Dans l’enfer des employés des restaurants et fast-food à Dakar [Reportage]

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Le reportage d’aujourd’hui dans les méandres de l’enfer des employés des restaurants et fast-food à Dakar , capitale sénégalaise. Devenues une tendance, les entreprises de restauration ou de fast food à grande échelle pullulent un peu partout dans Dakar. Si ces derniers font le bonheur des populations, les employés qui y travaillent sont loin d’être heureux. Entre conditions de travail intenables, de longues heures de travail et un système de rémunérations dérisoires, ces employés vivent le calvaire au quotidien.

Enfer des employés des restaurants et fast-food (Reportage)

Les habitudes de vie des jeunes les exposent au surpoids et à l’obésité
Les habitudes de vie des jeunes les exposent au surpoids et à l’obésité

Dakar, il est 9 heures passées en ce jour de début de semaine de novembre. L’année 2022 est vieillissante. Dans les grandes rues de la capitale Sénégalaise, l’ambiance est faite de bruits de klaxons et de voix confuses.

Le trottoir grouillant de marchands ambulants, de mendiants et de passants. Des vrombissements de moteurs d’autos provenant de l’arrêt-cars empêchent toute quiétude.

C’est l’heure du marché pour certains et pour d’autres, le moment de prendre le petit déjeuner dans un fast food ou “Gargot” pour les moins nantis, comme ceux qui y travaillent pour le compte des propriétaires.

«On nous exploite. Pour un stage d’un an, celui qui travaille à la caisse est sommé de rembourser jusqu’au dernier centime, s’il y a un gap. Et cela quel que soit le montant.

Même si ce manque peut résulter de la défaillance de la machine. A cela s’ajoutent les ponctions de salaire pour des motifs bidons. Au terme du stage, on informe l’employé par lettre que la collaboration est terminée sans préavis.

Et ce sera le même mode opératoire pour le prochain stagiaire. C’est un cercle infernal que les employés subissent dans ce restaurant appartenant à des Sénégalais», confie A. Thiam, employée dans un grand restaurant Sénégalais.

Transport, congés et fêtes, véritable casse-tête des employés

Une analyse a montré que les personnes qui font du petit déjeuner le repas le plus important sont plus susceptibles d'avoir un indice de masse corporelle plus faible.

Selon la caissière de restaurant, la majeure partie des travailleurs de cette boîte habitent dans la banlieue notamment Keur Massar, Diamaguène, Malika, Rufisque.

«Il n’y a ni frais, ni véhicules de transports pour des travailleurs qui doivent rentrer, parfois, vers 2h00 du matin», ajoute-elle, tout en mentionnant les nombreuses agressions qui en résultent. Et même dans ce cas, renseigne-t-elle, un repos médical est exigé pour éviter que les jours non travaillés soient défalqués sur le salaire.

Parlant d’agression, la journaliste en presse écrite, Nd. A Dieng, qui quitte son bureau à 22h00 a été récemment victime d’agression.

Mono repas (un seul repas à un repas = digestion idéale)
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«Quatre gaillards à bord de deux motos m’ont traînée sur une longue distance avant d’emporter mon téléphone. J’en suis sortie avec des égratignure sur le corps. J’ai fait une demande d’aménagement horaire mais l’administration a refusé», déclare-t-elle avec la peur au ventre.

«Pendant les événements religieux ou traditionnels (Tabaski, Korité), les demandes d’absences sont souvent refusées à des employées qui n’ont pas vu leurs familles pendant presque un an. Les responsables de ces boîtes font aussi dans le parti pris.

Ils font la promotion des délateurs et se permettent de faire exclure certains en inventant des motifs», révèle Aïssatou Thiam.

Conditions de travail exécrable

fruits-fin_de_repas-
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C’est le cas des longues heures de travail. «On peut rester 8 tours d’horloge sans même avoir de pause. Même pour un petit moment (10 mn), ce n’est pas permis.

Si on vous trouve en train de manger ou boire, on te réprimande. Parfois avec des menaces de poursuites judiciaires sous prétexte que vous mangez les produits du restaurant», fait savoir F. Diop, une autre employée d’un restaurant très prisé.

En cas d’accident de travail, ajoute cette dernière, c’est l’employé qui se prend en charge lui-même. On laisse l’employé se débrouiller avec ses maigres moyens en dépit de la rentabilité de l’entreprise. «De 16h00 à 00h00, on peut verser plus d’un million».

Dans l’enfer des employés des restaurants et fast-food à Dakar [Reportage] 1

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Une maltraitance qu’une ancienne employée de la même boîte, A. Kane confirme en ces termes : «Un travailleur en restauration à qui on interdit formellement de consommer les produits de l’entreprise est aberrant. Et pire les récalcitrants sont sévèrement punis».

L’inspection du travail interpelés

Enfer des employés des restaurants et fast-food (Reportage)
Enfer des employés des restaurants et fast-food (Reportage)

Les inspecteurs du travail sont jugés en “connivence” avec les gérants ou patron d’entreprises de restauration.

«Les inspecteurs du travail préfèrent aller voir le directeur ou le gérant pour négocier ou recevoir des pots de vin. De ce fait, si on part porter plainte au tribunal, l’employeur gagne toujours le procès. Le mal est très profond», se désole A. Kane.

«C’est vraiment désolant de réduire les jeunes de ton propre pays en esclaves. Les conditions fixées dans les contrats de stage ne sont pas respectées. Au lieu de 46 h par semaine, l’employé peut faire jusqu’à 54h.

C’est grave. Même un petit retard est considéré et ponctionné sur le salaire à la fin du mois. Au vu et au su de l’inspection du travail», regrette la dame, d’un ton désespéré.

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