Dialogue PDCI-FPI - Konan Bédié Affi N'Guessan
Dialogue PDCI-FPI - Konan Bédié Affi N'Guessan

Rendant compte de la rencontre Affi-Bédié, l’édition numérique du journal panafricain Jeune Afrique souligne, en son édition d’hier, que « le FPI ne cache pas son ambition de voir le PDCI prendre la tête d’une coalition anti-Ouattara, à deux ans de la présidentielle 2020 ». Selon Konaté Navigué, président de la Jeunesse du FPI, « la Côte d’Ivoire se porte mal. Il faut que le PDCI sauve la Côte d’Ivoire », ajoute le journal.

Ainsi, ayant échoué  dans sa tentative de réforme social-démocrate du parti, et semblant s’être repositionné sur une ligne confessionnelle  dans la lutte pour la conquête du pouvoir d’Etat en 2020, le FPI tendance Affi N’Guessan escompte enrôler le PDCI comme tête de pont dans un front de salut national anti-Ouattara.

Ces thématiques situent le FPI de Affi N’Guessan aux extrêmes des obédiences idéologiques entre lesquelles se partagent les partis dans les Etats modernes.

Le projet de coalition qui ambitionne d’enrôler  le PDCI dans une tentative de reconquête du pouvoir en 2020 est la nouvelle mouture d’une coalition identitaire et populisteElle n’est qu’unenouvelle version de la coalition de l’opposition (CNC) de 2015. 

Elle demeure fidèle à sa ligne antidémocratique : celle de la lutte de libération nationale contre un ennemi de la Côte d’Ivoire. Elle mobilise, à cette fin, sa stratégie habituelle qui repose sur trois volets : le populisme, le nationalisme identitaire et le confessionnalisme.

Le populisme consiste à dénoncer les problèmes sans jamais apporter de solution, à critiquer la corruption, le népotisme, le tribalisme sans présenter un programme politique, économique, social, cohérent et clair, qui permettrait de lutter contre ces maux.

Le nationalisme identitaire consiste à dénoncer la confiscation de l’Etat par un ennemi et par des intérêts étrangers, et à en appeler à leur éviction par une coalition politique de nationaux dirigés par un chef charismatique. Enfin, le confessionnalisme consiste à définir la lutte politique comme un combat religieux contre des êtres démoniaques et infernaux qui menacent de corrompre l’âme de la nation.

Ces panacées de la nouvelle mouture de la CNC en projet, ne sont que des illusions agitées par des entrepreneurs politiques désireux de se réapproprier le pouvoir d’Etat ivoirien à l’aide d’une idéologie et d’un programme mortifère et désintégrant qui a toujours fait ses preuves dans l’histoire de l’humanité.

D’un point de vue socio-économique, comme le démontrent amplement l’histoire et le bilan calamiteux de la gouvernance  FPI entre 2000 et les premiers mois de 2011 en matière de corruption, de népotisme, de tribalisme, de régression économique et sociale et de brutalité meurtrière, les « solutions » du nationalisme identitaire et du populisme n’ont jamais permis de résoudre les problèmes d’émancipation des peuples. La Côte d’Ivoire a déjà fait les frais de l’expérience ethno-nationaliste et populiste.

D’un point vue politique, l’expérience d’une alliance le PDCI et le FPI s’est achevée dans l’amertume et la désillusion. Le PDCI a fait l’expérience amère de la tentative de sa phagocytose et de son anéantissement par le meurtreLes chefs du PDCI n’échappèrent que par l’exil à l’étreinte mortelle du FPI extrémiste qui ne connait pas le compromis de par sa nature extrémiste.

Le massacre des manifestants pacifiques du PDCI par l’armée du FPI de Laurent Gbagbo et de Affi N’Guessan  en 2004  devrait tenir lieu de viatique mémoriel au PDCI de Henri Konan Bédié. « Quiconque oublie son passé est condamné à le revivre » dit l’adage.

Il semble malheureusement que l’affrontement personnalisé et communautarisé pour le pouvoir dont souffre notre pays, ait poussé certains au PDCI à oublier ces épisodes signifiants de notre histoire, tels la vie des reclus du Golf Hôtel,  et ait occulté la dimension proprement idéologique et axiologique qui donne son sens à l’affrontement politique en démocratie.

 En démocratie libérale, les coalitions politiques sont forcément de nature idéologique et programmatique. Le PDCI ne saurait donc s’allier au FPI de Pascal Affi N’Guessan que sur la base de leurs affinités idéologiques et programmatiques dans le nationalisme identitaire et  confessionnel.

En dépit des camouflages facilités par le caractère personnalisé de notre affrontement politique, le FPI de Affi N’Guessan est, en regard de ses thématiques,  la tête de pont du FPI de Gbagbo-Sangaré, autrement dit du FPI identitaire et anti-libéral d’extrême-gaucheA travers cette alliance, en laquelle les tenants de la ligne universaliste, libérale et républicaine du PDCI perdraient leur âme, l’Ivoirité, version ivoirienne du nationalisme identitaire qui avait initié la destruction de la Côte d’Ivoire, reviendrait par une porte dérobée dans la vie politique ivoirienne.

 Au FPI, tendance Affi et tendance Gbagbo-Sangaré, l’aggiornamento idéologique et programmatique permettant à ces partis de réinvestir la République n’a jamais eu lieu.

La reforme culturelle et mentale permettant aux chefs de ces partis de retrouver la vision  démocratique de la société comme espace de coexistence de la pluralité des peuples, de la confrontation négociée  de leurs représentations et leurs intérêts divergents mais tous légitimes, n’a jamais été entreprise.

Préoccupés d’instrumentaliser la problématique de la réconciliation nationale pour reconquérir le pouvoir d’Etat à des fins privées et pour assouvir leurs ambitions personnelle, les principaux acteurs de notre personnel politique ont fait l’impasse sur cette problématique capitale qui grève le présent et l’avenir du pays.

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