L’année 2017 a été marquée par l’inauguration, le 7 décembre, de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass. L’économie sénégalaise va-t-elle prendre son envol vers « l’Emergence », projetée à l’horizon 2035, avec les avions qui décollent de cet aéroport futuriste? La question mérite d’être posée, car le gouvernement affiche des chiffres qui prédisposent à une vision optimiste de l’avenir.

Seulement, l’opposition et des institutions internationales pointent un alourdissement de la dette publique. Entre ces deux extrêmes, le patronat significatif, qui milite pour un patriotisme économique, peine à endiguer la concurrence étrangère.

« Après 3 ans de mise en œuvre, le PSe a transformé l’économie sénégalaise dotée d’un bon cadre macro-économique. La croissance économique s’est consolidée. Pour la première fois depuis 40 ans, le Sénégal a enregistré un taux de croissance supérieur à 6% trois années consécutives. Au regard des indicateurs disponibles, l’objectif de 2017 va être atteint. L’inflation reste faible (0.1%).

La tendance à la réduction du déficit se poursuit (4,3 % en 2016, après 4,8 en 2015 et 6,7 en 2011). Le déficit du compte courant aussi continue sa tendance baissière (4,7% en 2016 contre 5,3 % en 2015).

La dette publique reste soutenable à 60,7 % en deca de la norme communautaire de 70 % », ainsi résumait la situation économique du Sénégal le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba, le 4 décembre 2017 à l’occasion du Conseil présidentiel sur la politique économique et sociale.

En clair le taux de croissance est projeté à 6,8 % en fin 2017. Cette tendance haussière de la croissance devrait être effective jusqu’en 2019, selon le gouvernement.

Mieux, informe le Premier ministre, lors de sa Déclaration de politique générale de l’année qui souffle ses derniers airs, en Afrique, la croissance est ressortie à 1, 3 % en 2016, à 2,7 % en 2017 et elle projetée à 3,5 % en 2018. Le Sénégal, selon Mahammed Boune Abdallah Dionne, figure parmi les cinq pays ayant les croissances économiques les plus fortes sur le continent.

L’Etat, à en croire celui-ci, profite de ces « performances » pour lancer de grands projets. Ainsi, le Parlement a approuvé le 11 décembre le projet de Loi n°28/2017 concernant le Programme triennal d’investissements publics 2018-2020 qui porte sur un montant de 6.257,843 milliards de Fcfa. Ce programme a augmenté de 1.466,056 milliards de F Cfa si on le compare au précédent.

Il se dit que cette croissance ne se mange pas. Ousmane Sonko, lors des débats pour l’adoption de Ptip, a déploré le faible pourcentage, à l’avantage du tertiaire, accordé aux secteurs primaire et secondaire créateurs de valeur ajoutée.

De l’avis du leader de PASTEF, en 2012, le secteur primaire bénéficiait de 13,7 % des financements, le secondaire de 21,4 65% et le tertiaire de 65%. Selon les projections de la Direction de la prévision et des études économies (Dpee), évoquées par Sonko, ces rations seront respectivement de 13,8 %, 24 % et 63 % en 2019.

La hausse de la dette en goulot d’étranglement

De plus, 2017 est l’année de la polémique autour de la dette publique. Dès avril, la Banque mondiale, en marge du lancement du rapport d’Africa’s Pulse, avait attiré l’attention des autorités sénégalaises sur les dangers liés à un endettement élevé.

« La dette du Sénégal est soutenable, mais il y a des nuances. Elle ne met pas en danger la stabilité du cadre macro-économique, mais elle coûte cher », avait, dans un langage diplomatiquement codé, déclaré Julio Ricardo Loayza, économiste principal de la Bm.

Au mois de septembre, le Fonds monétaire international (Fmi), à la suite d’une mission de revue dirigée par M. Ali Mansoor, a alerté sur l’augmentation de ladite dette.

« Le service de la dette qui était de 24% des recettes en 2014, pourrait atteindre 30% en 2017 », fait remarquer l’institution, un chouia alarmiste.

Le Fmi, entre autres mesures, propose la réduction des projets d’investissement financés sur ressources propres qui n’ont pas été évaluées par la banque intégrée de projets et une stricte limitation des financements nets du Trésor aux opérations budgétaires de l’année en cours.

De l’huile au coude de Me Wade qui ne va pas s’en servir avec une maladresse d’ours. Conduisant à Touba à la veille du Grand Magal une délégation de la coalition Wattu Senegaal, le pape du Sopi use du talent de l’agrégé en sciences économiques qu’il est pour disserter sur la dette. « Le pays s’est beaucoup dégradé depuis que je suis parti.

Le taux d’endettement est de 65%. J’ai été professeur d’économie et tous les livres que j’ai explorés enseignent que le taux ne doit jamais excéder 17% (Il l’avait laissé à combien en 2012 ?). La situation financière est carabinée », avertit l’ancien président de la République.

« L’endettement reste maitrisé grâce à une politique prudente privilégiant les prêts et emprunts concessionnels sur le marché financier ayant plus de longue maturité…Le service de la dette extérieure s’est établie respectivement en 2017 à 10,9 % des ressources budgétaires et à 9,1 % des exportations de biens et services confirmant la viabilité de la dette sénégalaise », essaie de rectifier le Premier ministre.

Le Patronat crie : « Charbonnier est maître chez soi »

La partie la plus significative du secteur privé national alerte sur la concurrence des entreprises étrangères qui héritent de la part du lion relativement aux marchés publics, dans un contexte de lancement de grands travaux de l’Etat.

Les Assises de l’entreprise tenues au mois de février servent de tribune à Baïdy Agne du Conseil national du patronat pour, de but en blanc, interpeller le Premier ministre sur le rôle que doit jouer le privé national dans la construction de la Nouvelle ville de Diamniadio.

En novembre 2017, Mansour Kama, prenant la parole au Conseil présidentiel sur l’investissement, ne met pas de gants pour dire au président Macky Sall : « Le secteur privé national…n’acceptera pas d’être victime consentante d’un marché monopolisé par les étrangers. Les Grands Projets TER et AIBD sont donnés aux étrangers ».

2018 : « Année sociale »

Qu’à cela ne tienne, le gouvernement, qui a été remanié au lendemain des législatives de juillet 2017, compte faire de 2018 « une année sociale ». C’est dans cette perspective que M. Amadou Ba a listé les projets suivants qui seront financés par le budget 2018 : Programme National des Bourses de Sécurité Familiale (40 000 000 000 F Cfa), Fonds National pour l’entreprenariat rapide (30 000 000 000 F Cfa), Programme national d’Autosuffisance en riz (34 000 000 000 F Cfa), Projet de construction de l’autoroute Thiès-Touba (20 000 000 000 F Cfa), Projet de Train Express Régional (24 000 000 000 F Cfa), PROMOVILLES : (8 000 000 000 F Cfa).

« L’objectif du Président Macky Sall à travers la réalisation de ces grands projets et l’assainissement du cadre macroéconomique est de réaliser une croissance de qualité, qui génère de l’emploi et des revenus, et favorise un développement solidaire et inclusif. C’est ce qu’il appelle «

Le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous », conclut le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan.

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