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A 21 ans révolus, Ndèye Nogaye Babel Sow est une jeune fille au caractère bien trempé, qui n’a pas froid aux yeux. Ainsi, avec son sens aigu du civisme et sa sensibilité à la cause environnementale, elle n’eut pas hésité à remonter les bretelles à un maire pour une décision qu’elle estimait écologiquement dangereuse. Panafricaniste convaincue, Nogaye est sur tous les fronts pour défendre ses convictions avec hargne. Mais qui est donc cette fille débordante d’énergie ? Sans langue de bois, l’étudiante a accepté de se raconter à SeneNews comme elle ne l’avait fait nulle part : son parcours, sa famille, son coup de foudre idéologique pour l’activiste Kemi Séba, sa vie amoureuse en veilleuse, (…), ses projets ainsi que le portrait-robot de son futur Prince charmant. Nous explorons à travers ces lignes, l’autre facette de la militante anti-conformiste, anti-impérialiste et anticolonialiste. Bienvenu dans le labyrinthe de la tour de Babel. Nous vous y guidons pièce après pièce depuis la fondation à l’état très actuel des travaux.

PORTRAIT-ENQUÊTE.

Décomplexée, désinhibée et extravertie, Nogaye est une étudiante à la langue bien pendue, la tête bien faite, qui a de la suite dans les idées autant qu’elle en a dans les tripes. Du cran et du bagout aussi, elle en a à revendre, et sa grande gueule, elle l’assume. Lycéenne très culottée, cette jeune fille d’apparence frêle et effilée a créé du scandale un jour pour marquer son désaccord face au maire de Sangalkam, Modou Diop, à qui elle avait osé dire sans sourciller : – «Monsieur le Maire, avec tout le respect que je vous dois, allez-vous faire foutre !». La raison de ce rabrouement violent? Le maire voulait faire construire un dépotoir près de son lycée lequel est presque mitoyen d’une école primaire, avec le risque certain d’exposer les enfants aux maladies. En sa qualité de présidente du foyer culturel d’alors de son lycée, Nogaye n’entendait pas laisser faire. Et elle utilisa la manière forte. Elle n’avait qu’à peine 16 ans et sa mère était surveillante dans cet établissement.

Mais quand elle largua sa bombe en pleine figure au maire, l’adolescente n’attendra pas une minute pour jauger l’électrochoc de cette irrévérence. Même rétrospectivement, elle ne regrette pas cette phrase irrévérencieuse prononcée certes, à l’époque, sous le coup d’une certaine insouciance de jeunesse, dont on ne mesurait pas forcément la portée de certains actes. «Ma mère était remontée. Elle avait honte parce qu’elle se dit qu’elle a échoué, que c’est un problème d’éducation. Elle aimait (plutôt) que quand on parle de moi, l’on dise : – Waoh, c’est ta fille ?», relève Nogaye. Mais interrogée sur cet épisode, sa mère dit n’être pas particulièrement surprise parce que sa fille s’est toujours eu du caractère depuis ses 4 à 5 ans.. Son jeune frère Mouhamed Babel Sow, 18 ans, n’était pas lui aussi surpris que Nogaye tacle ainsi le maire. «Je n’étais pas là. Mais lorsque j’ai appris ça, j’ai dit qu’elle avait du cran, elle est courageuse. En plus, elle avait raison».

Toujours au collège, quelle que jeune qu’elle fût, Nogaye Babel Sow avait une conscience politique bien aiguisée et une fibre panafricaniste en ébullition bien avant sa majorité. Actuelle porte-parole internationale de Urgences panafricanistes, son adhésion à cette ONG n’a fait que la sortir de l’ombre, pour en faire une personnalité publique, livrée aux lumières des caméras. Collégienne, ses idées panafricanistes étaient déjà en place, matérialisées par quelques initiatives concrètes comme la création du premier club panafricain de son lycée, «African conscience» qu’elle érigera en mouvement après le BAC.

Une élève brillante au parcours linéaire

Née le 10 janvier 1997, Ndèye Nogaye est la cadette d’une famille de 6 enfants. Elle est entourée d’une grande sœur, de deux jeunes frères et deux jeunes sœurs. Mais sur le plan caractère, elle ne ressemble à aucun membre de la fratrie. À l’âge de 4 ans, elle découvre l’école primaire, à Bambilor (Rufisque). Brillantissime, elle fait un parcours scolaire linéaire et sans faute durant toute sa scolarité. A 9 ans, elle obtient son Cfee. A 14 ans, elle décroche son Brevet de fin d’Etudes Moyennes (Bfem). A l’âge de 17 ans, Nogaye Babel Sow décroche son Baccalauréat avec une «Mention assez bien» au lycée de Sangalkam. Un sésame pour aller étudier en France. Mais elle décline l’offre au nom de ses convictions panafricanistes. Une question de logique et de cohérence. D’ailleurs, Ndèye Nogaye ne comprend pas cette philosophie qui consiste à envoyer les meilleurs Africains étudier en Occident, sachant qu’ils peuvent être tentés de s’y incruster en fin de formation. Ce qui constitue une fuite de cerveaux et une perte pour le continent. Tout compte fait, pour Ndèye Nogaye, il n’en était pas question. «Je voulais continuer mes études en Afrique», dit-elle. Pour sûr, des comportements de ce genre, elle n’en était pas à son coup d’essai.

Oui à Aimé Césaire, non à la France !

Lauréate du Prix Aimé Césaire, en classe de première, elle Ndèye Nogaye ne se présente pas à la cérémonie de remise du Prix. La raison ? Tout simplement parce que la cérémonie avait lieu en France, au collège Louis Le Grand. Inacceptable pour elle parce que ce serait trahir la mémoire du penseur panafricaniste antillais Aimé Césaire. Encore que dans tous ses écrits, cet intellectuel ramenait tout à sa terre d’origine ; en atteste le titre de son célèbre ouvrage : «Cahier d’un retour au pays natal ». En revanche, si le Prix était décerné en Afrique ou dans les Antilles, Nogaye affirme qu’elle irait le récupérer. Ce Prix aussi lui offrait l’opportunité de poursuivre ses études en France avant même le Bac.

Décidée à rester sur sa terre natale pour sa formation supérieure, Nogaye sera donc orientée à l’université Alioune Diop de Bambey par Campusen. Là-bas, elle décroche, en 2015, la Licence1 en ingénierie juridique avec une «Mention assez bien». En 2017, elle obtient sa licence professionnelle en droit administratif et parallèlement un master en Droit privé. De ses parents Nogaye a beaucoup reçu.

Une famille qui ne badine pas avec les valeurs africaines

Ndèye Nogaye est issue d’une famille traditionnaliste, intransigeante avec les valeurs africaines où la décence est non négociable. Avec une éducation à la dure, le dialogue reste toutefois ouvert et émulation intellectuelle de mise. Il s’agit d’une famille «très, très stricte surtout sur le port vestimentaire et les valeurs africaines, et qui est très ancrée dans l’islam», explique-t-elle. Nogaye est la synthèse d’une rencontre entre une enseignante-surveillante générale et d’un docteur vétérinaire entomologiste de forte personnalité, qui ne jure que par le marxisme. La jeune étudiante est, elle-même, nourrie de cette sève marxiste-là. Ce qui explique qu’elle eût lu «assez jeune le Manifeste du parti communiste» et connût la pensée de Karl Marx et Friedrich Engels.

Son père «marxiste, révolutionnaire, assez cultivé» dont elle est complètement admirative, a donc grandement contribué à son épanouissement et sa curiosité intellectuelle. «Mon père, c’est la personne la plus intelligente que je connaisse. (Éclats de rire). C’est la personne qui a un peu réponse à tout..». C’est ce père même qui la challengeait sur des questions politiques ou philosophiques, sur des notions et des concepts. «J’ai eu la chance d’avoir un père très, très cultivé avec qui je passais des nuits entières à discuter du marxisme, de l’exploitation de l’homme par l’homme», se rappelle-t-elle. Si son père vétérinaire a forgé sa personnalité et lui a transmis son amour pour la culture, sa mère, elle, lui a inspiré sa rigueur d’enseignante.

Le foulard fétiche et sobriété dans la mise

Teint clair éclatant, visage juvénile, le blanc immaculé de la cornée de ses yeux donne à l’iris toute sa noirceur. La silhouette frêle, la jeune fille est débordante d’énergie. La décence dans la toilette, Nogaye y tient beaucoup. Héritage familial oblige. La mise toujours correcte, maquillage et port vestimentaire sobres, Nogaye a un foulard à la nigériane, constamment bien nouée. Elle a presque tout pour être une reine de beauté : charisme, culture générale, allure, intellect…

Cultivée et cultivant le leadership depuis son jeune âge, la jeune étudiante est une oratrice éloquente qui fait montre d’une certaine assurance. De forte personnalité, elle n’en a pas moins un caractère bien trempé. Éduquée dans les valeurs africaines et l’islam, n’est pas du genre à fuir les tâches domestiques. Il assure savoir cuisiner tous les plats sénégalais. De nature franche et directe, Nogaye comprendra que dire les choses de manière cash et crue, n’est pas toujours productif.

A la question que voudrais-tu changer dans ta vie si cela t’était possible, elle lâche sans détour : «C’est ma franchise!» «Je pense que stratégiquement, ce n’est pas bien de toujours dire exactement ce qu’on pense», a-t-elle convenu avant de s’empresser de préciser qu’elle ne changerait pas ce trait de caractère, mais essayerait de diluer. Nogaye se rappelle que Kémi Séba lui disait que «c’est de la naïveté» que de penser qu’on peut toujours surfer sur la franchise en tout temps. En tout cas, avec son engagement panafricaniste, elle aura besoin de diplomatie.

Le point de départ d’un engagement

Le panafricanisme latent qui sommeillait en Ndèye Nogaye s’est révélé au grand jour, il y a environ 7 ans. Tout commence ce 20 octobre 2011 alors que le colonel Mouammar Kadhafi est traqué, cerné de toutes parts, malmené, capturé, puis tué par les forces de l’OTAN coordonnées par la France de Sarkozy. Au vu de ces images dégradantes, les interrogations défilèrent dans le cerveau de la jeune fille. Interrogations auxquelles, elle tentera de trouver des réponses. Nogaye se mit alors à chercher, plonge dans les livres avant de faire la belle trouvaille.

Dans sa quête, elle découvrit Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Cheikh Anta Diop… (grandes figures du panafricanisme) et s’abreuva à satiété. L’entrée en contact avec la pensée de ces dignes fils d’Afrique vont raviver sa flamme panafricaniste. Puisque depuis le lycée, Nogaye avait déjà un caractère de meneuse, une leader entreprenante et proactive.

Auparavant, en seconde, elle avait créé un club de civisme et de restitution des valeurs. Tout va s’accélérer lorsqu’elle rencontra l’activiste franco-béninois, Kemi Séba, fondateur de l’ONG Urgences Panafricanistes (UP). Ce fut un coup de foudre idéologique. Peu de temps après cette rencontre, elle sera consacrée Porte-parole internationale de l’organisation et coordonnatrice au Sénégal de l’organisation. Et pour Kemi Séba, ce n’est pas un hasard. C’est à cause de son génie, son abnégation, son courage qu’elle occupe le poste à Urgences panafricanistes. Parce qu’il y avait d’autres aspirants à ce poste.

«Ndèye Nogaye Babel Sow est à l’heure actuelle, à mes yeux, le plus grand espoir politique féminin africain dans le cadre de la démarche de la souveraineté africaine, de l’autodétermination, de la reprise en main de son propre destin. (…) Je l’ai rencontrée, elle avait 16 ans, c’est déjà un petit génie. (…) c’est une étoile, un leader, une jeune fille qui n’a pas peur de la prison, qui n’a pas peur des pressions, qui n’a pas peur des gardes-à vue. C’est une machine politique redoutable», soutient le président de Urgences Panafricanistes. Nogaye Babel Sow et son organisation dirigée par Kémi Séba sont sur tous les fronts : lutte contre l’impérialisme occidental en Afrique, contre les accords de partenariats économiques, contre l’esclavage, notamment en Mauritanie.

Le collectif «France dégage» né en prélude à la première visite au Sénégal du président Macron avait fait de Nogaye son porte-parole. Elle se fera arrêter d’ailleurs, arrêtée dans ce contexte, pendant quelques heures et harcelée moralement, avant d’être relâchée avec 21 autres personnes. Mais pour elle cette arrestation traduit une certaine peur au sommet de l’Etat. «La peur est dans leur camp (ndlr : les autorités. L’Etat du Sénégal donne des ordres pour qu’on m’intimide, moi», ironise-t-elle. Mélomane, Nogaye est très portée vers des musiques engagées notamment de chanteurs panafricanistes. «J’écoute beaucoup de musique – du rap, du reggae- et j’écris tout le temps». Ses chanteurs de prédilection sont aussi ceux qui sont dans ce sillage : Didier Awadi, Elie Kamano, Tiken Jah Facoly, Bob Marley…

Moi, l’Africaine du Sénégal

Toujours son «africanité» prime sa «sénégalité» qu’elle assume pleinement, tout de même. «Je suis amoureuse de l’Afrique. Mon amour pour notre continent est un peu similaire à l’engagement d’une mère de famille à sauver ses enfants. Contrairement à ce que certains pensent, je ne suis pas là pour amuser la galerie ou pour le décor. Je me définis comme un acteur à part entière», a-t-elle répondu à ses détracteurs dans le quotidien Enquête du 09 mars dernier. Une autre preuve de la prééminence de son africanité : en guise de présentation au concours La Voix des Jeunes, elle dit : «Je suis Africaine du Sénégal. Ma vie tourne autour de cette phrase « United States of Africa, Yes we must ». J’ai décidé de participer à Voix des Jeunes parce que c’est une opportunité de trouver des remèdes aux maux de l’Afrique et de les partager avec ceux qui ont les moyens financiers de changer les choses».

Alors que ses mères et grands-mères ont bataillé des années durant pour finalement obtenir la parité, dans les instances électives, sous le magistère du président Wade, Ndèye Nogaye se range du côté de ceux qui pensent que ni la parité ni le féminisme ne devrait être une cause des Africaines parce qu’historiquement les sociétés africaines ont toujours été matriarcales avant l’arrivée du colon. Pour elle, l’urgence de la préoccupation des femmes se trouve ailleurs. C’est la lutte contre l’excision, les violences faites aux femmes et leur non-accès à la terre, etc. Nogaye Babel Sow n’est pas seulement une étudiante brillante, mais elle excelle aussi dans certaines expressions artistiques confirmées par des distinctions reçues.

Une myriade de distinctions

Poétesse prometteuse, grande débatteuse et leader, Nogaye Babel Sow excelle aussi dans l’art oratoire. En atteste les différentes distinctions accumulées dans son parcours. En effet, le recteur de l’université Alioune Diop de Bambey lui a décerné un diplôme de reconnaissance au nom de l’institution, en avril 2017. Un mois auparavant, elle était sacrée «Meilleur débatteur» à «Débattons national», une compétition interuniversitaire. Nogaye Babel Sow obtient au courant du même mois le 1er Prix du concours national de poésie «Le Ver au féminin 2017». Aussi, a-t-elle été championne d’Afrique All Star du concours «Voix des Jeunes» sur l’apatridie tenu à Abidjan, en février 2017. La même année, elle est lauréate du Premier Prix du Cénacle des jeunes auteurs du Sénégal. Avec son tempérament de gagneur, elle ne recule devant rien et rafle tout.

L’année 2016 a particulièrement été bien remplie en distinctions. Nogaye bat le record au concours «Débattons Sénégal» avec (7/7) au mois d’août. En juillet, elle obtenait le certificat de leadership citoyen «Objectif Bac Linguère» décerné par Social change factory. Nogaye a, en sus, obtenu le 1er Prix du concours de poésie universitaire à l’université de Bambey en mai, puis en février de la même année, elle est lauréate du 1er Prix de concours de plaidoirie universitaire à l’université de Bambey. En novembre 2013, le 1er Prix international du Centenaire de l’écrivain et poète antillais Aimé Césaire lui est décerné par Kaicedrat Royal.

En 2011, elle décroche le 1er Prix départemental de poésie. Mais sa toute première distinction remonte à 2008. Il s’agit du 1er Prix du concours Poésie collège. L’écriture a une place importante dans sa vie. «Je suis à mon deuxième livre. J’écris aussi des recueils de poème», confie-t-elle. Son premier livre est intitulé «L’album de toute une vie». Nogaye a, en outre, co-écrit le livre «Mots contre maux» avec le Malien Ibrahim Adiawiakoy et a été marraine du livre «Ma panafricaniste» de ce même coauteur. À la lumière du contenu de ses vers et de sa prose, la jeune auteure semble s’être faite sienne l’assertion de Voltaire qui disait «J’écris pour agir». L’art peut bel et bien rimer avec la foi et les valeurs.

Dieu, le respect, les valeurs et moi…

La piété et la ferveur religieuse sont un legs de ses parents dont elle veut conserver toute sa vie. Du coup, elle ne se voit pas faire ménage avec un non croyant. «Je crois profondément», avoue tout de go celle qui dit avoir en horreur des menteurs, des manipulateurs, les gens malhonnêtes et des messieurs, mesdames, je sais tout. «Je déteste les gens qui jouent aux personnes parfaites, les gens hautains, arrogants, surtout quelqu’un qui ne croit pas en Dieu». Célibataire, la vie de couple n’est pas encore dans les projets à moyen terme de Nogaye Babel Sow. Les urgences pour elle, c’est la libération de son peuple. Et d’ailleurs son futur époux ne doit pas l’épouser sentimentalement seulement, mais idéologiquement aussi. Il doit être panafricaniste dans l’âme. Et ce n’est pas tout. Il se doit d’être «une personne franche, sincère, intelligente surtout et qui ne vit que pour la libération de son peuple, (être) quelqu’un qui (la) respecte».

Lycéenne à la fois belle, brillante et élégance, Nogaye ne pouvait échapper à une longue file de prétendants. A la question, ‘vu que tu es ravissante, il devrait y avoir une longue file d’attente de prétendants pendant tes années de collège et lycée’, elle esquive. Avec un peu d’instance, elle répond de manière brève entre un large sourire : «Pour être sincère, oui ! (Ndlr : il y avait une longue file d’attente), Mais je ne faisais pas attention. Je m’affirmais. Ils (ndlr : les garçons) me voyaient m’affirmer. J’occupais des responsabilités qu’on confiait généralement aux hommes et je faisais de tout un débat. (…)

Le portrait-robot de prétendants

Lumineuse, si vous êtes candidat pour être à la droite de cette luciole, il vous faut émettre sur la même fréquence qu’elle. Conditions à remplir : être d’une intelligence alerte, avoir une foi ferme en Dieu, être ancré dans les valeurs africaines, être humble et honnête. Le tout enveloppé d’un manteau panafricaniste. Précision importante : si tout devrait partir d’un coup de foudre, il faudrait, de préférence, que ce soit un coup de foudre plutôt idéologique que de la fameuse décharge électrique (émotionnelle). Ceci étant clairement énoncé, le boulevard n’est pas toutefois ouvert.

En effet, l’urgence pour Nogaye, c’est d’arracher son «peuple» des dents des loups garous occidentaux. C’est une mission, un sacerdoce pour Nogaye. Donc Cupidon, prière donc de revenir plus tard ! Absorbée par son engagement, la vie sentimentale peut encore rester en veilleuse. Tout compte fait, à 21 ans, Nogaye a encore le temps et le soleil devant elle. «Pour le moment, je ne crois pas qu’une réelle vie privée serait ce qu’il faut pour moi pour la libération de mon peuple». Son engagement est tel que si elle eût été une bonne fée aux pouvoirs magiques illimités, elle mènerait le continent de force ou de gré vers cet idéal. Nogaye se dépense et se déploie avec autant d’énergie pour la bonne cause, persuadée que son combat est plus réaliste qu’idéaliste. «Sérieusement, elle est comme ça depuis le bas âge. Elle n’aime pas l’injustice. Elle défendait les faibles depuis qu’elle était jeune. Donc ça ne m’a pas surpris qu’elle soit coordonnatrice de Urgences panafricanistes», témoigne Mouhamed son frère complice.

Nogaye, incomprise parmi les siens

Zélatrice du panafricanisme, son engagement à Urgences panafricaniste est un don de soi total, désintéressé et sans réserve. «C’est du bénévolat à 300%. Il n’y a pas de salaire mais d’engagement. C’est une question de conviction», assure-t-elle. Entre études et engagement militant, Nogaye est incomprise par certains membres de sa famille. Mais elle peut toujours compter sur le soutien indéfectible de sa mère, entre autres y compris financièrement. «Je la soutiens à 150% voire à 200% parce que je sais qu’elle a toujours été très engagée. Et quand elle s’engage c’est totalement… Elle ne joue pas avec ces choses-là », nous a confié Mme Sow au téléphone. La seule exigence de Madame Sow, c’est que l’engagement de sa fille n’entrave pas ses résultats académiques. Il se trouve que tout est normal de ce côté. «Elle me satisfaisait sur le plan des études. Je lui ai dit tant que tu étudies, je te soutiens».

En fait, Nogaye a maintenu pratiquement ses performances dans le domaine des études et a cultivé sa personnalité. «Dès l’élémentaire, elle a toujours été brillante. C’est depuis l’élémentaire qu’elle a été déléguée. Depuis l’âge de 5 ans, elle s’est toujours affirmée. Je pense qu’elle tient ça de son père». Au finish, maman Sow est en phase avec sa fille. A la question de savoir si elle est préoccupée pour sa fille, Mme Sow dit avoir naturellement quelques appréhensions, mais en tant que croyante, Dieu est au contrôle. «Je la soutiens et je prie beaucoup pour elle». Toutefois, Mme Sow aurait voulu que l’engagement de sa fille ne la conduise pas à sacrifier sa vie privée. «Des fois, j’essaie de la résonner. Je lui dis : – mais Nogaye, tu n’es pas la seule. Tu peux commencer et les autres peuvent continuer après…». Monsieur Sow, pour sa part, se fait des soucis du fait de la très grande exposition de sa fille dans ce combat panafricaniste. Partant, une certaine froideur s’est installée entre père et fille alors même que Nogaye a hérité de lui bien des choses. «On ne se parle pas vraiment, on n’échange pas à cause de mon engagement. Mais c’est une réaction normale d’un papa qui protège sa fille», a admis Nogaye Babel Sow, qui comprend la position de son père. «Il est contrarié et pense que j’aurais dû lui obéir. Il pense que je me sacrifie un peu trop. Mais, c’est ma mission, je ne peux pas la trahir. Il était mon seul soutien à part ma maman. Mais j’ai toujours maman qui m’aime très fort», se console Nogaye.

Si l’on en croit Mouhamed B. Sow à part le père, la maisonnée est à fond avec Nogaye. «Ma mère est 100% avec Nogaye. Tous, frères et sœurs sommes avec elle, on l’accompagne dans tout ce qu’elle fait. Franchement, on (la famille) est fiers d’elle. Mais mon père est un peu contre». Mohamed n’exclue pas, plus tard, d’emboîter le pas à Nogaye et de s’engager dans le combat panafricaniste. Sa proximité avec Nogaye lui donne des idées dans ce sens étant leurs rapports «On est complices, on s’entend très, très bien. (…) Des fois, elle me conseille. Mais dès fois elle me gronde aussi, si je fais une erreur. Et je comprends», explique Mouhamed.

L’ambition de Ndèye Nogaye Babel Sow est d’ouvrir un grand cabinet d’avocats panafricanistes composé de dignes juristes panafricains qui auront notamment pour mission de revoir de fond en comble les constitutions des pays africains dont la plupart sont calquées sur les constitutions des anciens colons. C’est le cas des pays d’Afrique francophone dont les lois fondamentales sont inspirées de la 5è République française. Ce sera le couronnement d’un combat. Sur les réseaux sociaux numériques, rares sont des remarques péjoratives à son encontre Nogaye. Quasiment tous les commentaires d’internautes sur toutes ses interventions sont mélioratifs.

«Mère Theresa» de Sangalkam ?

Ses proches collaborateurs de Urgences panafricanistes peignent une leader charismatique, une manager aguerrie, consensuelle et généreuse, proactive et exigeante, consultant toujours l’équipe avant de prendre ses décisions. «Elle incarne le respect, elle est ouverte et intelligente. Dans l’organisation, elle donne des responsabilités et s’occupe de la coordination», nous a confié M. Paye, le responsable de la commission recrutement et élargissement de l’ONG au niveau national.

Selon lui c’est Nogaye qui a introduit la notion de famille dans l’organisation à tel enseigne que les membres s’appellent frère, ou sœur. Nogaye n’hésiterait pas à prendre sa bourse pour aider des membres en difficultés. «Elle est sociable. C’est une personne qui comprend son équipe, les gens avec qui elle travaille. Elle discute toujours avant de prendre ses décisions», a souligné, pour sa part, M. Kandji de la commission communication. Selon Kandji Nogaye ne se laisse pas piétiner. Quand quelque chose ne va pas, dans l’organisation elle réagit, «se défend corps et âme» et peut avoir «parfois des réactions subites». Serait-on en face d’une future Mère Theresa de Calcutta en devenir ou d’un Abbé Pierre ?

Chroniqueuse depuis 2014 sur la chaîne numérique panafricaine, TV1 Afrique, là-bas aussi, elle ne fait que du bénévolat. Si ce n’est une modeste indemnité de transport parfois.

Par Noël SAMBOU

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