Au-delà du 2 avril, comment diriger le Sénégal pour un président illégitime ? Le 3 juillet 2023, le président Macky Sall annonçait qu’il ne serait pas candidat à un troisième mandat pour l’élection présidentielle de 2024. Alors que l’opposition lui prêtait depuis des mois l’intention de briguer un troisième mandat, jugé illégal à leurs yeux, Macky Sall a tout simplement décidé de ne pas s’engager dans cette voie.
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Comment diriger le Sénégal au-delà du 2 avril pour un président illégitime
Le 2 avril 2024, le mandat du président Macky Sall prendra fin. Selon la Constitution sénégalaise, il ne peut pas se représenter pour un troisième mandat.
Pourtant, il n’a pas organisé l’élection présidentielle qui devait avoir lieu le 24 février 2024. Il a invoqué la crise institutionnelle avec des accusations de corruption de deux des sept sages du constitutionnel dont Amadou Ba, son candidat est le corrupteur.
Il a également dissous l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, les deux institutions chargées de contrôler la régularité du processus électoral. Il s’est ainsi arrogé tous les pouvoirs et s’est mis en marge de la légalité républicaine.
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Face à cette situation, l’opposition et la société civile se sont mobilisées pour dénoncer ce qu’ils appellent un coup d’État constitutionnel. Ils ont organisé des manifestations pacifiques dans tout le pays, malgré la répression des forces de l’ordre.
Ils ont également saisi les instances régionales et internationales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA), pour demander leur intervention. Ils ont enfin appelé à la désobéissance civile et au boycott des institutions illégitimes.
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Dans ce contexte de crise politique majeure, comment Macky Sall peut-il diriger le Sénégal au-delà du 2 avril ? Quelle est sa légitimité aux yeux des Sénégalais et de la communauté internationale ?
Quels sont les risques de déstabilisation du pays et de la sous-région ? Quelles sont les perspectives de sortie de crise ?
Cet article se propose d’analyser ces questions en s’appuyant sur les éléments suivants :
- – Le bilan du second mandat de Macky Sall, marqué par des réformes controversées et une gestion contestée de la pandémie de Covid-19 ;
- – Les raisons du report de l’élection présidentielle, entre contraintes sanitaires et calculs politiques ;
- – Les réactions de l’opposition et de la société civile, entre résistance pacifique et radicalisation ;
- – Les positions des acteurs régionaux et internationaux, entre soutien prudent et condamnation ferme ;
- – Les scénarios possibles pour l’avenir du Sénégal, entre dialogue, médiation et confrontation.
Macky Sall a été élu pour la première fois en 2012, puis réélu en 2019
Selon la Constitution sénégalaise, le président de la République est élu pour un mandat de sept ans, renouvelable une seule fois.
Macky Sall a été élu pour la première fois en 2012, puis réélu en 2019. Il ne peut donc pas se représenter pour un troisième mandat.
Mais il peut, en théorie, prolonger son mandat en cas de circonstances exceptionnelles, comme une guerre ou une catastrophe naturelle.
C’est ce qu’il a fait en invoquant la pandémie de Covid-19 et la menace terroriste qui pèsent sur le Sénégal.
Mais cette prolongation est-elle conforme à la Constitution ?
Pas selon l’opposition et les juristes qui dénoncent un coup d’Etat constitutionnel. Ils estiment que Macky Sall n’a pas respecté les conditions requises pour déclarer l’état d’exception. Il aurait dû consulter le Conseil constitutionnel, le Parlement et le peuple sénégalais par référendum.
Or, il n’a fait qu’annoncer sa décision lors d’une allocution télévisée, sans aucune consultation préalable. Il a également dissous le Conseil constitutionnel et le Parlement, les deux institutions chargées de contrôler la légalité de ses actes.
L’opposition et la société civile ont donc appelé à la mobilisation générale pour faire respecter la Constitution et exiger le départ de Macky Sall.
Des manifestations massives ont eu lieu dans tout le pays, malgré la répression des forces de l’ordre.
Des violences ont éclaté entre les manifestants et les forces de sécurité, faisant plusieurs morts et blessés. Le climat politique est tendu et le dialogue est rompu entre le pouvoir et l’opposition.
Comment Macky Sall compte-t-il diriger le Sénégal dans ces conditions ?
Il a affirmé qu’il continuerait à assurer ses fonctions de président de la République jusqu’à ce que la situation se stabilise.
Il a promis de mettre en œuvre des mesures pour lutter contre la pandémie et le terrorisme, ainsi que pour relancer l’économie et réduire les inégalités sociales. Il a également appelé au calme et au respect de l’ordre public.
Mais ces promesses sont-elles crédibles ? Pas selon ses détracteurs qui l’accusent d’avoir échoué à résoudre les problèmes du pays pendant ses deux mandats.
Ils lui reprochent notamment d’avoir aggravé la pauvreté, la corruption, le chômage, l’endettement et la dépendance vis-à-vis des puissances étrangères.
Ils lui reprochent également d’avoir réduit les libertés publiques, muselé les médias, persécuté les opposants et favorisé ses proches.
Le Sénégal est donc confronté à une crise politique majeure qui menace sa stabilité et sa démocratie.
Macky Sall apparaît comme un président illégitime aux yeux d’une partie importante de la population.
Il risque de se retrouver isolé sur la scène nationale et internationale. Il devra faire face à une contestation populaire qui ne faiblit pas. Il devra également gérer les conséquences sociales, économiques et sécuritaires de la crise.
Le Sénégal a besoin d’une sortie de crise pacifique et démocratique. Mais comment y parvenir ? Quelles sont les solutions possibles ? Quel rôle peuvent jouer les acteurs politiques, les institutions, la société civile et la communauté internationale ?
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