Le rendez-vous électoral du Sénégal se prépare dans un climat de tension sur fonds de désaccords aussi profonds qu’ils ne l’ont jamais été, depuis la présidentielle de l’an 2000 qui a consacré la première alternance pacifique et démocratique.


Toutes les concertations initiées par le pouvoir en place dans le cadre de la préparation de cette élection ont été boycottées par une partie de l’opposition.

Au regard de tout cela et des actes posés par les deux camps, aussi bien de la majorité que de l’opposition, y a-t-il encore une opportunité pour la médiation ?

Enjeux et défis pour un scrutin transparent, crédible et apaisé.

On pourrait se poser légitimement la question lorsque le Président de la République, Macky Sall, à l’occasion de la prière de l’Aïd El- Kebir (Tabaski, août 2018) déclare qu’il ne reste plus qu’à aller à l’élection dans l’impossibilité de dialoguer.

Dès Lors, le contexte qui précède cet important rendez-vous électoral est loin d’être apaisé compte tenu des vives tensions au sein de la classe politique avec notamment des divergences sur la conduite du processus électoral.

Cette situation est accentuée par les controverses politico-judiciaires sur l’éventualité où la recevabilité de candidature de potentiels adversaires du Président de la République sortant qui ambitionne de rempiler pour un second mandat.

Le parrainage de l’enfer des politiciens fantômes 

Dakar, le 05 Septembre 2018³ : Manifestation de l'opposition sénégalaise pour réclamer l'organisation d'une élection transparente, plusieurs leaders malmenés et arrêtés
Dakar, le 05 Septembre 2018³ : Manifestation de l’opposition sénégalaise pour réclamer l’organisation d’une élection transparente, plusieurs leaders malmenés et arrêtés

La loi sur le parrainage, très controversée du reste, est venue compliquer la situation, avec les incertitudes et suspicions qui pèsent sur les modalités d’application de ce système de sélection, qui comporte des risques d’élimination de certains candidats, du fait de la complexité de cette opération qui porte en elle les germes d’un contentieux pré-électoral, dont personne ne peut prévoir les conséquences.

Le principal parti d’opposition en l’occurrence le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et ses alliés, ainsi que d’autres partis, continuent de récuser le Ministre de l’Intérieur, Monsieur Aly Ngouye Ndiaye, soupçonné d’être partisan et incapable de neutralité, du fait de son appartenance au parti au pouvoir.

Malgré les contraintes du système de parrainage, les déclarations de candidature se multiplient avec un chiffre avoisinant la ¨quarantaine.

Ainsi, à l’occasion de la réunion convoquée le 27 aout dernier par le Ministre chargé des élections pour la remise des formulaires de collecte de signatures, près de quatre-vingts (80) coordonnateurs nationaux se sont présentés avant que le chiffre n’évolue pour dépasser la centaine.

Manifestation de l’opposition sénégalaise pour réclamer l’organisation d’une élection transparente, plusieurs leaders malmenés et arrêtés

Ce contexte est aggravé par les difficultés sociales et économiques que le Sénégal vit du fait de plusieurs facteurs dont la crise financière aiguë,caractérisée par une dette intérieure⁴ très lourde, qui plombe la marche des affaires`causant l’arrêt de plusieurs chantiers au niveau des infrastructures de la nouvelle ville de Diamniadio et la construction de routes.

Les fortes perturbations qui ont marqué le front social avec de multiples contestations et grèves dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice sur fond de revendications salariales ou matérielles pèseront sur l’élection présidentielle.

Contexte d’une élection à  »hauts risques »

Analyse - Présidentielle du 24 Février 2019 au Sénégal : le contexte d'une élection à « hauts risques » 1

D’autres phénomènes comme les problèmes d’approvisionnement en eau⁵ de plusieurs quartiers de la capitale, les controverses dans le secteur du commerce et de la distribution relativement à la présence de grandes firmes étrangères ont contribué à accentuer le mécontentement des populations.

La mauvaise campagne arachidière de l’année 2018 ainsi que les retards pluviométriques inquiétants de cette année ont fortement fragilisé le monde rural où la situation alimentaire s’est beaucoup détériorée avec près de 750.000 ménages menacés parla famine⁶ (chiffres officiels du gouvernement).

A cela s’ajoute la difficulté,pour le pouvoir sortant, de trouver une solution à la lancinante question du chômage des jeunes car, en effet, c’est par centaines voire par milliers que les jeunes empruntent les pirogues ou le désert pour tenter de rallier l’Europe via le Maroc ou la Libye.

Le rapport annuel de Amnesty International de 2018 qui a épinglé le Sénégal sur la question des droits de l’ homme et l’instrumentalisation de la justice est venu ternir l’image de la classe dirigeante aux affaires.

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A suivre …

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