Au Nigeria, « I Read », la première bibliothèque mobile du pays

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Des livres dans une camionnette d'I-Read, le 30 janvier 2018 à Lagos, au Nigeria
Des livres dans une camionnette d’I-Read, le 30 janvier 2018 à Lagos, au Nigeria

Funmi Ilori n’a jamais réalisé son rêve de fonder la plus grande bibliothèque d’Afrique. Mais finalement, quinze ans plus tard, elle a fait mieux: elle conduit des petites camionnettes remplies de livres dans les quartiers défavorisés de Lagos pour apprendre aux enfants le goût de la lecture.

« Les lecteurs deviennent quoi? », lance-t-elle à une quinzaine de gamins, assis sur des petits tabourets en plastique dans un camion aménagé en salle de lecture. « Des leaders! », répondent-ils en coeur.

Cet après-midi, la camionnette d’I-read (qui signifie « Je lis ») fait escale devant l’école primaire Bethel, dans le quartier populaire d’Ifako, en plein coeur de la tentaculaire ville de Lagos, capitale économique du Nigeria.

Dans la cour, toboggans et balançoires « tape-fesses » rouillent dans l’humidité ambiante. La directrice Ruth Aderibigbe reconnaît que les quelque 200 élèves de son école n’ont à leur disposition que les manuels scolaires. Car « les livres coûtent chers ».

Alors, quand « I Read » a toqué à la grille de l’école il y a deux ans, elle a accueilli l’initiative avec joie. « Les enfants qui sont dans le programme ont fait de grands progrès de lecture et de dictée en anglais », confie la directrice.

Assis dans le camion, un petit garçon d’une dizaine d’années agrippe « L’autre moitié du soleil », célèbre roman de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Le livre est visiblement passé entre beaucoup de mains: sa tranche peine à retenir les pages.

– Romans dans un panier –

Des élèves de l'école primaire Bethel lisent dans une camionnette d'I-Read, le 30 janvier 2018 à Lagos, au Nigeria
Des élèves de l’école primaire Bethel lisent dans une camionnette d’I-Read, le 30 janvier 2018 à Lagos, au Nigeria

Cette grande figure de la littérature moderne africaine a lancé la controverse fin janvier en s’indignant d’une question posée par une journaliste française lors de son passage à Paris. « Y a-t-il des librairies au Nigeria? », lui avait demandé, avec une certaine ironie, la modératrice du débat « La Nuit des Idées ».

« Je pense que votre question donne une mauvaise image des Français », avait répondu Chimamanda Adichie du tac-au-tac, regrettant ensuite dans un post viral posté sur Facebook le « racisme » et les « préjugés affligeants » qui entourent la vision des Français sur l’Afrique.

Funmi Ilori a entendu parler de la polémique et reconnaît que la question l’a blessée. Mais pour elle le problème est ailleurs. Elle consacre d’ailleurs toutes ses journées à tenter de le résoudre.

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