Le Parlement sud-soudanais a adopté jeudi une loi prolongeant de trois ans le mandat des autorités de transition, dont celui du président Salva Kiir, ce qui pourrait nuire aux actuels pourparlers de paix.

« La loi amendant la Constitution transitoire numéro 5 pour l’année 2018 est par la présente adoptée par le corps législatif national », a déclaré le président du Parlement Anthony Lino Makana, après que la loi eut été adoptée à l’unanimité.

Le Soudan du Sud est depuis 2015, et la signature d’un accord de paix, dirigé par des autorités de transition, aussi bien au niveau de l’exécutif que du législatif.

Aux termes de cet accord, leur mandat expire en août 2018. Le gouvernement a présenté ce projet de loi en arguant que la prolongation du mandat des autorités de transition était nécessaire pour éviter un vide institutionnel.

« Nous pensons que la procédure est légale et que le gouvernement devrait avoir un nouveau mandat jusqu’à ce qu’un (nouvel) accord (de paix) soit signé », avait déclaré à l’AFP Gabriel Roricjur, leader de l’opposition au Parlement, après l’adoption du texte en première lecture la semaine passée.

Mais les interprétations divergent à Juba sur ces amendements déposés par le ministre de la Justice.

Un député interrogé par l’AFP sous couvert de l’anonymat avait ainsi estimé qu’ils montrent que le gouvernement et le chef de l’État Salva Kiir « ne sont pas prêts à signer un accord de paix avec les rebelles ».

De son côté, James Okuk, professeur de sciences politiques à l’université de Juba, y voyait plutôt un moyen de pression du gouvernement sur les rebelles. « C’est un signal envoyé à l’opposition qui dit en substance : +Si vous n’accélérez pas dans la recherche d’un compromis en vue d’un accord de paix, nous irons de l’avant+ ».

Le bloc régional est-africain Igad a relancé des pourparlers de paix entre les deux principaux protagonistes de la guerre civile, le président Kiir et son ancien vice-président, Riek Machar.

Le deux hommes se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu entré en vigueur le 30 juin. Le 6 juillet, ils ont convenu de retirer leurs forces des « zones urbaines », dans le cadre d’un accord portant sur la sécurité signé à Khartoum.

Et le lendemain à Kampala, ils ont signé un accord de partage du pouvoir qui doit voir le chef rebelle Riek Machar retrouver son poste de vice-président.

Les négociations entre les deux camps se poursuivent en vue de la signature d’un nouvel accord de paix global, en attendant l’organisation d’élections.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011. Le pays s’est enfoncé dans une guerre civile fin 2013 quand M. Kiir a accusé M. Machar de fomenter un coup d’État. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

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