Problématique d’intégration nationale en Côte d’Ivoire : De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara

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Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara
Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara

LA PROBLÉMATIQUE D’INTÉGRATION NATIONALE EN CÔTE D’IVOIRE : de l’État de parti unique sous FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY à la démocratie pluripartisane sous HENRI KONAN BÉDIÉ, LAURENT GBAGBO et ALASSANE OUATTARA .

La fonction de l’Etat moderne, partout dans le monde, est d’unifier la diversité des populations du territoire dans l’égalité et la citoyenneté  sous le RÉGIME de la RÉPUBLIQUE

Elle est aussi de reconnaître et laisser s’exprimer la diversité des catégories et des particularismes de cette population hétérogène, dans la liberté et le respect des droits fondamentaux  sous le régime de la démocratie pluri-partisane.

Conformément à cette fonction le régime de parti unique ivoirien eut à cœur de bâtir la République en rassemblant la diversité des identités ethniques et confessionnelles du territoire dans un projet de construction nationale sous l’action unificatrice d’un État mobilisateur.

LA PROBLÉMATIQUE D’INTÉGRATION NATIONALE EN CÔTE D’IVOIRE : de l’État de parti unique sous FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY à la démocratie pluripartisane sous HENRI KONAN BÉDIÉ, LAURENT GBAGBO et ALASSANE OUATTARA .

Ce projet de construction national devrait être relayé et redéfini dans un sens progressiste, selon l’esprit du temps, sous le régime de démocratie pluraliste.
Les partis politiques qui se sont succédé au pouvoir en Côte d’Ivoire depuis l’avènement de la démocratie pluraliste  ont-ils rempli ce cahier des charges dans les règles de l’art?

1. LE PARTI UNIQUE ET LA PROBLÉMATIQUE D’INTÉGRATION NATIONALE.

Le PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny fut originellement un parti de rassemblement démocratique soucieux de construire l’unité politique du pays. Il fut la truelle institutionnelle de l’oeuvre de construction nationale et de déveoppement.

La Côte d’Ivoire étant, par son histoire, une société culturellement hétérogène, l’œuvre d’intégration nationale et de modernisation fut l’axe directeur du programme politique et de la politique économique du PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny.

Alassane-Ouattara-Guillaume-Soro-Laurent-Gbagbo
Alassane-Ouattara-Guillaume-Soro-Laurent-Gbagbo

Le projet d’intégration nationale constitua l’idée directrice de la gouvernance du PDCI-RDA sous le régime de parti-unique. Félix Houphouët-Boigny eut à cœur d’utiliser le PDCI-RDA pour transformer cette multiplicité de peuples et de coutumes du territoire ivoirien en un seul peuple rassemblé sous une seule et même Loi, celle de la République.

Ce fut la destination politique du PDCI-RDA. L’objectif politique ultime du PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny fut de construire une Nation de citoyens réunis dans un sentiment d’appartenance commune sous un patriotisme d’État.

Cette orientation politique originelle a défini normativement le pouvoir d’État ivoirien comme un moyen au service d’une fin ultime : l’intégration nationale et l’inclusion sociale.

Le régime de parti unique fut, en conséquence, un despotisme éclairé et non pas une dictature liberticide désintégrante et meurtrière.

Le pouvoir d’État ivoirien ne fut pas considéré comme une propriété privée ethnique et un patrimoine communautaire. Il ne fut guère, de même, considéré comme une fin en soi et une idole en Côte d’Ivoire.

2. CE QUI ÉTAIT ATTENDU des PARTIS POLITIQUES sous le RÉGIME de DÉMOCRATIE PLURALISTE.

Dans la continuité de cette vision originelle d’un État bienveillant, le régime de démocratie pluraliste convoquait les partis politiques ivoiriens à poursuivre l’œuvre d’intégration nationale par des chemins différents au moyens d’offres politiques au moyen d’offres politiques élaborés en formalisant les demandes sociales d’une population hétérogène.

De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara
De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara

Il s’agissait pour les partis et pour les candidats du pouvoir suprême de conquérir le gouvernement au moyen de programmes économiques, sociaux et politiques concurrents qui rallient la majorité du vote dans le suffrage universel. (Cf : « Comment reconstruire la représentativité sociale de nos partis politiques pour en finir avec le tribalisme », cedea.net, novembre, 2017  

3. L ‘AMNÉSIE, LA DÉRIVE IDENTITAIRE, L’IDOLÂTRIE DU POUVOIR.

Il semble que certains acteurs politiques dans la postérité du PDCI-RDA et d’autres partis Ivoiriens aient PERDU la MÉMOIRE de NOTRE HISTOIRE NATIONALE.

Ils  ont jeté au rancart le projet de construction nationale et de développement endogène qui passe nécessairement par la construction d’une nation. 

Ils ont dévoyé la fonction des partis, absolutisé le pouvoir et transformé le parti en instrument de prévarication personnelle et d’asservissement du peuple.

Sombrant dans l’idolâtrie du pouvoir et désireux d’en faire l’alpha et l’oméga de l’affrontement politique sous le régime de la démocratie pluraliste, au profit des oligarchies d’appareils, ils méprisent la souveraineté du peuple ivoirien et font peu de cas de son histoire qu’ils n’hésitent pas à réécrire à l’aune de leurs intérêts particuliers.

Depuis les années 1990 ils ont remplacé la problématique démocratique ivoirienne d’intégration nationale par la problématique autocratique de capture oligarchique et patrimonialiste du pouvoir.

L’accession au pouvoir d’Henri Konan Bédié en 1995 et de Laurent Gbagbo qui firent de l’instrumentalisation politique de l’identité ethnique des armes de combat pour une capture oligarchique et patrimonialiste de l’Etat, furent les épisodes marquant de la destruction du programme d’intégration nationale.

Sous Henri Konan Bédié le programme de construction nationale fut rejeté et remplacé par un programme de redéfinition ethnique de l’Etat. Cette redéfinition ethniciste de l’Etat ivoirien fut accentué et approfondie par le FPI de Laurent Gbagbo qui lui donna une tournure confessionnaliste messianique et jeta par dessus bord le socialisme républicain universaliste au profit de l’ethno-populisme différentialiste.

Ces deux dévoiements et reniements déchirèrent gravement l’unité politique du pays qui fut menacé de désintégration avec l’éclosion de projets séparatistes nés des dynamiques centrifuges initiés par la fermeture des frontières ethnique par l’exclusion et les ségrégations.

4. Le RHDP ET LA REPRISE DU PROGRAMME DÉMOCRATIQUE D’INTÉGRATION NATIONALE.

Depuis avril 2011, le programme d’inclusion sociale et d’intégration nationale d’inspiration Houphouëtiste est remis en selle par le RHDP d’Alassane Ouattara qui en avait fait son programme électoral. Mis en œuvre avec brio par le Premier Ministre Amadou Gon, il porte de beaux fruits dans une dynamique de développement endogène dont le renforcement de la démocratie pluraliste devrait assurer la pérennité. Tel est l’enjeu central de la l’élection présidentielle 2020.

Cette remise en scelle du programme démocratique d’inclusion sociale continue d’essuyer néanmoins les attaques des forces inertielles et régressives de l’ethno-populisme qui s’est ancré dans notre espace politique depuis les années 1990.

houphouet-boigny-and-ouattara
houphouet-boigny-and-ouattara

La tentative d’insurrection civile et de coup d’Etat militaire télécommandés des groupements autocratiques de l’échiquier politique ivoirien qui vient d’être déjouée est un moment de cette dynamique inertielle. Les forces du progrès se doivent de la combattre de la manière la plus implacable.

Il importe au point haut dans notre pays de faire barrage aux forces de régression, de renforcer la République d’entretenir la mémoire substantielle de l’houphouëtisme comme politique de construction nationale, de REMETTRE LA PROBLÉMATIQUE DÉMOCRATIQUE D’INTÉGRATION NATIONALE ET D’INCLUSION SOCIALE AU CENTRE DE L’AFFRONTEMENT POLITIQUE IVOIRIEN, D’EN FAIRE LA NORME.

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