L’histoire se répète pour certains. Alors qu’elle bégaie pour d’autres. Et les présidents africains en exercice n’en tirent aucune leçon. Critiqués à domicile, hués à l’étranger, par des citoyens en proie à un mal-être expression de leur forte aspiration à la liberté démocratique, à l’expression plurielle.

Le « démocrate » Abdoulaye Wade n’y aura pas échappé pendant ses 12 ans de magistrature. Hué à Chicago en 2008 par un journaliste devenu ministre de Macky Sall. Cette démarche visant à vilipender les gouvernants africains à l’étranger semble devenir la règle, une règle dont a fait sienne la diaspora sénégalaise.

Le président Macky Sall en a fait les frais. Et ses concitoyens à l’étranger n’ont pas attendu la fin de son premier mandat pour le vilipender devant les représentations diplomatiques et institutions internationales. Parce que la diaspora sénégalaise est souvent le poumon d’un Sénégal mal-en-point, qui dit tout haut ce que pensent tout bas ses compatriotes à domicile. Une diaspora qui donne souvent un avant-goût de ce que sera le régime politique de demain.

En 1998, le président Diouf qui s’adressait à l’Assemblée nationale française au palais Bourbon se faisait huer devant cet hémicycle, par ses opposants qui avaient alors exporté le combat démocratique dans l’Hexagone, pour « prendre à témoin l’opinion française » selon les mots d’Amath Dansokho même, appuyé de 27 parlementaires arborant une écharpe.

En mars 2017, pour manifester contre le président Macky Sall, un groupe de personnes a tenté de forcer la porte de la résidence à l’ambassade du Sénégal à Paris. Le même Macky Sall qui a dû faire face, en septembre 2013, à des militants pro-Karim qui ont voulu saboter sa rencontre avec la communauté sénégalaise à Harlem.

Quid de cette liberté de ton devenue un marqueur au niveau de la diaspora ? Elle s’exporte et s’exerce difficilement dans les pays d’origine où la liberté d’expression est souvent réduite voire étouffée. Et où l’opposition, censée porter la voix du peuple, a fini par être « réduite à sa plus simple expression… ».

A domicile, quand les manifestations sont rarement tolérées, souvent déclarées illégales, interdites voire réprimées par les forces de l’ordre, elles sont autorisées et encadrées à l’étranger par ces pays dont nous admirons les avancées et les acquis démocratiques.

Les citoyens africains, sénégalais en particulier, chaque fois que leur chef de l’Etat séjourne à l’étranger, peuvent manifester contre lui, le huer sans risque de représailles. Libres se sentent-ils de pouvoir tout dire sur des élus qui, en retour, les laissent faire en toute impuissance.

Que dire des plus grands sommets internationaux? Les opposants y ont toujours la latitude de s’exprimer, à travers des contre-sommets autorisés, mais tenus à bonne distance des ces conclaves où se décide l’avenir du monde.

Alors que dans les pays sous-développés pour la plupart, les gouvernants contestés pour leur politique intérieure, usent et abusent du bâton pour réprimer des manifestations qu’ils auraient pu encadrer rien qu’avec le cinquième des forces déployées et destinées à mâter des opposants. Comme qui dirait, agneaux à l’étranger, loups à domicile. Diouf, Wade, et aujourd’hui Macky Sall qui n’a pas dérogé à la règle.

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