Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Kiev pour rencontrer Volodymyr Zelensky. Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre libanais le 1er février 2022 à Ankara.

Recep Tayyip Erdogan à Kiev pour rencontrer Volodymyr Zelensky

Le président turc Recep Tayyip Erdogan se rend à Kiev ce jeudi pour rencontrer son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky… Depuis des mois, Tayyip Erdogan propose sa médiation dans la crise avec la Russie, accusée de préparer une invasion de son voisin.

Le chef de l’État turc a invité le président russe Vladimir Poutine à lui rendre visite dans les prochaines semaines. Tayyip Erdogan estime être bien placé pour jouer les médiateurs, mais aussi parce qu’il a intérêt à apaiser les tensions.

D’un côté, la Turquie est proche de l’Ukraine. La coopération entre les industries de défense turque et ukrainienne ne cesse de se renforcer. Ankara vend à Kiev des drones de combat, qui ont d’ailleurs été utilisés contre les séparatistes pro-russes dans le Donbass.

D’un autre côté, la Turquie s’est nettement rapprochée de la Russie depuis 2016. Moscou lui a vendu un système de défense antiaérienne perfectionné (les S-400), alors même qu’Ankara est membre de l’Otan.

Et Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont pris l’habitude de négocier des compromis dans les zones de conflit où leurs pays sont impliqués, comme en Syrie ou dans le Caucase.

► À lire aussi 

Ankara joue les équilibristes

La Turquie a donc intérêt à maintenir un équilibre entre Kiev et Moscou et bien au-delà, entre l’Occident et la Russie.

Entre, d’un côté, ses engagements vis-à-vis de l’Otan et, de l’autre, ses intérêts réels à coopérer avec la Russie.

Tayyip Erdogan demande à Moscou de renoncer à ses exigences « unilatérales » vis-à-vis de l’Otan et estime qu’une invasion de l’Ukraine « ne serait pas rationnelle ».

Mais dans le même temps, il appelle l’Otan à « écouter la Russie » pour « apaiser ses inquiétudes » et refuse de se joindre aux appels aux sanctions.

le président turc avait déjà refusé d’appliquer les sanctions américaines et européennes après l’annexion de la Crimée en 2014, tout en ne se privant pas de la condamner fermement.

Cette nouvelle crise au sujet de l’Ukraine est un défi pour Ankara, qui tente de ménager les uns et les autres, ses intérêts de part et d’autre, sans avoir à choisir un camp. Mais c’est un équilibre fragile et risqué, qu’un conflit rendrait intenable.

Une position difficile à tenir en cas d’escalade des tensions

En cas de conflit, l’Otan n’apprécierait pas les ambiguïtés d’Ankara, pas davantage que la Russie, et la Turquie ferait face à des pressions de toutes parts, privée de marge de manœuvre, contrainte de faire un choix stratégique entre l’Occident et la Russie.

Or Ankara n’a aucune envie de se mettre à dos Moscou, dont dépend la présence de ses troupes en Syrie – entre autres moyens de pression.

Continuerait-elle à fournir des drones à l’Ukraine ? Faciliterait-elle le passage par ses détroits de navires de l’Otan en direction de la mer Noire ? Appliquerait-elle cette fois-ci les sanctions contre la Russie ?

Il est encore beaucoup trop tôt pour répondre à ces questions, mais elles mettent la Turquie face aux contradictions – certes revendiquées, mais contradictions tout de même – de sa politique étrangère.

► À lire aussi 

Par Kafunel Avec AFP

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici