Le tatouage de la gencive est spécifique non pas à toutes les ethnies mais à quelques unes. Pour comprendre cette pratique qui existe chez les peulhs depuis le 19éme siécle, nous nous rendons au quartier Plateau de la commune de Tambacounda chez M. Samba Coumba Ba, président régional de l’association des communicateurs traditionnels.

D’après M. Samba Coumba Ba, c’est vers les années 1800 que les peulhs ont commencé cette pratique. A l’époque, dans le Djolof, une jeune fille qui était sur le point de se marier souffrait d’une maladie buccale la veille.

Pour la soulager ses parents avaient pris l’option d’appliquer dans la partie buccale un médicament traditionnel à l’aide de piqure répétitive de brin de bois.

Quelques jours après, la bouche tatouée au début pour guérir la petite maladie rend encore la fille plus belle en lui procurant un beau sourire. Son futur mari tombe encore plus sur son charme.

Par la suite, toutes les filles du village s’adonnent à cette pratique faisant ainsi le tatouage de la bouche une mode.

Mieux encore ce tatouage devient une exigence pour les jeunes filles qui voudraient se marier. Et celles qui ne suivaient pas cette tendance subissaient les railleries de toute la communauté féminine du village.

Le tatouage s’effectue dans trois régions différentes de la bouche nous précise la femme du doyen des communicateurs traditionnels Samba Coumba Ba. Il peut concerner les lèvres, les contours de la bouche et la gencive.
Mode et Beauté: Tatouage de la gencive, une pratique curative et esthétique 5

Si à ses débuts le tatouage se faisait à l’aide de brin de bois issu d’un arbre appelé oulbi en langue peulh, vers la fin des années 50, ce brin est remplacé par l’aiguille.

Quand à la matière de couleur noire utilisée, il s’agit du fimpi (mot en langue peulh) traduisez par-là de l’arachide grillée jusqu’ à carbonisation. C’est probablement ce qui fait que le tatouage s’éternise.

Mais avant d’obtenir cette beauté que procure le tatouage, la jeune fille pâtira. En effet, en tatouant il y a du sang qui surgit de la partie concernée à petite dose. Et malgré cette saignée, le tatouage se poursuit jusqu’à ce que le sang arrête de couler.

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Une fois terminé, on attache avec un tissu de la tête au menton pour atténuer la douleur de la partie buccale tatouée qui s’est enflée aussitôt. Après une ou deux semaines, la douleur disparait et la jeune fille retrouve la splendeur recherchée.

Enfin le tatouage de la gencive, une pratique esthétique certes, permet de lutter également contre la mauvaise haleine, de fortifier les dents tout en vidangeant du sang inutilisable.

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