Le stade 3 de l’épidémie Covid-19 est un des faits réels en France. Actuellement au niveau 2 dans la stratégie de lutte contre le coronavirus, la France avance « inexorablement » vers le stade épidémique après un nouveau bond des contaminations, vendredi 6 mars, qui porte le bilan à 577 cas et 9 décès, depuis janvier.

La Bourgogne-Franche-Comté compte 165 cas de Covid-19 confirmés (actualisé mercredi 11 mars, 18h). Le passage au stade 3 de l’épidémie est évoqué depuis plusieurs jours. Alors à quoi faut-il s’attendre ? Quelles mesures seront annoncées ?

l devrait arriver « dans les prochains jours » répétait encore mardi soir le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, à propos du passage au Stade 3 de l’épidémie de coronavirus Covid-19.

Ce jeudi 12 mars, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français. Il a annoncé la fermeture des écoles mais sans mentionner un possible passage au stade 3. Celui-ci semble imminent. Mais à quoi correspond-t-il ? Quelles mesures peuvent être prises ?

Les 4 phases de l’épidémie

En France, depuis le plan « pandémie grippale » mis en place en 2011, chaque épidémie est divisée en quatre phases, auxquelles correspondent des mesures spécifiques. En phase 2, l’objectif est de « freiner la propagation du virus ». Une recheche systématique des personnes ayant été en contact avec une personne testée positive est ainsi lancée. 

En phase 3 (le stade 3), le virus circule de manière active sur le territoire. L’objectif est alors d’atténuer les effets de la vague épidémique. Cette phase dure en général de 2 à 3 mois avant un retour à la normale.

© plan national de prévention et de lutte (2011)
© plan national de prévention et de lutte (2011)

Eviter la saturation du système de santé

Dans le plan national de prévention et de lutte, le stade 3 est ainsi décrit. « L’augmentation rapide du nombre de cas signe le début de la vague épidémique. Le stade 3 marque l’arrêt de la surveillance individuelle des cas par l’Institut de veille sanitaire. Il s’agit dès lors de limiter la contagion par des mesures barrières, de réduire la charge sur le système de santé, de limiter l’absentéisme au travail, de renforcer la capacité de réponse sanitaire. »

« L’ensemble du système médical se met en tension » – Olivier Obrecht

Au stade 3, l’épidémie est là. La prise en charge des patients change. « Sur le plan médical, l’important du stade 3 c’est que l’ensemble du système médical se met en tension, avec les médecins traitants et on laisse les patients malades au maximum dans leur univers de vie habituel » explique directeur adjoint de l’ARS, Olivier Obrecht.

« En cas de saturation des moyens sanitaires, des priorités de traitement devront être appliquées » – plan national de prévention et de lutte
 

Les opérations non urgentes déprogrammées

A partir du déclenchement du stade 3, les médecins généralistes peuvent prendre en charge « les malades n’exigeants pas une prise en charge lourde », prévoit le plan national de prévention et de lutte. Ces malades peuvent être maintenus à domicile. Les hôpitaux prennent alors uniquement en charge les patients aux symptômes les plus sévères nécessitant une hospitalisation.

Ce vendredi soir, sur consigne du ministère de la santé, tous les établissements de santé ont reçu l’instruction de déprogrammer les opérations non urgentes. Cette semaine déjà, plusieurs dizaines d’opérations avaient été déprogrammées au CHU de Besançon. L’objectif est d’éviter de surcharger les services hospitalier en cas d’afflux de patients. 

Vendredi soir, Emmanuel Macron a annoncé que les etudiants en médecine et les personnels soignants jeunes retraités seront « mobilisés » pour renforcer les équipes soignantes. 

Paradoxalement, la pression sur le système de santé peut diminuer en phase 3

Selon Olivier Obrecht, directeur général adjoint de l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne Franche-Comté, le système de santé fait face à des enjeux différents dans la phase 3. « Paradoxalement, la pression sur le système de santé peut diminuer en phase 3 parce que les malades seront beaucoup plus suivis à domicile, avec l’entrée en lice de la médecine ambulatoire. On est dans une autre dynamique » dit-il. 

Selon le plan national de prévention, le passage à la phase 3 entraine également « l’allègement voire l’abandon complet de certaines mesures de freinage : mesures destinées aux voyageurs, recherche et prise en charge des cas contacts »

De nouvelles restrictions possibles, mais la vie ne s’arrête pas

Au stade 3, « les activités collectives sont fortement impactées », souligne le gouvernement sur le site gouvernement.fr. Cela passe d’une part par d’éventuelles restrictions des rassemblements et des déplacements. 

« La vie du pays devra continuer et notre pays gèrera l’épidémie »

Ce vendredi, le chef de l’Etat a ainsi annoncé la fermeture des crêches, de l’ensemble des établissements scolaires et des universités, dès lundi 16 mars et « jusqu’à nouvel ordre ». 

D’autres mesures similaires sont-elles à attendre ?

Selon le plan  national de prévention, concernant les transports, les mesures barrières peuvent aller de la simple campagne d’ « information et sensibilisation sur la nécessité d’éviter les transports en commun », à la « suspension éventuelle de certains transports », uniquement en cas d’application maximale du stade 3.  Le chef de l’Etat a confirmé de possible restrictions mais sans interruptions précises.

Au stade 3, pas de confinement pour tous, rassurez-vous ! « La vie du pays devra continuer et notre pays gèrera l’épidémie », indique le gouvernement sur le site internet d’information du coronavirus.

Le stade 3, que se passe-t-il ?

Une application « au cas par cas »

Entre le stade 2 et le stade 3, « c’est un continuum de mesures plus ou moins renforcées » explique Olivier Obrecht, le directeur adjoint de l’Agence régionale de Santé Bourgogne Franche Comté. « La spécificité du stade 3 est qu’elle autorise notamment des mesures d’ordre public ou des restrictions des libertés publiques, la liberté de circuler, de s’associer dans des manifestations collectives, etc. »

«Le principe de base, c’est ce lui de la proportionnalité» explique Olivier Obrecht. L’application des mesures se fait « au cas par cas »« C’est en fonction de la situation zone par zone que seront prises les mesures. La vie économique est un élément important qui doit être pris en compte. »

Mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye précisait la situation. 

« L’éventuelle décision d’un passage en stade 3 dépendra de critères établis par les
scientifiques, en particulier le niveau de circulation du virus dans le pays. »

« Ces mesures sont en cours de réflexion, 
précisait la ministre, compte tenu de l’état d’avancée des réflexions scientifiques ». Elle indiquait également que ces mesures ne seraient pas décidées de manière « standart » pour l’ensemble du pays « visant par exemple à une fermeture systématique ».

Les mesures du stade 3 seront donc progressives et décidées au cas par cas, selon les endroits et la progression de l’épidémie.

Le stade 3 : de nouvelles mesures barrières peuvent être mises en place au cas par cas / © plan national de prévention et de lutte (2011)
Le stade 3 : de nouvelles mesures barrières peuvent être mises en place au cas par cas / © plan national de prévention et de lutte (2011)

Selon le plan national de prévention et de lutte « pandémie grippale », la plupart des mesures possibles au stade 3 peuvent d’ailleurs être décidées ponctuellement dès le stade 2. C’est le cas par exemple depuis le lundi 9 mars dans le Haut-Rhin où les crêches, les écoles et les lycées sont fermés pour 15 jours. 

En Bourgogne Franche Comté, pas encore de circulation active du coronavirus Covid-19

En Bourgogne-Franche-Comté, le mercredi 11 mars à 18 heures, 165 cas ont été confirmés selon l’Agence régionale de Santé. 3 décès et 7 guérissons ont été enregistrées. Mais l’origine de ces contamination est le plus souvent retracées. Conséquence, selon le site gouvernement.fr/info-coronavirus aucun département de la région ne figure dans la liste de ceux « Où circule le Coronavirus COVID-19 ».

Où circule le Coronavirus COVID-19 en France ? (source : gouvernement.fr)Il existe plusieurs départements où se trouvent des zones de regroupements de cas (clusters) :

  • Oise
  • Haute-Savoie
  • Morbihan
  • Haut-Rhin
  • Corse du Sud
  • Aude 
  • Calvados
  • Hérault

Que faire si vous pensez avoir été contaminé par le coronavirus ?

En cas de signes d’infection respiratoire (fièvre ou sensation de fièvre, toux, difficultés respiratoires) dans une zone ou dans les 14 jours suivant le retour d’une zone où circule le virus :

  • Contactez le Samu Centre 15 en faisant état de vos symptômes et de votre séjour récent.
  • Evitez tout contact avec votre entourage.
  • Portez un masque (sur prescription médicale).
  • Ne vous rendez pas chez votre médecin traitant ou aux urgences, pour éviter toute potentielle contamination.
  • Un numéro vert répond à vos questions sur le Coronavirus COVID-19 en permanence, 24h/24 et 7j/7 : 0 800 130 000.

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