Une entreprise néerlandaise veut lancer une application qui permet d’enregistrer le consentement sexuel entre deux personnes. Son nom: LegalFling. Cette nouvelle technologie, née dans la foulée des mouvements #balancetonporc » et #metoo génère quelques critiques.
C’est une phrase du Premier ministre suédois – rapportée notamment par la tribune controversée du Monde signée par Catherine Deneuve – qui donna l’idée à Arnold Daniels, Rick Schmitz et Martijn Migchelsen, trois entrepreneurs néerlandais de lancer le projet de cette application de contrat sexuel avant l’acte.
« Vous devez demander à la personne si elle veut avoir des relations sexuelles. Verbalement ou par écrit ce serait préférable! », s’était ainsi exclamé le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven.
Une phrase alors moquée sur les réseaux sociaux mais qui s’inscrit dans un projet de loi du gouvernement suédois pour l’obtention d’un consentement explicite avant toute relation sexuelle. Un texte qui pourrait être appliqué dès juillet prochain.
Une appli qui s’appuie sur une blockchain
Toujours en développement, l’application LegalFling repose sur une « blockchain », une technologie comparable à celle employée pour le bitcoin. Celle-ci peut se schématiser en une chaîne de blocs où sont enregistrées à intervalles réguliers de manière sécurisée toutes les informations fournies par les utilisateurs.
« Le sexe devrait être amusant et sûr, mais de nos jours beaucoup de choses peuvent mal tourner »
Concrètement, une personne lambda, après avoir passé un agréable moment (un bon dîner par exemple) avec un éventuel futur partenaire, peut envoyer à ce dernier via son smartphone un « Fling » (« aventure » ou « flirt » en français).
Cette demande de consentement sexuel apparaît alors sur l’écran d’accueil du ou de la destinataire. Ce dernier (ou cette dernière) peut ensuite y répondre favorablement ou pas, et même préciser pour quoi il (ou elle) est d’accord: utilisation d’un préservatif, langage fleuri, prendre des photos ou filmer, etc.
« ‘Non’ veut dire ‘non’ à tout moment »
« Le sexe devrait être amusant et sûr, mais de nos jours beaucoup de choses peuvent mal tourner. Pensez aux vidéos non désirées, à la rétention d’informations sur les MST et à la reconstitution offensante du contenu pornographique », peut-on lire sur le site internet de LegalFling. Les créateurs de l’appli précisent d’ailleurs que l’utilisateur peut aussi l’employer avec un partenaire de longue durée, et que l’on peut changer d’avis à tout moment.
« ‘Non’ veut dire ‘non’ à tout moment, être évanoui pendant l’acte veut dire également « non » et annule de facto le contrat », stipule également le site internet de l’appli. Mieux, la blockchain apporterait la solution dans les affaires de viol, puisqu’il matérialise le consentement sous la forme d’un contrat.
Pas si simple, dénoncent les détracteurs de LegalFling, qui s’interrogent sur la légalité réelle du contrat passé. Les prédateurs sexuels savent très bien utiliser les nouvelles technologies. Et comment prouver que l’accord n’aura pas été donné sous la contrainte?
Face à ces critiques, Arnold Daniels a nuancé et précisé que le contrat consistait seulement « à rendre les règles très claires » dans « un monde qui change ». Reste à savoir évidemment si l’on veut d’un monde où l’on doit passer par la technologie avant d’avoir une relation sexuelle.