Serigne Sidy Moctar Mbacké qui s’est éteint, mardi 09 janvier 2018, à l’âge de 92 ans était un homme discret et modeste, foncièrement marqué par l’orthodoxie mouride.
Beaucoup de Sénégalais l’ont découvert, le 1er juillet 2010, à l’occasion de son intronisation. C’est que Sidy El Moctar Mbacké, plus connu sous le nom de Serigne Cheikh Maty Lèye est un homme détaché des contingences de ce bas-monde. Il était un pratiquant austère, discret mais surtout très modeste.
Il s’est toujours tenu à l’écart des attraits de la ville et de l’argent. « L’agriculture, l’élevage et la lecture du Coran meublent sont ses véritables passions », disait un de ses proches. Né en 1925 à Mbacké Kadior, dans l’arrondissement de Darou Mousty, Serigne Moctar est le fils de Serigne Lamine Bara Mbacké et petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba.
Deuxième petits-fils de Khadim Rassoul à accéder au Khalifa, le guide religieux était un homme engagé pour la diffusion de l’islam qui se veut authentique, basé sur la sounna et les enseignements du Coran.
Il ne venait à Touba qu’en cas de nécessité, passant le plus clair de son temps à enseigner le Coran dans ses «daaras» installés dans les villages de Nganda, dans le département de Kébémer et de Ndindi dans la région de Diourbel. Le restant de son temps, il le consacrait à son activité favorite : l’agriculture. «Je suis un paysan», aimait-il se présenter.
Toujours disponible pour apporter son aide aux vulnérables et aux nécessiteux. Autre trait de son caractère qui fait aussi qu’il nous manquera terriblement : ce sont ses qualités de conciliateur.
Le défunt Khalife avait une grande volonté de fédérer toutes les communautés musulmanes du Sénégal. Dans une de ses rares sorties, en février 2012, Serigne Sidy Moctar, réputé être un grand soufi déclarait ceci : « Chers musulmans, chers mourides, chers compatriotes, chers guides de l’islam. C’est votre parent, condisciple, qui vous salue. Après ces salutations, je vous fais comprendre qu’en ma qualité de représentant de Cheikh Ahmadou Bamba, je ne veux que la paix pour ce pays, pour la famille Mbacké et pour tous les compatriotes ».
Un bâtisseur
Peu connu avant son intronisation mais Serigne Sidy Moctar ne tardera pas à imprimer sa marque. Les travaux qu’il a engagés ont donné de nouvelles couleurs à la grande mosquée. Les minarets sont portés à sept. Mieux, le guide religieux a poursuivi les travaux de la mosquée « Massalikoul Djinane » à Dakar et de l’université de Touba qui fera de la ville sainte un centre d’études de renom.
Dans la même dynamique, il a réhabilité la résidence Khadim Rassoul située en face de la grande mosquée de Touba et construit une autre résidence : celle de Darou Marnane dans le but d’agrandir la capacité d’accueil des hôtes de la ville sainte. C’est donc un bâtisseur, un partisan d’un islam rigoriste qui s’en est allé.