Katowice, la métropole minière polonaise ayant abrité la 24e Conférence des Nations unies sur le climat (COP 24) témoigne par sa situation actuelle de la nécessité d’un changement de paradigme au regard des effets du dérèglement climatique sur cette ville dont la vie sociale et culturelle est largement structurée par l’industrie du charbon. 


De retour dans un pays où il a fait ses études supérieures il y a quarante ans, l’ingénieur des mines et du pétrole Amadou Sy, membre de la délégation sénégalaise pour la COP 24 (3-15 décembre), dit mesurer à Katowice l’ampleur des dérèglements provoqués par les changements climatiques. 

 « A cette période de l’année, la neige était de partout dans le pays. D’octobre à avril. Cela explique que les changements climatiques sont quelque chose de réel. La neige était présente en hiver », se souvient M. Sy, qui a bénéficié d’une bourse de la Pologne après l’obtention de son baccalauréat en 1978. 

Il a été orienté à l’Ecole des mines et de la métallurgie à Krakow, d’où il est sorti avec un diplôme en géologie minière, avec une spécialisation en recherche pétrolière. 

Selon lui, le froid glacial soufflant en ce décembre sur Katowice et la Silésie, région dont dépend la ville minière, est l’un des signes du dérèglement climatique dans cette partie méridionale de la Pologne. 

« Tout a beaucoup changé, surtout à Silésie, une région minière par excellence. Nous sommes sous des mines. C’est la région la plus polluée de la Pologne. Le fait de tenir la COP dans cette ville de Katowice est une décision politique pour attirer l’attention des parties » sur les conséquences du changement climatique, dit-il. 

L’énergie consommée par les Polonais dépendant « à 80 % du charbon », leur dire de ne pas utiliser les énergies fossiles reviendrait à leur demander « d’abandonner leur vécu », tranche l’ingénieur sénégalo-polonais. 

« C’est un aspect culturel et social de leur vécu », a insisté Amadou Sy. Les Polonais dépendent à ce point du charbon qu’ils en sont arrivés à le considérer comme partie d’eux-mêmes, selon M. Sy. 

« C’est un aspect social et culturel. On peut rencontrer une famille entière travaillant dans les mines. Du père au petit-fils en passant par le fils. C’est toute une culture liée au charbon pour ce pays. Dire aux populations de cesser cette pratique, plutôt culturelle, devient une chose pas facile », soutient-il. 

Katowice est « une métropole autour de laquelle se regroupent de petites villes », la décision de tenir la COP 24 dans la ville « la plus polluée de la Pologne » pouvant être vue comme un prétexte visant à « conscientiser les populations sur l’importance des effets du réchauffement sur la planète », estime Amadou Sy. 

L’ancienne capitale du charbon est désormais engagée dans un processus de reconversion, six des huit sites miniers de la ville encore actifs dans les années 1980 étant désormais fermés, selon les autorités locales. 

Ces dernières comptent d’ailleurs rénover les chauffages individuels au charbon pour améliorer la qualité de l’air, dans le but de diminuer la fréquence des épisodes de smog et lutter contre les particules fines.

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