, deviendrait l’une des œuvres les plus bouleversantes de la décennie?

Après des digressions plus ou moins réussies dans les saisons précédentes, la sixième et dernière revient à l’essentiel: un portrait honnête, drôle et brutal de la santé mentale de ses personnages.

Pour la première fois de la série, BoJack montre un réel signe de progrès, et fait preuve d’empathie et d’affection envers ses proches –notamment dans le sublime épisode The Face of Depression, une inversion déchirante de l’épisode That’s too much, man (dans lequel toutes les excuses du héros sonnaient faux). Un final étonnamment optimiste pour cette série douce-amère, qui nous fait redouter les tout derniers épisodes, prévus pour janvier.

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«Dark»

On avait adoré la première saison de Dark. Le deuxième volet (il y en a trois de prévus au total) de cette série de science-fiction allemande, avec ses voyages dans le temps, ses arbres généalogiques prise de tête et ses amours adolescentes impossibles, reste aussi captivant.

On ne va pas vous mentir, les liens de parenté entre les personnages et les différentes chronologies de l’intrigue sont tellement complexes, qu’on doit souvent mettre pause pour se poser des questions du genre: «Comment ça, sa mère vient du futur?» ou «c’est sa tante ou sa nièce qu’il est en train d’embrasser?» ou encore «mais comment est-ce qu’il peut être jeune dans le présent et vieux dans le passé?».

Mais, à une époque où on regarde de plus en plus souvent les séries d’un œil et son téléphone de l’autre, devoir se concentrer sur chaque seconde d’une intrigue pour pouvoir tout suivre est une expérience précieuse.

Et on ne peut s’empêcher d’admirer l’audace d’une série capable de créer sa propre mythologie, de jouer avec des concepts spatio-temporels abstraits et de développer une esthétique visuelle aussi singulière que celle de Dark.

«Broad City»

Broad City s’est conclue en beauté cette année après cinq saisons. Celle qui avait débuté comme une web-série sur YouTube n’a jamais perdu le côté do-it-yourself de ses origines, privilégiant l’authenticité à l’esthétisme.

Le premier épisode de la dernière saison est ainsi presque entièrement filmé en stories Instagram alors qu’Ilana et Abbi traversent tout Manhattan à pied et sur-documentent leur aventure pour leurs followers.

C’est ce côté low-budget qui fait de Broad City la série la plus réaliste sur le passage à l’âge adulte dans une ville comme New York. Loin des appartements cossus de Modern Love ou du Brooklyn 100% blanc de GirlsBroad City capture parfaitement le cocktail de galères et d’énergie bordélique qui caractérise la ville.

Dans cette jungle urbaine, Ilana et Abbi se soutiennent et s’accompagnent et nous offrent le portrait plus juste et le plus drôle d’une amitié féminine fusionnelle.

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«Fleabag»

Après le final décapant de sa première saison, on avait à la fois envie de voir plus de Fleabag et peur qu’un nouveau chapitre ne vienne ruiner quelque chose de parfait. Phoebe Waller-Bridge, la créatrice et interprète principale de la série, était elle-même réticente à l’idée de poursuivre son histoire.

Heureusement qu’elle a fini par le faire, parce que la deuxième saison de Fleabag est ce qui se rapproche le plus de la pure perfection sérielle.

Tout y est: l’écriture aiguisée et l’humour subversif caractéristiques de la scénariste; un casting impeccable; des monologues déjà cultes, comme celui où Kristin Scott Thomas vante les mérites de la ménopause; et des coups de poing émotionnels qui nous prennent par surprise et ne nous lâchent plus (on ne verra plus jamais les abribus comme avant).

Sans parler du «hot priest», un prêtre ultra charismatique, magnifiquement interprété par Andrew Scott, qui a chamboulé la libido de l’ensemble des fans de la série.

Bref, une œuvre brillante, irrévérencieuse et hilarante qui nous rend heureuses de vivre à la même époque qu’une créatrice comme Phoebe Waller-Bridge.

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