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Théorie(s) de la communication et de l’information : Définitions et Introduction à la communication (Cours)

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Analyse communicative - Kafunel.com - communication
Analyse communicative - Kafunel.com - communication

Les théorie(s) de la communication et de l’information sont apparues vers le milieu du XXe siècle, peu de temps avant la Seconde Guerre Mondiale. Les modèles (les théories) de communication sont des représentations des situations de communication interpersonnelles.

Table des matières

Théorie(s) de la communication

Ces représentations prennent généralement la forme d’un schéma accompagné d’explications. Ce polycopié n’offre que le support du cours sur les théories de la communication en regroupant les principaux transparents (ou diapositives) utilisés en cours. Introduction à la communication…

Qu’est-ce que la communication?

Commençons tout d’abord par les définitions des dictionnaires:

«Communication: Le fait d’établir une relation avec (qqn, qqch). (…) Scientifique. Toute relation dynamique qui intervient dans un fonctionnement.» «Communiquer: Faire connaître (qqch à qqn). (…) Faire partager. (…) Rendre commun à; transmettre (qqch.).» (Le Robert)

«Communication: Action d’être en rapport avec autrui, en général par le langage: échange verbal entre un locuteur et un interlocuteur dont il sollicite une réponse. (…) Action de mettre en relation, en liaison, en contact, des choses.»

«Communiquer: Faire passer qqch, le transmettre à qqch d’autre. (..) Faire partager à qqn un sentiment, un état (…). (…) Entrer en contact avec qqn, lui faire part de sa pensée, de ses sentiments.» (Larousse)

«Communication: Fait de manifester sa pensée ou ses sentiments, par la parole, l’écriture, le geste, la mimique, dans le but de se faire comprendre.

Scientifique . Processus par lequel une source d’informations A tend à agir sur un récepteur d’informations B de manière à provoquer chez celui-ci l’apparition d’actes ou de sentiments permettant une régulation des activités de B ou du groupe auquel appartiennent A et B. (E. Henriquez, 1971).

Ensemble des dimensions de notre monde réel qui résultent du fait que des «entités» en général—avant tout, bien évidemment, des hommes—entrent en relation les unes avec les autres et se mettent à agir les unes sur les autres. (P. Watzlawick, 1881)» (R. Legendre, Dictionnaire actuel de l’éducation).

Étymologiquement, le mot vient du latin communicare, «mettre ou avoir en commun», mot formé de cum («ensemble, avec») et munis ou munia («charge, fonction»).

Questions de travail

Ces définitions ne se recoupent pas entièrement: qu’ont-elles de commun ?

À partir de ces éléments communs, ébaucher une définition qui fasse la synthèse de ces différentes propositions, c’est-à-dire qui se réduise à un nombre minimal d’éléments indispensables, et qui soit la plus générale possible.

Le modèle classique à six éléments

À partir du modèle cybernétique [théorie(s)], on peut dégager six éléments qui constituent les paramètres indispensables de tout acte communicatif:

  • le binôme émetteur/récepteur
  • le code commun (partiellement au moins)
  • le message
  • la rétroaction du récepteur vers l’émetteur
  • l’interférence dans la transmission du message

On y ajoutera l’environnement, forcément présent, mais qui a été au départ quelque peu négligé par les théoriciens de la communication, tout comme les linguistes ont longtemps voulu abstraire le langage de son utilisation pour l’étudier plus «scientifiquement».

Le modèle classique à six éléments

communication – Kafunel.com – Le modèle classique à six éléments

Commentaires

    • l’environnement, forcément présent, a été au départ quelque peu négligé par les théoriciens de la communication, tout comme les linguistes ont longtemps voulu abstraire le langage de son utilisation pour l’étudier plus «scientifiquement».
    • Mais tout acte communicatif se déroule dans un milieu et des circonstances données qui affectent chacun des paramètres

Le modèle cybernétique

Les premières tentatives de théoriser la communication de façon globale—c’est-à-dire sans référence spécifique au langage—sont récentes, et proviennent de mathématiciens.

shannon modele

En 1945, Claude Shannon et Warren Weaver (fondateur de la cybernétique) ont proposé un premier modèle qui s’inspire de la transmission des messages par le télégraphe.

Ce modèle est devenu la base à partir de laquelle les théoriciens allaient bâtir la science de la communication. C’est volontairement ici que la «source d’information» et «destination» remplacent le locuteur et l’interlocuteur humains de la linguistique [théorie(s)].

Ultérieurement, on a créé les termes d’«émetteur» et de «récepteur», qui continuent d’éviter l’anthopomorphisme.

Les notions mécaniques de «transmetteur» et de «receveur», en revanche, ont été abstraites pour introduire celle de code, c’est-à-dire, du système signifiant qui est utilisé pour donner forme au message.

L’envoi et la réception se manifestent donc par les opérations d’encodage et de décodage, qui au départ étaient considérées comme deux réalisation inverses d’un même processus.

Finalement, on a ajouté le canal [théorie(s)], le moyen par lequel la transmission du message s’effectue, et l’environnement, par quoi l’on désigne l’ensemble des circonstances entourant l’acte communicatif.

communication – Kafunel.com – 1

Le principal défaut du modèle de Shannon résidait dans son caractère unilatéral, dû sans doute à la notion erronée de la «passivité» du récepteur (qui est pourtant loin d’avoir disparu). Il fallait donc compléter le modèle pour en faire une boucle, au moyen d’une rétroaction (feedback) du récepteur sur l’émetteur.

Taxinomies des fonctions communicatives

Une fois établis les paramètres de la communication [théorie(s)], les chercheurs se sont penchés sur les raisons pour lesquelles on communique. Il en a résulté une demi-douzaines de taxinomies qui répertorient et surtout classent les fonctions communicatives.

La plus connue est celle proposée par le linguiste Roman Jacobson (1963), qui conçoit les fonctions selon la focalisation de l’acte:

  • fonction expressive: focalisation sur l’émetteur, le locuteur, qui exprime ses émotions
  • fonction conative: focalisation sur le récepteur, l’interlocuteur, chez qui l’on veut provoquer un effet quelconque (questions, flatterie, ordres, menaces, etc.)
  • fonction phatique: focalisation sur le maintien du contact entre l’émetteur et le récepteur (reconnaissance, courtoisie)
  • fonction métalinguistique: focalisation sur le code (par exemple, parler du langage que l’on utilise pour communiquer)
  • fonction poétique: focalisation sur le message lui-même, par exemple pour la recherche de nuances et d’effets de style
  • fonction référentielle: focalisation sur l’information transmise (le «contenu»)

Cette taxinomie a pour principal défaut d’être axée sur la communication linguistique, sans doute parce que pour un linguiste comme Jakobson, le langage est le code par excellence, celui dans lequel tous les autres peuvent être traduits (l’inverse n’étant pas vrai).

Mais on peut assez facilement généraliser ce classement comme suit:

  • fonction expressive: l’acte communicatif reflète surtout les caractéristiques, les désirs, les besoins de l’émetteur, sans que les autres paramètres exercent une influence déterminante
  • fonction conative: l’acte communicatif vise surtout à affecter le récepteur, souvent de façon physique, de lui faire faire quelque chose. Lorsqu’on ordinateur envoie à l’imprimante qui lui est connectée la commande «imprimer», on peut parler de communication conative.
  • fonction phatique: recouvre tout ce qui peut être fait pour assurer le maintien du contact entre l’émetteur et le récepteur, sans considération particulière pour la forme ni le contenu des messages. Dire «bonjour» le matin à son voisin de palier n’implique pas un désir profond et sincère de faire en sorte que celui-ci passe une excellente journée: il s’agit d’un moyen par lequel on lui fait savoir qu’on le reconnaît, que l’on est en bon termes avec lui.
  • fonction métalinguistique: c’est la moins convainquante des propositions de Jakobson, car il est difficile de concevoir une communication sur un code à l’aide de ce même code, à l’exception du langage. De plus, parler du langage s’assimile généralement à l’une des autres fonctions [théorie(s)].
  • fonction poétique: ici encore, cette fonction peut sembler uniquement valable pour le langage, mais, à la réflexion, on se rend compte que la recherche de nuances et d’effets de style existe dans diverses formes de communication, surtout s’il on tient compte de la dichotomie expression/substance propre à tout signe, et donc à tout message. La fonction poétique consisterait donc à privilégier l’expression pour donner à celle-ci valeur de substance.

Par exemple, le port d’un certain vêtement (type, coupe, couleur, etc.) peut servir à signaler son appartenance à un groupe social, culturel ou professionnel (fonction référentielle, voire conative), plus rarement à exprimer une esthétique toute personnelle (fonction expressive), mais, au-delà de ces finalités, ce choix représente la volonté de jouer sur les possibilités offertes par chaque type de vêtement, sans forcément attendre d’autre résultat que le plaisir offert par la variété, ou par la satisfaction d’avoir inventé une nouvelle forme.

La mode, le stylisme auraient ainsi une fonction poétique — qu’il vaudrait sans doute mieux nommer esthétique ou ludique.

  • fonction référentielle: c’est pour ainsi dire l’inverse de la précédente, puisqu’elle se focalise sur le contenu du message, sur l’information transmise.

La plupart des autres taxinomies, postérieures à celle de Jacobson, ne s’intéressent plus à de telles fonctions, mais aux buts recherchés par les actes communicatifs [théorie(s)], qu’elles expriment par le moyen de verbes à l’infinitif, en répondant à la question: «A quelle(s) fin(s) communique-t-on?».

Certains, comme Britton, ont proposé un classement matriciel où figurent en abscisse les modalités de la communication (émission, réception, interaction), mais cela revient à concevoir le processus comme potentiellement unidirectionnel.

En développant et en modifiant la taxinomie de Wight (1976), je propose un classement en dix catégories, dont certaines peuvent s’assimiler à celles de Jacobson

1Former/maintenir des liensengager le contact, saluer, faire connaissance, briser la glace, se présenter, plaisanter, sympathiser… [phatique]
2Agir avec / sur le récepteurcoopérer, proposer une action, solliciter, négocier, persuader, diriger, ordonner, menacer, encourager, donner des instructions… [conatif]
3Informerenregistrer, rapporter, impliquer, expliquer, récapituler, narrer, décrire… [référentiel]
4Evaluerdeviner, prédire, projeter, poser des hypothèses; estimer, imaginer, inventer, se mettre à la place de; calculer, apprécier, juger; complimenter, critiquer, se moquer…
5S’exprimerformuler des opinions, des attitudes, des valeurs, des sentiments, des émotions; diriger son action; pratiquer l’introspection… [expressif]
6Chercherquestionner, enquêter, scruter, réfléchir, s’informer, considérer, examiner, délibérer…
7Etablir des raportscomparer par analogie et métaphore, classifier, définir, identifier, ordonner en séquence, sérier, formuler des hypothèses, prouver, déduire/induire, justifier.
8Théoriseranalyser, généraliser, abstraire…
9Éluciderinterpréter, traduire, déchiffrer, faire une glose, annoter …
10Jouermanipuler l’expression à des fins purement esthétiques. Rimer, jouer sur les mots, déformer volontairement le langage, composer des anagrammes, des rébus, des charades… [poétique]
Tableau de Taxinomies des fonctions communicatives

Analyse communicative – Paramètres de la conversation face-à-face

L’instance la plus banale de la communication est sans doute ce qu’on appelle la «conversation», qu’on peut définir comme un échange verbal synchrone continu dans le temps sans contraintes topicales préétablies entre deux interlocuteurs se faisant face.

Ces précisions quelque peu fastidieuses en apparence sont nécessaires pour distinguer la conversation proprement dite, dont les participants sont en contact à la fois visuel, auditif, mais aussi olfactif et parfois tactile (contrairement à la conversation téléphonique, par exemple, ou à l’échange de messages sur un babillard électronique), et qui donc met en œuvre, outre le langage, plusieurs systèmes signifiants (ou «codes»).

A lire aussi

Le caractère «informel» qu’on attribue communément à conversation ne doit pas faire illusion: c’est une interaction fortement codée, et qui implique la maîtrise de multiples compétences sémiotiques. J’indique ici les principales composantes des systèmes linguistiques et non linguistiques utilisés dans ce type de communication, ainsi que divers phénomènes cognitifs qui influent sur leur fonctionnement.

Je laisse en revanche de côté le «décor», c’est-à-dire les circonstances de la communication (lieu, moment de la journée, période de l’année, température ambiante, etc…) qui ne sont pas directement liés aux communicants, mais qui exercent une influence parfois déterminante.

Par exemple, un serment («Je le jure») prêté chez soi, dans la rue, dans un magasin, etc. n’implique qu’une contrainte morale, alors qu’il prendra un caractère légal s’il est prononcé dans un tribunal, sur la demande d’un juge (et, aux U.S.A., sur la bible).

Naturellement, une analyse n’est pas tenue de traiter de tous ces paramètres exhaustivement, mais, même lorsqu’elle s’attache aux phénomènes qui portent le plus de sens, elle doit refléter la conscience que d’autres facteurs existent et exercent une influence, même subtile.

Ce document offre deux lecture possibles, l’une linéaire, l’autre hypertextuelle, à l’aide du menu ci-dessous. A travers le corps du texte, des renvois hypertextuels permettent de passer à d’autres parties du texte par contiguïté thématique. Utilisez la fonction «retour» (touche back) de votre navigateur pour retracer vos pas.

Il est également possible d’aborder l’analyse à partir de l’infographie, qui visualise un certain nombre de facteurs sur une seule image.

Analyse communicative [théorie(s)]

Stratégies pour l’Analyse d’une séquence communicative- Kafunel.com -PBLV

Paramètres de la conversation face-à-face

L’instance la plus banale de la communication est sans doute ce qu’on appelle la «conversation», qu’on peut définir comme un échange verbal synchrone continu dans le temps sans contraintes topicales préétablies entre deux interlocuteurs se faisant face.

Ces précisions quelque peu fastidieuses en apparence sont nécesssaires pour distinguer la conversation proprement dite, dont les participants sont en contact à la fois visuel, auditif, mais aussi olfactif et parfois tactile (contrairement à la conversation téléphonique [théorie(s)], par exemple, ou à l’échange de messages sur un babillard électronique), et qui donc met en œuvre, outre le langage, plusieurs systèmes signifiants (ou «codes»).

Le caractère «informel» qu’on attribue communément à conversation ne doit pas faire illusion: c’est une interaction fortement codée [théorie(s)], et qui implique la maîtrise de multiples compétences sémiotiques. J’indique ici les pricipales composantes des systèmes linguistiques et non linguistiques utilisés dans ce type de communication, ainsi que divers phénomènes cognitifs qui influent sur leur fonctionnement.

Je laisse en revanche de côté le «décor», c’est-à-dire les circonstances de la communication (lieu, moment de la journée, période de l’année, température ambiante, etc…) qui ne sont pas directement liés aux communicants, mais qui exercent une influence parfois déterminante. Par exemple, un serment («Je le jure») prêté chez soi, dans la rue, dans un magasin, etc. n’implique qu’une contrainte morale, alors qu’il prendra un caractère légal s’il est prononcé dans un tribunal, sur la demande d’un juge (et, aux U.S.A., sur la bible). Naturellement, une analyse n’est pas tenue de traiter de tous ces paramètres exhaustivement, mais, même lorsqu’elle s’attache aux phénomènes qui portent le plus de sens, elle doit refléter la conscience que d’autres facteurs existent et exercent une influence, même subtile.
Ce document offre deux lecture possibles, l’une linéaire, l’autre hypertextuelle, à l’aide du menu ci-dessous. A travers le corps du texte, des renvois hypertextuels permettent de passer à d’autres parties du texte par contiguïté thématique. Utilisez la fonction «retour» (touche back) de votre navigateur pour retracer vos pas.

Il est également possible d’aborder l’analyse à partir de l’infographie, qui visualise un certain nombre de facteurs sur une seule image.


PHASES D’UNE CONVERSATION


PHASES D’UNE CONVERSATION – Kafunel.com – Capture

I) Facteurs linguistiques


A. Au niveau de l’énoncé

1) La Phonologie – l’accent

C’est le système des unités sonores (phonèmes) utilisés dans une langue, définies par les possibilités d’opposition pertinentes entre elles [théorie(s)].

Cette approche relationnelle l’oppose à celle de la phonétique, qui s’intéresse à la description accoustique et articulatoire des sons du langage.

Ainsi, en phonologie, toutes les prononciations possibles du / i / français ne modifient pas sont statut d’unité, opposable par exemple à / y / («pli» ~ «plus») ou / e / («parti» ~ «partez»), alors qu’en anglais la différence d’ouverture entre / i: / et / i / produit deux phonèmes, puisqu’on peut opposer «bean» ~ «bin».

Pour l’analyse de la conversation, le rôle de la phonologie se manifeste à travers le phénomène de l’accent, qu’on peut définir comme un ensemble cohérent et constant de variantes phonologiques collectives au sein d’une même langue.

L’accent touche à la fois les phonèmes (par exemple le / r / roulé des Bourguignons, le / a / postériorisé des Québécois, le / ei / diphtongué des Belges, etc.), et la courbe mélodique des énoncés (accent «traînant», «chantant», etc.).

Il ne véhicule aucun sens particulier, tout en fournissant des informations sur le vécu du locuteur : origine géographique, ethnique, nationale, socio-économique, etc.

En revanche, un locuteur qui adopte un accent qui n’est pas le sien à l’origine produit un effet de sens, dans un but humoristique [théorie(s)] (moquerie essentiellement) ou mimétique (pour se fondre dans une communauté linguistique, se faire accepter, espionner, etc)

2) L’Intonation

Ce terme désigne les variations de hauteur des tons sur l’ensemble d’un énoncé, qui relèvent du code parce qu’elles apportent un sens en fonction de certaines conventions.

Le codage peut être grammatical—par exemple, pour transformer une assertion («Tu viens») en question («Tu viens?»), ou en ordre («Tu viens!»). Dans ce cas, l’intonème (unité d’intonation) fonctionne exactement comme un morphème (unité de sens); dans les exemples ci-dessus, il est équivalent à l’inversion sujet-verbe («Viens-tu?») ou l’addition du morphème invariable «est-ce que» («Est-ce que tu viens?») pour la question, et à l’emploi du mode impératif («Viens!») pour l’ordre.

Le codage peut-être aussi expressif, et servir à marquer la colère, la joie, la surprise, et. Ce codage est évidemment moins strict que le précédent, sauf lorsqu’il est ritualisé dans certaines formules idiomatiques ou dans la diction théâtrale.

Dans le cadre communicatif, on peut néanmoins postuler qu’un énoncé du type «Je suis surpris que tu aies réussi à l’examen» équivaut fonctionnellement [théorie(s)] à «Tu as réussi à l’examen!» prononcé avec une intonation de surprise (éventuellement accompagnée d’une gestuelle qui la renforce).

3) La Prosodie

Ce sont les variations de ton, de hauteur, d’intensité et de longueur qui affectent des unités plus ou moins grandes que le phonème, et qui prennent une fonction distinctive (en Anglais, différence entre concrète adjectif, «concret», et concrete nom, «du béton»), démarcative (séparer les mots) ou carminative (séparer les groupes de mots : «L’homme heureux n’a pas de chemise» ~ «L’homme, heureux, partit en chantant»).

L’utilisation la plus fréquente de la prosodie se trouve sans doute dans la mise en valeur de certains mots et groupes de mots, l’«accentuation» (à ne pas confondre avec l’accent):

  • — Tu veux jouer à la belote?
  • — A la pelote basque? Quelle idée saugrenue!
  • — J’ai dit à la belote, pas à la pelote!

En français, il n’existe pas d’accent distinctif (contrairement à l’anglais, à l’italien, au chinois…), et l’accent de mot tombe invariablement sur la dernière syllabe du mot ou du groupe de sens:

«un enfant»
«un petit enfant»
«un petit enfant bien élevé»

Seule exception, l’accent expressif ou émotif, comme par exemple dans l’exclamation «C’est vraiment incroyable!» ou la première syllabe d’«incroyable» porte un accent d’intensité et de hauteur [théorie(s)] qui magnifie le degré de la surprise exprimée, sans pour autant changer le sens du mot.

4) Le Vocabulaire

Alors que le lexique représente l’ensemble des mots dont dispose une langue donnée, le vocabulaire désigne l’ensemble des mots qui sont effectivement utilisés dans le discours.

Il n’existe ainsi qu’un seul lexique du français, mais chaque francophone utilise un vocabulaire plus ou moins étendu, et qui varie d’un individu à l’autre. Il est néanmoins difficile d’étudier le vocabulaire individuel sans disposer d’un large corpus, alors qu’il est beaucoup plus aisé de définir le vocabulaire d’un groupe (social, professionnel, etc.).

Deux formes du vocabulaire sont facilement perceptibles [théorie(s)]: le jargon, vocabulaire technique ou spécialisé propre à un secteur d’activité (il y a un jargon des linguistes, des programmeurs, mais aussi des philatélistes ou des skieurs), et l’argot.

Techniquement, un argot est un vocabulaire parallèle dont l’emploi répond à un double but : reconnaissance entre membres d’un groupe donné, et exclusion des étrangers au groupe.

Historiquement, il appartenait aux milieux de la pègre, les criminels ayant tout intérêt à parler une langue qui ne soit pas compréhensible du grand public.

En français, un certain nombre de mots argotiques ont été intégrés au lexique, et sont désormais perçus comme simplement familiers: bouquin, bagnole, godasse, mec, bosser, etc. Leur usage appartient donc au domaine du niveau de langue et du registre.

5) La Morphologie

La morphologie désigne l’étude de la forme des mots (par opposition à leur sens), et reconnaît comme niveau de pertinence celui du morphème, plus petite unité sonore porteuse de sens. L’ensemble des variations possibles d’un morphème en un même point de la chaîne parlée constitue un paradigme.

La morphologie offre peu de liberté au locuteur. Celle-ci relève principalement du niveau de langue, et ne touche qu’un petit nombre de formes: la négation (qui perd sa première composante, le «ne», dans le niveau familier), la réduction de plusieurs pronoms relatifs (notamment «dont») à «que», l’emploi de certains modes et temps verbaux de préférence à d’autres (par exemple le présent du subjonctif plutôt que l’imparfait que la concordance des temps exigerait, ou le subjonctif avec «après que» à la place de l’indicatif).

Il faut également tenir compte du fait qu’un locuteur prendra à l’oral des libertés qu’il s’interdira à l’écrit. Bien que les exemples cités ci-dessus puissent sembler constituer des fautes par rapport au «bon usage», ils reflètent des habitudes linguistiques [théorie(s)] tellement répandues chez les locuteurs du français (même éduqués) qu’on les considère le plus souvent comme conformes à une «grammaire de la langue parlée», ce qui les distingue des formes agrammaticales (qu’aucun locuteur natif ne produirait), dites aussi «barbarismes», typiques de l’apprenant de langue seconde.

6) La Syntaxe

C’est l’ensemble des règles d’agencement des morphèmes le long de la chaîne parlée (selon l’axe syntagmatique).

Ces règles peuvent seulement spécifier ce qui est possible et impossible (par exemple, «Pierre boit un verre d’eau» est possible, mais «boit un Pierre d’eau verre» ne l’est pas), mais aussi les changements de sens liées aux variations de l’ordre des morphèmes («un hôpital ancien» ~ «un ancien hôpital», «Pierre bat Paul» ~ «Paul bat Pierre»).

La construction des phrases en français diffère beaucoup à l’oral et à l’écrit (contrairement à l’anglais, qui doit sans doute à cette particularité une partie de son succès planétaire).

Ceci dit, le niveau soutenu, même à l’oral, se distingue par une syntaxe «forte» exprimée dans la complexité des phrases et l’utilisation de conjonctions de subordination.

Le niveau relâché se caractérise en revanche soit par la parataxe (accumulation de propositions sans que les rapports de coordination ou de subordination soient explicités), soit par une syntaxe «faible» (prédominance de la conjonction de coordination: «mais», «et», «donc»), ou bien encore par des ruptures de syntaxe (ou asyndète: la structure initiale d’une phrase, abandonnée avant d’avoir été menée à son terme, est remplacée par une autre).

7) Le Niveau de langue et le registre

C’est un phénomène dont l’analyse appartient au domaine de la sociolinguistique. Pour une langue donnée, on observe toujours au moins deux niveaux, courant (ou «standard») et soutenu, auxquels il faudra généralement rajouter un niveau relâché (ou «familier»).

Le niveau soutenu caractérise une élite sociale dont les valeurs culturelles servent de modèle; dans le cas du français, il est aussi celui de la langue écrite.

Chaque niveau peut admettre des variantes [théorie(s)], comme par exemple le français épistolaire, qui appartient au niveau soutenu, mais exige l’emploi d’un vocabulaire et de conventions rhétoriques qui lui sont propres.

Le registre désigne l’amplitude de niveau d’un locuteur donné, c’est-à-dire sa capacité de passer d’un niveau à un autre selon les circonstances. D’un point de vue communicatif, il peut être tout aussi problématique d’utiliser une langue trop soutenue pour le contexte, que de ne pas pouvoir passer au niveau soutenu lorsque cela est indiqué.

Les apprenants de langue seconde éprouvent souvent des difficultés à s’intégrer conversationnellement dans la culture-cible parce qu’on leur enseigne seulement le niveaux courant et soutenu, d’où un effet d’hypercorrection.

Le niveau peut affecter l’ensemble des composantes linguistiques (phonologie, morphologie, syntaxe, vocabulaire…), et ne se résume donc pas à un répertoire lexical, contrairement à ce qu’on s’imagine parfois.

Les différences de niveau au sein d’un même discours donnent une impression d’étrangeté qui devient facilement comique.

Un auteur comme San Antonio tire de savoureux effets du mélange de l’hypercorrection syntaxique et morphologique avec un vocabulaire et un contenu d’une extrême vulgarité.

Les linguistes ne reconnaissent généralement pas de niveau «vulgaire», bien que les dictionnaires fassent la distinction.

Ceci est dû au fait que seuls les mots peuvent être vulgaires (et non pas la syntaxe, ni la morphologie), mais aussi que la perception de vulgarité dépend beaucoup du contexte, et peut changer avec le temps.

Ainsi le mot «merde» et ses dérivés (merdeux, merdique, merder, merdier, emmerdeur, etc.), assurément vulgaire au départ, n’est plus désormais que familier. Le mot «con» reste vulgaire lorsqu’il désigne le sexe de la femme, mais il est aussi devenu familier dans le sens d’«imbécile» et sous ses formes dérivées (connerie, déconner, etc.).

B. Au delà de l’énoncé

1) Les Stratégies discursives

On parlera de stratégies discursives pour désigner tous les moyens mis en ordre pour agencer des énoncés afin de composer un discours (défini comme l’unité supérieure à l’énoncé).

Ces stratégies visent à obtenir un ensemble non seulement cohérent, mais intéressant, amusant, intriguant, etc. selon l’effet qu’on veut produire sur l’interlocuteur.

La discursivité est donc ce qui donne à une suite d’énoncés la qualité de discours—cohérence interne, unité et but—et la distingue ainsi d’une simple accumulation.

De façon plus simple, on peut opposer la capacité de générer des phrases (compétence morpho-syntaxique) à celle de générer un discours.

A l’écrit, on parlera plutôt de texte que de discours, à moins qu’on veuille définir le texte plus strictement comme l’instanciation d’un discours.

2) Les Stratégies rhétoriques

On peut dire pour simplifier que la rhétorique consiste à manipuler consciemment le langage (généralement à partir de «recettes» bien définies) en vue d’obtenir un effet quelconque sur le récepteur.

Conçue à l’origine pour les besoins du discours public dans la Grèce antique [théorie(s)], puis à Rome, la rhétorique a constitué un savoir essentiel de toute personne éduquée jusqu’à l’aube du XXe siècle, et bénéficie d’une tradition riche et complexe.

Or, tout locuteur d’une langue, si inculte soit-il, a appris à utiliser certaines ressources rhétoriques pour s’exprimer.

Les plus connues sont les «figures» que tout un chacun pratique au quotidien (la métaphore, la synecdoque, la métonymie, l’hyperbole, la litote, etc.) et qui sont circonscrites à l’énoncé.

On parlera de stratégie rhétorique pour tout ce qui concerne l’organisation et l’agencement du discours.

Si par exemple l’on doit formuler une critique, on pourra d’abord commencer par faire des compliments pour sembler plus objectif, ou pour s’attirer la sympathie de l’auditoire (captatio benevolentiae), ou encore affirmer qu’on ne dira pas ce qu’on est précisément en train de dire (prétérition).

L’utilisation d’arguments-types (les «lieux communs» ou topoï), la planification du discours selon la structure le plus efficace possible (la dispositio) et son enrichissement à l’aide de procédés divers (l’élocution) ont été méticuleusement étudiés et codés par la rhétorique avant de passer dans l’usage courant.

3) L’Acte de parole

L’acte de parole est un énoncé considéré à la fois dans sa matérialité (l’acte locutif) et dans l’intention communicative du locuteur (l’acte illocutif), que l’on peut qualifier selon un nombre limité de fonctions.

On parle d’effet perlocutif pour désigner ce que l’acte de parole provoque chez l’interlocuteur.

Cette approche a l’avantage de séparer la forme et la fonction des énoncés: on n’utilise pas toujours une structure interrogative pour formuler une demande, ni une structure impérative pour formuler un ordre, etc.

Oscar Wilde disait qu’un fâcheux est quelqu’un qui commence à vous parler de sa santé lorsque vous lui demandez comment il va; le plus souvent, en effet, l’énoncé «Comment allez-vous?», en dépit de sa forme interrogative, n’appelle pas de réponse circonstanciée, mais une formule également convenue comme «Très bien, et vous?».

C’est grâce à notre capacité d’inférence que nous sommes le plus souvent en mesure d’interpréter correctement l’intention de communication lorsqu’elle n’est pas clairement indiquée par le sens de l’énoncé.

4) L’Univers du discours

Puisque tout discours (et tout texte) existe dans une dimension physique (temps et/ou espace), le sens d’un mot ou d’un énoncé s’établit en fonction de l’information déjà disponible.

Ainsi fonctionne par exemple le phénomène [théorie(s)] de l’anaphore, qui anticipe sur ce qui va venir; l’utilisation de nombreux pronoms suppose un antécédent déjà identifié; un mot ou une expression répétée plusieurs fois au cours d’un même discours finit par se charger d’un sens qu’ils n’avaient pas à sa première apparition, etc.

Au sens (niveau de la sémantique) et à la référence (à une réalité extérieure, ou au contexte de l’énonciation) s’ajoute donc un système de relations interne au discours ou au texte, qui reste en expansion jusqu’à ce que la prise de parole, la lecture, l’audition soit terminée: c’est ce qu’on appelle l’univers du discours.

5) La Présupposition

En termes de logique, on dit qu’une proposition A présuppose la proposition B, lorsque B est vraie seulement lorsque A est vraie; dans le cadre de la communication, ce rapport lie deux énoncés, dont l’un, le présupposé, n’est pas explicitée».

Exemple classique: «Le roi de France est malade» présuppose «Il existe actuellement un roi de France».

La présupposition ne renvoie pas à la réalité, mais exprime seulement le rapport entre deux énoncés: dans l’exemple ci-dessus, une présupposition existe même s’il n’y a plus de roi de France depuis 1848.

La présupposition, relation logique [théorie(s)] de validité entre propositions ou énoncés, se distingue de l’implication, qui concerne plus largement l’information transmise.


II) Facteurs extra-linguistiques


A. Les Fonctions communicatives

Toute communication suppose des motivations ou des buts dont divers chercheurs on tenté de dresser la taxinomie.

L’une de celles à laquelle on fait souvent référence est due à Roman Jakobson, qui postule six fonctions relatives à six éléments fondamentaux de la communication, selon que la focalisation se fait sur l’émetteur (fonction expressive ou émotive), le code (fonction métalinguistique), le message (fonction poétique), le contexte (fonction référentielle), le récepteur (fonction conative), le contact (fonction phatique).

Cette dernière fonction permet de prendre en compte les échanges communicatifs qui véhiculent très peu d’information au niveau des énoncés, mais où le sens du message renvoie au désir de maintenir une relation.

C’est ce qu’on observe lors des échanges de «banalités» (sur le temps qu’il fait, la santé, les derniers résultats sportifs, etc.) et de formules ritualisées lors de rencontres brèves où les circonstances rendent inutile, indésirable ou impossible un échange d’information.

Si l’on «ne dit rien» lors de telles interactions, le message a bien un sens, qu’on peut déterminer comme suit:

  • reconnaissance (ou désir de faire connaissance, s’il s’agit d’une première rencontre)
  • volonté d’entretenir la relation;
  • l’absence de salut ou d’échange de banalités signalant a contrario une rupture plus moins sérieuse et définitive de ladite relation (ou le manque de désir de nouer une relation).

On pourrait dire que le sens du message de type phatique se construit globalement (quels que soient les énoncés employés) par opposition à la possibilité d’une absence de message (phénomène du «signifiant zéro»).

B. Systèmes signifiants non-linguistiques

1) Le Mouvement

Etudié par la kinétique (ou kinésique, ou kinesthétique), le mouvement peut se subdiviser en gestuelle (utilisation des membres), posture (positionnement général du corps), et mimique (expressions du visage).

Si le sens de tel ou tel mouvement est rarement difficile à interpréter, il s’avère toujours malaisé de décrire le fonctionnement d’un code kinétique.

Les répertoires de gestes et d’expressions, parfois remarquablement détaillés et accompagnés de croquis ou de photos, n’ont jamais débouché sur une compréhension systémique qui permettrait d’établir une «grammaire du geste», et d’assigner un sens particulier à chaque geste, éventuellement décomposé en unités plus petites (ce qu’on opposera aux langages par signes des sourds ou des Trappistes, ou encore la gestuelle précisément codée de la danse balinaise).

Les gestes, les postures et les mimiques sont culturellement déterminés, et ainsi particulièrement difficiles à saisir pour les étrangers.

Reste la possibilité d’analyser leur fonctionnement communicatif, surtout intéressant du fait des interactions avec d’autres éléments, en particulier le langage.

On pourra au moins chercher à distinguer:

  • Le geste expressif ou affectif, qui indique un état du communiquant (intérêt, ennui, réceptivité, distraction, compréhension, incompréhension) propre à influer sur l’usage linguistique, mais sans renvoyer à un sens précis.
  • Le geste déictique, qui explicite une référence en complémentarité du linguistique («C’est à toi, ça?» dit en montrant du doigt un objet) ou en redondance (C’est à toi, cette veste?» en montrant la veste en question). Cette référence peut rester extrêmement vague, comme par exemple dans les mouvements de mains qui «miment» plus ou moins symboliquement ce qui est dit; il peut s’agir alors d’une gestuelle d’accompagnement, d’intensité et de signification variable selon les cultures.

2) La Proxémique

C’est l’utilisation de l’espace à des fins communicatives. Le cas le mieux connu est celui de la distance que deux interlocuteurs maintiennent entre eux; elle est à la fois culturellement déterminée et variable en fonction des rapports (affectifs, hiérarchiques, sociaux, professionnels…) qui lient les interlocuteurs.

3) Les Stratégies communicatives

Par «stratégie communicative», on désignera tous les moyens mis en œuvre pour affecter le processus de communication (y compris ceux déja identifiés ci-dessus), mais en particulier ceux qui interviennent à un niveau plus général que celui du discours.

Pour reprendre l’opposition traditionnelle stratégie ~ tactique, on pourait donc dire que la gestion de l’acte communicatif relève de la stratégie, alors que l’organisation discursive s’apparente à la tactique.

Citons par exemple les stratégies de prise de parole (parler, écouter, interrompre, répondre en écho, reprendre ce que dit l’interlocuteur ou changer de sujet, etc.), l’implication plus ou moins grande dans l’interaction, le respect ou la violation délibérée des règles d’étiquette, ou encore l’exploitation de connaissances psychologiques ou sociologiques sur l’interlocuteur ou la situation d’interaction afin de mieux contrôler celle-ci.

Dans un débat politique entre deux candidats [théorie(s)] à une élection, par exemple, chaque participant peut choisir de répondre point par point à ce que l’autre a dit, ou bien utiliser son temps de parole pour exposer ses propres arguments, sans se préoccuper de la substance de l’intervention de son adversaire.

Il peut adopter une posture «fermée» (bras croisés, air sévère) pour signifier qu’il désapprouve la politique de son rival, ou au contraire une posture «ouverte» pour mettre l’accent sur ses propres qualités de transparence, de convivialité. Le choix des sujets abordés (et évités) constitue un autre élément stratégique.

Une fois ces choix effectués, chacun peut encore jouer sur la longueur et la complexité de ses phrases (pour paraître érudit et compétent, ou au contraire simple et «près des gens»), un vocabulaire qui pourra varier selon sa couleur politique («camarades», «république», «citoyen», «national»), ect; mais il s’agit là d’éléments discursifs plutôt que communicatifs.

4) Le Vécu des communiquants

Chaque être humain apporte à l’interaction communicative un vécu qui lui est propre: origines, milieu, sexe, expériences, habitudes.

L’utilisation des ressources linguistiques et communicatives doit être interprétée si possible en fonction de ce vécu, mais on peut considérer aussi qu’elle le reflète, ou parfois même qu’elle le «trahit» indépendamment de la volonté de l’émetteur (c’est par exemple le cas de l’accent, ou de traits physiques comme la couleur de la peau).

Le rôle du vécu est particulièrement important dans tout ce qui implique une appréciation, un jugement de valeur:

  • La référence de «Cette voiture est chère», par exemple, s’analyse de deux manières différentes,
  • l’une relativement plus objective si le jugement se fait par rapport à une moyenne du prix des voitures (ou du moins dans une catégorie de voitures déterminée),
  • l’autre plus subjective, qui varie en fonction du vécu [théorie(s)]: la personne issue d’un milieu modeste va trouver «chère» une voiture dont le prix semble tout à fait raisonnable à une personne issue d’un milieu aisé.

L’importance du vécu est d’autant plus grande lorsque le discours comporte des marques d’énonciation; «Cette Ferrari coûte six cent mille euros» a une latitude d’interprétation beaucoup moins grande que «Cette voiture est chère».

Le vécu est également lié au domaine de connaissances, dont il constitue l’arrière plan (le contexte où les connaissances ont été acquises).

Ainsi, un locuteur peut ajuster son discours en fonction des connaissances qu’il présume acquises par un interlocuteur dont le vécu lui est familier.

5) La « Culture »

Bien qu’aucune définition de cette notion ne fasse l’unanimité, on peut au moins établir le fait que la culture s’oppose à la nature (même si la ligne de partage reste impossible à préciser), et qu’elle constitue une structure (une forme, dans le vocabulaire de la sémiotique), à ne pas confondre avec ce qui est structuré par elle—objets, actes, idées, sentiments, goûts, attitudes, comportements, qui en sont les manifestations.

Notre seule façon de connaître une culture est d’étudier ces manifestations pour reconstituer un système de valeurs (une axiologie) qui puisse rendre compte de l’existence de chacune d’entre elles.

Dans l’usage commun, on a l’habitude d’associer la culture à un groupe social; cela est vrai dans la mesure ou chaque culture est un ensemble de valeurs qui émane forcément d’une communauté humaine [théorie(s)], et qui à la fois sert à définir cette communauté.

D’un autre côté, il est devenu extrêmement rare dans les pays développés qu’un groupe social reflète une culture monolithique, sans courants, nuances ou dissentions internes.

Par définition, tout système signifiant exprime une culture, puisque la sémiosis (la mise en relation d’un signifiant et d’un sens) repose sur la convention, et non sur un rapport naturel.

Le qualificatif de «culturel» appliqué à une entité quelconque ne sert donc guère qu’à rappeler le caractère particulier (non-universel) des habitudes, des comportements, des perceptions, etc.

On distinguera la «culture humaine» en tant que «seconde nature» et les cultures spécifiques [théorie(s)]. Par exemple, si «le rire est le propre de l’homme» comme l’a écrit Rabelais, les modes du rire varient considérablement : de quoi rit-on, comment, quand, en présence de qui, dans quel but? etc.

C’est pourquoi nous distinguons diverses formes d’humour, qui n’ont rien à voir avec le rire en tant que phénomène physique (émission de son aigus, tension musculaire faciale, etc.).


III) Les Phénomènes cognitifs liés à la communication


Ces phénomènes ne sont pas toujours spécifiques à la communication, mais ils la facilitent ou la rendent possible. Qu’ils affectent le linguistique ou le non-linguistique, ils sont en tout cas universels chez l’être humain, même si leur manifestation varie selon les cultures.

A. L’Interaction entre systèmes signifiants

Si l’on peut commencer par isoler et analyser séparément un seul système signifiant, il faut toujours tenir compte du fait que le sens du message n’est pas seulement obtenu en ajoutant les éléments de sens particuliers produits par chaque système, mais représente le résultat d’une interaction entre les divers systèmes mis en oeuvre.

On peut classifier cette intéraction selon trois modes :

  • 1) Complémentarité (un système apporte un élément de sens qu’un autre ne fournit pas, mais sans contredire ce dernier).
  • 2) Redondance ( un système apporte un élément de sens qui renforce celui déjà fourni par un autre, sans rien ajouter de nouveau)
  • 3) Contradiction (un système apporte un élément de sens qui contredit celui que fournit un autre système).

B. La Déixis

La déixis est un phénomène de référence aux circonstances de l’énonciation—lieu, temps et énonciateur (et souvent, énonciataire)—sans lequel un message ne peut être interprété, même s’il est compris.

Ainsi, «Je te retrouverai ici même en fin d’après midi, disons, à dix-huit heures.» n’est complètement interprétable que si l’on connaît l’émetteur, le récepteur, le lieu et le moment de l’énonciation.

On peut concevoir ce phénomène comme celui d’un sens «relatif» qui s’opposerait à un sens «référentiel» qui lui dépend du domaine de connaissances; un énoncé comme «Louis XIV a donné le marquisat de Louvois à François Michel Le Tellier en 1662», interprétable sans contexte énonciatif, demande néanmoins la maîtrise d’un certain domaine de connaissances.

En revanche, «Je te retrouverai ici même en fin d’après midi, disons, à dix-huit heures» est interprétable par n’importe quel locuteur francophone informé du contexte de l’énonciation, même s’il est totalement ignare en histoire.

C. Le Décodage

Dans la théorie de la communication, le décodage est l’opération inverse de l’encodage, qui permet au récepteur de reconstituer le sens du message.

On doit distinguer au sein du décodage trois étapes possibles:

  • 1) le déchiffrage (reconnaissance des signes),
  • 2) la compréhension (saisie d’un sens au niveau de l’énoncé) et
  • 3) l’interprétation (formulation d’un sens au niveau du message).

Lire un texte comme un article de journal en français, par exemple, exige d’abord qu’on sache lire (et singulièrement, lire le français), puis qu’on comprenne le sens des phrases (grâce à une compétence morpho-syntaxique, sémantique et éventuellement à un domaine de connaissances), et enfin qu’on puisse reconstituer le sens du texte, qui n’est pas seulement informatif, mais englobe aussi le point de vue et les intentions de l’auteur, la pertinence ou la véracité de l’article, les stratégies discursive ou rhétoriques mises en oeuvre, etc.

Au final, le sens du message comprendra aussi la relation du texte à son contexte (historique, politique, culturel, etc.)

Vu d’un point de vue négatif, l’incapacité à lire l’article (déchiffrage) relève de l’analphabétisme, alors que l’incapacité à le comprendre par manque de compétence sémantique (mots inconnus) et/ou de connaissances (notions inconnues) relève de l’illettrisme.

L’incapacité [théorie(s)] à saisir le sens du message recouvre une plage de compétence trop vaste pour être ainsi catégorisée; on pourra parler, informellement au moins, d’inculture, d’insensibilité, de myopie intellectuelle—termes péjoratifs qui soulignent l’absence de mesure objective à ce niveau.

Parler de «décodage» ne doit pas forcement impliquer que le récepteur doit effectuer une opération exactement inverse à celle de l’émetteur pour reconstituer le sens; en effet, le récepteur construit un sens et ne peut être tenu seul responsable d’éventuelles divergences par rapport au sens encodé, souvent dues à des ambiguités inhérentes au processus de communication.

Lorsqu’il y a méprise, il faudra toujours se demander dans quelle mesure celle-ci peut s’expliquer par l’ambiguïté ou l’opacité du message—qui peut résulter de la polysémie ou d’une dépendance excessive sur la présomption, l’inférence ou l’implication.

D. La Redondance

La redondance est un phénomène de sur-détermination qui consiste généralement à mettre en œuvre plusieurs systèmes signifiants pour produire un même sens, par exemple, lorsque je dis à la pâtissière «Je voudrais un éclair au chocolat.» en montrant un éclair du doigt. Je peux aussi intensifier la redondance en montrant un éclair du doigt et en disant «Je voudrais cet éclair au chocolat, là, le gros qui est au fond.»

Note 1: La répétition peut être un vecteur de redondance [théorie(s)], mais toute redondance n’est pas une répétition (dans l’exemple ci-dessus, rien n’est répété).

Note 2 : La redondance n’est pas (forcément) un défaut ou une faiblesse communicative, puisqu’elle sert à renforcer le sens, et s’avère souvent nécessaire pour compenser les effets du bruit.

E. Le Bruit

Tout ce qui peut gêner, interrompre ou empêcher la communication [théorie(s)]. Ce peut être aussi bien «du bruit» accoustique au sens courant, qu’une tâche d’encre sur une page, la personne devant vous qui vous empêche de bien voir l’écran au cinéma, etc.

Le bruit n’est pas un accident extérieur au phénomène de communication, et doit en être considéré comme partie intégrante; nombreux sont les aspects du langage et des autres codes qui ont pour fonction (partiellement au moins) de compenser le bruit: c’est le cas de la redondance.

F. La Référence

Phénomène de renvoi d’un signe à une réalité concrète hors de l’univers du discours. Selon les écoles de pensée, le référent (ce à quoi le signe renvoie) est inclus ou exclus du cadre sémiologique: tout dépend si l’on considère le référent comme une entité physique, ou comme la perception de cette entité à un stade pré-linguistique.

Mais on doit en tous cas distinguer le référent du signifié, concept qui se lie à un signifiant pour former un signe. C’est la référence qui permet d’embrayer le discours sur une réalité extra-linguistique relevant souvent du domaine de connaissance.

G. Le Domaine de connaissances

Tout locuteur dispose d’un domaine de connaissances qui joue un rôle important dans la communication puisqu’il permet d’utiliser la référence, de «parler de quelque chose» et d’être compris sans devoir à chaque fois définir ce dont on parle.

Le domaine de connaissances se distingue du champ sémantique en ce qu’il englobe des objets particuliers; connaître le(s) sens du mot «roi» (sémantique) s’oppose ainsi à savoir qui est «Louis XIV»—c’est-à-dire de posséder un certaine information de type encyclopédique à son sujet.

(On peut ainsi opposer dictionnaire et encyclopédie).

Partager une même culture implique aussi de posséder en commun un domaine de connaissances.

H. L’Implicite

Dans le cadre de la communication, on peut qualifier d’implicite toute information qui n’est pas exprimée linguistiquement mais qu’un locuteur estime transmise. En termes communs, «on dit une chose pour en faire comprendre une autre».

L’implication consiste souvent à effectuer des fonctions communicatives à l’aide d’énoncés qui normalement servent à d’autres opérations: une passager dans un bus qui dit à son voisin, assis près de la fenêtre «J’ai vraiment très chaud; il n’y a pas d’air» (assertion) implique en fait une demande («Pouvez-vous ouvrir la fenêtre?»).

Une question oratoire comporte presque toujours une part d’implicite: «Vous n’avez pas chaud, vous?» («Moi, si!»).

L’inférence se fonde souvent sur l »implication [théorie(s)], mais ne se confond pas avec elle, car les deux sont généralement complémentaires: pour qu’une implication du locuteur réussisse, il faut que l’interlocuteur réalise une inférence qui lui correspond.

Dans l’exemple ci-dessus, le voisin peut inférer que le locuteur attend une expression de commisération, et lui réponde: «Oui, en effet, on étoufffe»—sans ouvrir la fenêtre.

I. La Présomption

Ensemble de prémisses implicites qu’on suppose être vraies a priori, et qui déterminent le sens d’un énoncé ou d’un message. [cf. implication et inférence, ci-dessus] On peut distinguer trois sortes de présomptions: de sincérité, de pertinence, d’ordre.

Exemple : je suis assis dans un restaurant, et une chaise non occupée se trouve à ma table. Un inconnu s’approche et me demande «Excusez-moi, vous avez besoin de cette chaise?»; je lui réponds «Non, allez-y», sur quoi il me remercie et prend la chaise.

L’inconnu a présumé :

  • 1) que c’est moi qui «contrôle» l’attribution de la chaise parce qu’elle se trouve à côté de moi (présomption d’ordre),
  • 2) que je dis la vérité lorsque j’indique que je n’en ai pas besoin (présomption de sincérité), et que je vais répondre à la demande qui m’est ainsi faite (prêter la chaise) plutôt qu’à la question en tant que telle (présomption de pertinence).

Lorsque ces présomptions s’avèrent infondées, de graves incompréhensions en résultent.

Imaginons que, dans un restaurant ne disposant que d’un d’espace réduit, je suis assis très près d’un inconnu, qui quitte momentanément sa place. Arrive un second inconnu qui me demande «Excusez-moi, vous avez besoin de cette chaise?».

La présomption d’ordre (je contrôle la chaise parce qu’elle est près de moi) est ici incorrecte; si je réponds «Non, allez-y», je fausse également la présomption de pertinence, ma réponse s’adressant au sens de l’énoncé plutôt qu’à l’intention communicative (solliciter l’emprunt de la chaise), sans toutefois mentir au sens strict du terme, puisque je n’ai effectivement pas besoin de la chaise…

La présomption de sincérité est correcte, mais elle n’est opérante que si la présomption de pertinence l’est aussi.

La présomption joue un grand rôle dans les dépositions judiciaires où un témoin qui a fait serment de dire «toute la vérité, et rien que la vérité» peut toutefois ne pas dire la vérité sans se parjurer, en réponse à des questions qui reposent sur des présomptions.

C’est donc la responsabilité de l’avocat ou du procureur de poser des questions qui en sont dénuées.

Il est facile d’exploiter la présomption [théorie(s)] à des fins comiques. Exemple classique tiré du Retour de la Panthère Rose de Blake Edwards:

L’Inspecteur Clouzeau entre dans une auberge. L’aubergiste est derrière le comptoir, au pied duquel est assis un gros chien.

Clouzeau, à l’aubergiste: Est-ce que votre chien mord?
L’Aubergiste: Non.
Clouzeau s’approche pour caresser le chien, qui lui mord la main.
Clouzeau: Vous m’avez dit que votre chien ne mordait pas!!
L’Aubergiste: Ceci n’est pas mon chien.

Autre exemple, ce strip de la BD Garfield:

[théorie(s)] – Communication – Garfield ThisIs A Mouse-2

L. Les rôles communicatifs

La théorie de la communication, dans un souci de formuler un modèle aussi général et abstrait que possible, à réduit les communiquants aux qualités d’émetteur et de récepteur, en leur ôtant toute détermination (physique, sociale, psychologique) et en les représentant comme deux entités égales et équivalentes.

Or, en réalité, il est rare (sinon impossible) que les communiquants prennent des rôles équivalents, soit qu’il y ait domination des uns sur les autres (en temps de parole, dans la latitude d’action, dans la faculté de diriger l’échange vers un but, etc.), soit qu’il y ait complémentarité (demander / fournir des information, se plaindre / sympathiser, proposer / critiquer, narrer / écouter, etc.).

Ces rôles, pour être divers, peuvent se ramener à certaines grandes catégories qui recoupent les fonction communicatives, puisque toute fonction implique la participation de l’émetteur et du récepteur.

Mais les rôles sont également déterminés par les schèmes qui facilitent (et restreignent) l’engagement communicatif en spécifiant un nombre limité de modèles à émuler, et partant définissent des rôles reconnus — voire stéréotypés — par chaque culture.


Modélisation de l’Analyse communicative : Paramètres de la communication face-à-face

Analyse communicative – Kafunel.com – communication

Stratégies pour l’Analyse d’une séquence communicative

Cette analyse a pour support le document vidéo Plus Belle la vie, série télévisée favorite des Français, disponible en DVD au labo LLT (ICC 227) et sur BlackBoard (Tools>Media). Pour cet exercice, le corpus se compose d’une série de conversations courtes (2 minutes environ) entre francophones.

Stratégies pour l’Analyse d’une séquence communicative- Kafunel.com -PBLV

Votre travail consistera à présenter l’analyse d’une séquence conversationnelle en classe pour mettre en évidence et commenter les phénomènes communicatifs les plus remarquables qu’on y observe. Vous devez montrer comment cette séquence illustre les principes et les variables de la communication étudiés en classe.

Vous penserez à réserver une place particulière aux phénomènes purement linguistiques (observables en très grande partie à partir du script seul), en les comparant [théorie(s)] aux phénomènes communicatifs au sens large, plus clairement (ou seulement) observables en visionnant et/ou en écoutant le film.

N’oubliez pas de respecter la démarche décrire – analyser – interpréter telle qu’elle est décrite dans le programme du cours.

Attention à ne pas privilégier l’interprétation (ce que les messages «veulent dire») au détriment de l’analyse (comment la communication fonctionne).

Utilisez la synthèse des paramètres de la communication pour repérer et classifier les phénomènes présents dans chaque séquence.

Consignes pratiques:

  • Formez une équipe (deux ou trois personnes)
  • Commencez par choisir la séquence que vous préférez (liste ci dessous): visionnez-les toutes pour vous faire une idée et, lorsque vous avez choisi, envoyez-moi un message électronique avec vos noms et le numéro de la séquence choisie.
  • Transcrivez les dialogues (si vous avez des difficultés, vous pouvez vous faire aider par un/e rancophone)
    Temps imparti: 20 minutes par présentation au maximum (y compris la mise en place, le visionnement de la séquence, qui pourra être répété).
  • Juste avant votre passage, vous devrez me rendre par écrit un plan détaillé de votre présentation (mais pas de texte rédigé)
  • Vous devez parler en vous aidant de notes, mais sans lire un texte rédigé.
  • Vous pouvez utiliser un logiciel de présentation (type PowerPoint) pour faire votre exposé, mais ne vous contentez pas de projeter ce que vous allez dire, et surtout attention au temps (l’utilisation de projections fait souvent perdre du temps…)
  • Chacun des membres du groupe devra participer à la présentation de la façon la plus égale possible. La note sera partagée.

La note reflètera:

  • 1) La justesse et la précision de vos analyses
  • 2) Si vous avez adéquatement perçu, décrit et analysé les phénomènes les plus pertinents en utilisant le vocabulaire technique approprié
  • 3) L’organisation et la cohérence de votre présentation [théorie(s)]

* La qualité de votre français ne sera pas directement évaluée en soi, mais il va sans dire qu’elle influencera la qualité de la présentation.
* Le plan écrit ne sera pas non plus noté en soi, mais servira à évaluer l’organisation de la présentation

L’Analyse:

  • Faites au préalable un très rapide résumé de la séquence pour que tout le monde sache de quoi parlent les personnages.
  • Continuez en déterminant les diverses phases de la conversation (salutation, embrayage, transitions, etc.).
  • Une fois ce résumé terminé, ne racontez/décrivez plus ce qui se passe; vous vous concentrerez sur les phénomènes communicatifs seulement —Stratégie communicative, Déixis (spatiale, temporelle), Stratégie discursive, Activation [théorie(s)] d’un domaine de connaissances (général ou particulier), Implication / Inférence, Présupposition, Présomption (d’ordre, de pertinence, de sincérité), Question(nement) oratoire, Stratégie rhétorique (ellipse, métaphonie, métonymie, euphémisme, hyperbole….), etc. Il faut d’abord identifier un phénomène et expliquer comment il fonctionne.

Attention, pas de psychologie! Il faut analyser ce que les personnages disent (et ne disent pas), ce qu’ils font, et dans quel but communicatif ils agissent ainsi. On ne cherche pas à savoir ou à deviner ce qu’ils pensent et ce qu’ils ressentent.

  • Commencer par décomposer la séquence en phases selon sa structure propre; indiquez le cas échéant les transitions qui sont utilisées (gestes, mots, formules, déplacements…)
  • N’identifiez chaque phénomène qu’une fois pour éviter les redites intulies—sauf si la répétition d’un phénomène mérite d’être signalée parce qu’elle a un sens particulier.
  • Ne parlez que des phénomènes les plus remarquables; dire que l’utilisation de«tu» et d’un niveau de langue familier montre que deux interlocuteurs se connaissent bien n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant à relever dans une conversation.

Attention de ne pas confondre les actes communicatifs volontaires et délibérés, et tout ce qui révèle quelque chose (l’accent est révélateur d’une origine géographique, un certain type de discours peut être révélateur du milieu social ou socio-professionnel, sans qu’il y ait volonté délibérée de les utiliser à des fins communicatives).

Plus Belle la vie

Synopsis de l’intrigue (Saison 1)

Cette série télévisée se situe dans un des vieux quartiers de Marseille, un quartier imaginaire nommé «Le Mistral», au cœur duquel se trouvent un bar, tenu par Roland Marci, et un hôtel, «Le Sélect», tenu par Mirta Torrès.

Lorsque l’histoire commence, le fils de Roland, François, revient du Canada avec sa femme, Blanche, et leurs enfants adolescents, Johanna et Lucas.

C’est la fin de l’été, bientôt la rentrée pour les lycéens et pour Blanche, qui est institutrice; Lucas retrouve avec plaisir son meilleur ami Rudy, le petit-fils de Mirta que celle-ci élève car il a perdu ses parents.

Les Marci ont passé des «vacances de rêve», mais on découvre bientôt que François a caché à tout le monde qu’il ne pouvait pas se permettre les dépenses extraordinaires qu’il vient d’engager…

Quand les Marci arrivent, le bar de Roland est fermé parce que ce dernier est chez Mirta, avec qui il forme un couple très amoureux; pourtant, leur liaison reste secrète car Mirta ne veut pas la révéler aux voisins.

Au même moment, Vincent Chaumette [théorie(s)], brillant architecte parisien, arrive à Marseille où doit le rejoindre sa fille Ninon.

Récemment séparé de sa femme, il a décidé de quitter la capitale et cherche à obtenir un poste auprès de la mairie, grâce à l’intervention de Céline Frémont, une jeune femme dynamique qui admire son travail et dispose d’une grande influence sur son patron, le conseiller municipal Picmal.

Cependant, Ninon n’a aucunement l’intention de rester à Marseille, car elle rêve de poursuivre une carrière de chanteuse à Paris, où elle fait partie d’un groupe; elle s’enfuit de chez son père et disparaît dans la ville.

Par ailleurs, la plus vieille habitante du quartier, Rachel Lévy, vient de recevoir un avis d’expulsion qui la force à quitter l’appartement qu’elle occupe depuis de longues années.

Bien qu’on lui propose de s’installer confortablement ailleurs, Rachel refuse absolument de partir, car trop de souvenirs la lient au Mistral où elle vit depuis soixante ans: pendant la guerre, le père de Roland lui a sauvé la vie en la cachant chez lui.

Très vite, les ennuis commencent pour Ninon: on lui vole son sac et elle se retrouve sans abri, ni papiers ni argent. Heureusement que Rudy—immédiatement séduit par la jeune fille—et Lucas lui viennent en aide, tandis que Vincent, fou d’inquiétude, néglige ses engagements professionnels.

Rachel, enfermée chez elle et désespérée à l’idée de quitter le quartier, fait un malaise et doit être transportée à l’hôpital; en son absence, Mirta décide de l’accueillir dans son hôtel [théorie(s)], où tous ses amis redécorent une chambre exactement comme son ancien appartement.

Mirta héberge également Aïcha, une infirmière Algérienne résidant en France avec un visa temporaire, et qui espère obtenir un permis de travail; mais très vite elle se retrouve dans l’illégalité et craint de ne pas pouvoir obtenir de titre de séjour.

Optimiste et insouciant, François ne semble pas saisir l’ampleur des problèmes d’argent qui le menacent; mais il découvre qu’il ne pourra pas faire face aux dettes qu’il a accumulées en dépit de son emploi bien rémunéré d’ingénieur naval.

Très rapidement, il se retrouve forcé d’augmenter le loyer qu’il fait payer à son père, puis envisage de mettre en vente le bar du Mistral, dont il possède les murs, ce qui risque de faire perdre sa place à son père Roland.

Celui-ci, excédé par l’irresponsabilité de François, lui annonce qu’il fera tout pour empêcher que le bar soit vendu, tandis que Blanche, également furieuse que son mari lui ait menti sur leur situation financière, le chasse de chez eux.
Vincent finit par retrouver Ninon, et parvient à la convaincre de rester à Marseille avec lui.

Roland va, avec une grande appréhension, demander un prêt à sa banque pour racheter le bar à son fils François.

Sa banquière est compréhensive, mais il lui faut passer une visite médicale préalable, et il s’inquiète car il n’a pas vraiment pris soin de sa santé, et il se voit contraint de renoncer à fumer

Johanna se prépare à partir à Grenoble [théorie(s)] pour intégrer une section de sport-études en patinage sur glace; son frère Lucas est ravi, mais Blanche se désespère.

Vincent insiste auprès de Céline pour obtenir un nouveau rendez-vous avec Picmal. Après un refus initial de ce dernier, elle parvient à arranger une rencontre. Grâce à ses efforts, Vincent obtient le poste qu’il espérait et peut ainsi s’installer à Marseille.

Séquences à analyser

Épisode 2

  • 1. Vincent Chaumette cherche sa fille, qui a fugué à la suite de leur dispute. Il entre dans la boutique de Charlotte pour demander si elle l’a vue.
  • 2. François Marci vient voir son père Roland au café du Mistral. Il a de sérieux ennuis d’argent.

Épisode 3

  • 3. Céline Frémont retrouve Vincent Chaumette à la terrasse du Mistral: il a raté un rendez-vous important parce qu’il cherchait sa fille.
  • 4. François Marci a demandé un rendez-vous à son banquier pour tenter de trouver une solution à ses problèmes financiers.

Épisode 4

  • 5. La préposée à la distribution du courrier fait sa tournée. Elle passe chez les Marci et tombe sur Blanche. Parmi les lettres, un pli en recommandé du Trésor Public qui surprend beaucoup Blanche.
  • 6. Rachel est à l’hôpital; elle a fait un malaise parce qu’elle est menacée d’expulsion par son propriétaire, et qu’elle se refuse à quitter son appartement. Roland passe la voir et lui suggère qu’elle devrait s’installer dans une maison de retraite.
  • 7. Lucas cherche Rudy pour récupérer sa clé USB, dont il a absolument besoin pour finir son dossier de candidature à une école de cinéma. Il trouve Rudy et Ninon sur la plage et prend sa clé. Ninon leur demande de passer à l’appartement de son père pour lui prendre quelques affaires.

Épisode 6

  • 8. Lucas se moque de Rudy [théorie(s)], qui semble très contrarié par le départ de Ninon: le grand séducteur semble être tombé fou amoureux de la jeune parisienne!

Épisode 7

  • 9. Mirta rencontre Roland dans la rue; il revient de la banque où il est allé demander un prêt pour acheter le bar du Mistral. Ils voient passer Léo Castelli, l’ancien meilleur ami de Roland avec qui celui-ci s’est fâché lorsqu’il a brusquement quitté Marseille.
  • 10. Léo vient au bar du Mistral. Roland lui fait la tête, mais la conversation s’engage sur le passé, lorsqu’ils jouaient ensemble à la pétanque.
[deux séquences.]
  • 11. C’est le premier jour de cours pour Blanche, qui est très nerveuse. Elle s’étonne de voir Luca levé si tôt et tout pomponné.

Épisode 9

  • 12. Céline vient chez Vincent lui annoncer qu’il a été engagé comme architecte municipal. Vincent, ravi, ne cache guère son enthousiasme envers la jeune femme, tandis que sa fille Ninon se montre beaucoup plus réservée.
  • 13. Rudy et Ninon ne peuvent pas aller à la plage, car il pleut. Arrive Lucas avec Lucinda [théorie(s)], petite amie épisodique de Rudy, terriblement jalouse. Elle lui suggère de se joindre à elle pour une fête privée; Lucas profite de l’occasion pour inviter Ninon chez lui.

Épisode 13

  • 14. Vincent trouve Ninon dans la rue alors qu’elle devrait être au lycée; elle a séché un cours de gym pour passer l’après-midi avec ses amis de Paris qui sont venus lui rendre visite [théorie(s)]. Vincent est mécontent que sa fille soit aussi irresponsable, car elle a déjà raté le bac et lui avait promis d’être plus assidue.

L’Auto-Portrait communicatif

Le but de ce travail est de réfléchir sur votre propre identité de communiquant [théorie(s)], pour dégager des traits qui vous sont spécifiques. La Grande Question qui devra vous guider est de determiner en quoi vos pratiques communicatives reflètent (ou influencent) votre personnalité, et même votre identité: «Je communique, donc je suis».

A lire aussi

Vous utiliserez ce que nous avons appris en classe à propos de la communication, les documents disponibles sur l’internet ainsi que dans vos livres de classe, afin de décrire et d’analyser vos habitudes communicatives de manière aussi précise que possible.

Parmi les facteurs à considérer (liste non exhaustive):

  • Les langues que vous parlez (quand, avec qui, dans quelles circonstances, dans quel(s) but(s)?)
  • Les niveaux de langue que vous utilisez (quand, avec qui, dans quelles circonstances, dans quel(s) but(s)?)
  • Les stratégies communicatives que vous utilisez le plus fréquemment (quand, avec qui, dans quelles circonstances, dans quel(s) but(s)?) N’oubliez pas tout ce qui relève du discursif, du rhétorique, et des domaines non-linguistiques (proxémique, kinésique)
  • Les contextes particuliers où vous utilisez telle langue, tel accent, tel niveau, tel vocabulaire, telle gestuelle, telle prise de distance
  • Éventuellement, les problèmes ou les difficultés que vous rencontrez (ou avez rencontrés) dans le cadre de la communication

Les aspects les plus importants de ce devoir:

  • Déterminer ce qui vous est spécifique, par opposition aux phénomènes d’ordre général; par exemple, changer de niveau de langue lorsque vous changez de contexte est un phénomène universel: lorsque vous parlez à votre professeur ou votre employeur, vous n’utilisez pas d’argot, vous faites plus attention à votre grammaire, etc. Si vous avez un accent régional très marqué, il est normal que celui-ci s’atténue si vous êtes loin de votre région d’origine, et redevienne plus fort lorsque vous rentrez chez vous. Il est aussi très fréquent de créer dans un groupe d’ami ou entre frères et sœurs un vocabulaire fantaisiste que les gens de l’extérieur ne comprennent pas. Ou encore d’utiliser un niveau de langue plus soutenu dans votre deuxième langue (apprise à l’école pour l’essentiel) que dans votre langue maternelle, etc. Il est toujours utile d’être conscient de tels phénomènes, mais vous devez vous montrer plus introspectifs pour arriver à discerner ce qui vous rend unique—pas forcément à cause d’un seul facteur, mais à cause d’une combinaison de facteurs.
  • Organiser votre réflexion et votre texte. Il n’existe pas une structure valable pour tous, puisque chacun, avec son vécu personnel, travaillera sur des données différentes. Pensez en tout cas a considérer tous les aspects de la communication (même si vous ne les abordez pas tous dans votre texte), mais sans dresser une espèce de liste: ce devoir est un essai, pas un catalogue.
  • Exploiter les concepts et les notions étudiés en classe, en utilisant les termes techniques appropriés et en évitant les termes vagues, les affirmations impressionistes, les clichés (attention en particulier au vocabulaire passe-partout: «mot», «phrase», «accent», etc.)
  • Partir de la description (le «comment je communique») pour arriver à l’analyse (le «pourquoi je communique ainsi»), en minimisant l’interprétation: ce devoir n’est pas un journal intime ni une auto-psychanalyse. Si (pour prendre un exemple hypothètique) vous apprenez et utilisez systématiquement des mots polysyllabiques plutôt que monosyllabiques, parce que vous avez constaté que vos interlocuteurs semblent vous accorder plus de respect lorsque vous parlez ou écrivez ainsi, vous n’êtes pas tenu d’analyser les raisons pour lesquelles vous désirez vous attirer ce respect; on entre là dans la psychologie, qui dépasse le cadre de notre cours.
  • Exploiter ce que vous avez appris dans le cours pour faire ressortir des aspects dont vous n’aviez pas conscience au départ. Vous pouvez vous appuyer sur les textes de Yaguello pour vous interroger sur les «idées reçues» qui étaient (ou n’étaient pas) les vôtres au début du semestre, et ainsi retracer une progression de votre conscience et de votre compréhension des phénomènes linguistiques et communicatifs. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce devoir s’élabore de façon progressive, en trois étapes dont la dernière coïncide avec la fin du cours.

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