Aux Etats-Unis, l’avortement n’est plus un droit fédéral. Des personnes manifestent à la suite de l’annulation du jugement autorisant l’avortement aux Etats-Unis, devant la Cour suprême, à Washington, le 24 juin 2022. La Cour suprême, dominée par les juges conservateurs, a remis en cause, vendredi, l’arrêt Roe v. Wade de 1973 et renvoyé aux Etats le soin de légiférer sur cette question.
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Avortement aux Etats-Unis n’est plus un droit fédéral
Les Etats-Unis s’engagent dans une régression historique, en remettant en cause un droit constitutionnel acquis par les femmes il y a un demi-siècle.
La Cour suprême a décidé, vendredi 24 juin, de mettre à bas l’arrêt Roe v. Wade, qui autorisait le recours à l’avortement dans l’ensemble du pays.
Depuis 1973, cet arrêt a fait l’objet d’un assaut méticuleux et richement doté de la part de la droite chrétienne la plus conservatrice.
Mais ce sont les trois nominations de magistrats effectuées sous la présidence de Donald Trump qui ont bouleversé l’équilibre de la Cour suprême et ouvert la voie à ce retour en arrière.
Ses répliques juridiques, sociales et politiques risquent de bouleverser le pays. Selon Joe Biden, par cette « erreur tragique », la Cour suprême « ramène littéralement le pays cent cinquante ans en arrière ».
Depuis la fuite d’un brouillon de la décision dans la presse
Les intentions de la majorité conservatrice des juges (six contre trois) étaient connues depuis la fuite d’un brouillon de la décision dans la presse, début mai.
La décision publiée vendredi, qui répond à une loi du Mississippi interdisant l’avortement au-delà de quinze semaines de grossesse, a néanmoins suscité un choc immense.
Elle confirme l’approche dite « originaliste » de la Cour, qui retient une interprétation littérale de la Constitution américaine : ce qui ne serait pas explicitement mentionné ne relèverait pas d’un droit inaliénable.
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Plus la référence à un droit est ancienne, plus celui-ci serait légitime, et peu importe l’évolution de la médecine et des mœurs, l’affirmation de l’égalité hommes-femmes.
La Constitution ne fait pas référence à l’avortement
« La Constitution ne fait pas référence à l’avortement », écrit le signataire de la décision, Samuel Alito.
Celui-ci rejette l’idée que l’interruption volontaire de grossesse (IVG) puisse relever du droit à la vie privée, argument retenu dans l’arrêt Roe v. Wade.
Il note que l’avortement « n’est pas profondément enraciné dans l’histoire et les traditions de la nation » et que la décision de 1973 était « erronée de façon flagrante et profondément dommageable ».
Le juge Alito considère qu’à l’époque la Cour « a usurpé le pouvoir de traiter une question d’une importance sociale et morale profonde que la Constitution laisse sans équivoque au peuple ».
Des pancartes s’en prenant à des juges de la Cour suprême, après l’annulation du jugement Roe v. Wade, devant l’institution, à Washington, le 24 juin 2022.
Des pancartes s’en prenant à des juges de la Cour suprême, après l’annulation du jugement Roe v. Wade, devant l’institution, à Washington, le 24 juin 2022.
Les Etats-Unis en territoire inconnu
Il est temps, dit-il, de « renvoyer le problème de l’avortement aux représentants élus ».
Selon la Cour, il reviendra à chaque Etat de déterminer sa propre législation en la matière, en interdisant l’avortement, en le limitant drastiquement, comme l’a fait le Texas dès septembre 2021, ou bien en l’autorisant largement.
« Les femmes ne sont pas dépourvues de pouvoir électoral ou politique », note aimablement Samuel Alito, les invitant à participer au débat public et à influer sur leurs élus.