Monaco peut se targuer d’être le premier pays entièrement couvert par le réseau 5G, grâce à Huawei. Derrière cette annonce de la principauté se cache un réseau 4G de plus en plus saturé, un pas fait vers le géant chinois que l’Europe regarde de près mais aussi l’ambition d’apparaître comme un haut lieu du numérique susceptible d’attirer entreprises et fonds d’investissements.

C’est le premier pays intégralement couvert par la 5G, et il ne se prive pas de le faire savoir, avec un lancement dans un luxueux hôtel cinq étoiles de Monte-Carlo, un logo omniprésent et des dirigeants qui accordent leurs violons pour vanter en chœur une principauté prête pour la prochaine révolution numérique.

Mais avec un territoire d’à peine plus de 2 km2, il était facile pour Monaco d’arriver premier dans cette course à la 5G lancée en septembre dernier, quand le prince Albert s’est rendu en Chine signer un contrat avec le PDG de Huawei, Ren Zhenfei. Dix mois plus tard, 23 nouvelles antennes ont été disposées sur le rocher de Monaco et des téléphones compatibles 5G de la marque chinoise sont disponibles dans les boutiques Monaco Télécom.

Une 4G qui commence à saturer, assure-t-on à Monaco

Si la principauté plutôt connue pour sa jet set et ses casinos a voulu anticiper cette course mondiale à la 5G, c’est parce qu’elle estime que la 4G commençait à montrer ses limites. Année après année, les smartphones sont utilisés pour de plus en plus d’usages, de plus en plus de photos et vidéos sont échangées et le réseau commençait à être saturé dans ce petit pays qui a une des densités d’habitants les plus hautes au monde.

Frédéric Genta, délégué interministériel chargé de la transition numérique de la principauté de Monaco, prend l’exemple de la célèbre course automobile monégasque pour faire la démonstration : « Si l’on regarde le Grand Prix de Monaco, on voit que tous les ans c’est presque 50% de data en plus que l’on transporte. Et on a vu cette année que d’ici deux ans maximum, la 4G ne serait plus suffisante pour supporter les usages qui sont demandés par les gens. »

L’ambition d’une Smart City

Mais la 5e génération n’est pas qu’une réponse à une future saturation, c’est aussi la promesse de nouvelles technologies, assure Frédéric Genta, avec toujours plus de superlatifs : « La 5G, c’est la technologie du « au moins dix fois ». Au moins dix fois plus rapide, et certains disent 100 fois, au moins dix fois plus de possibilités de connecter des objets. Beaucoup disent que la 5G sera au XXIe siècle ce que l’électricité fut au XIXe. »

« Là où toutes les générations précédentes connectaient les gens, poursuit-il, la 5G permet de connecter l’ensemble de nos vies au numérique comme la santé, les transports, l’énergie, les médias. » Mais aujourd’hui cette ville du futur que décrit Frédéric Genta n’est pas encore tout à fait là ; la navette autonome que propose la principauté fonctionne encore à la 4G, le courrier n’est pas encore livré par drone, et les hôpitaux n’opèrent pas encore à distance.

Un lancement très diplomatique

Plus que technologique donc, l’enjeu de la 5G à Monaco parait pour l’instant demeurer surtout diplomatique et économique. Le lancement en grandes pompes était un moyen pour le Chinois Huawei de rassurer ses 28 partenaires commerciaux européens en montrant que Monaco lui a fait confiance jusqu’au bout, et pour les opérateurs français, la principauté fait aussi office de cobaye. Le patron de Free, Xavier Niel, était présent au titre d’actionnaire majoritaire de Monaco Télécom.

Avant Monaco, le Lesotho avait déjà servi de cobaye

Monaco joue donc ainsi le jeu de l’expérimentation, facile avec son territoire très limité. Une stratégie à laquelle d’autres micro-États peuvent également se prêter, avec sur le continent africain l’exemple du Lesotho.

L’année dernière, l’opérateur Vodacom a choisi cet État enclavé en Afrique du Sud pour un test grandeur nature avec les 500 salariés de la Banque centrale du Lesotho et de la compagnie minière Lets’eng comme cobaye.

En Afrique, la 5G pourrait permettre un accès au très haut débit en faisant l’impasse sur la fibre optique qui nécessite de dérouler des kilomètres et des kilomètres de câbles.

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