Tout n’était pas rose en 2002. Derrière la façade luisante des bons résultats, notamment lors de la Can (finale) et le Mondial (quart de finale), il régnait une mauvaise ambiance dans la Tanière. Certains Lions se regardaient en chiens de faïence et se savonner le plancher. Le tout, sous le regard, parfois complice, du staff technique.

C’est Henri Camara qui balance ainsi dans un entretien avec le quotidien sportif Record. D’entrée de jeu, l’ancien Lion prévient : « Aujourd’hui, je vais vous dire les choses sans porter de gants. Qu’elles plaisent ou pas, j’en assumerai pleinement les conséquences. »

Les clans et le match contre la France

Première affaire : sa condamnation sur le banc des remplaçants durant tout le match d’ouverture du Mondial-2002 contre la France (victoire du Sénégal, 0-1).

Henri rembobine : « Si je suis resté sur le banc de touche, c’est parce qu’il y avait un clan de joueurs qui était là et qui dictait sa loi. Ils ont fait exprès de me laisser sur le banc de touche avec bien entendu la complicité du staff technique d’alors. Et ces gens-là savent bien de quoi je parle. »

Conséquence ? L’ancien joueur du Jaraaf décide de faire ses valises pour rentrer au bercail. « Malheureusement, je n’avais pas mon passeport, raconte-t-il.

Après la Coupe du monde, il y a un joueur du clan qui m’a avoué que s’ils ont demandé au coach de me laisser sur le banc de touche, c’est parce qu’ils savaient que ce serait difficile de faire le onze. Il fallait sacrifier un joueur, et c’était moi qui ai payé les pots cassés. »

Le classement contre la Turquie

Justement à propos des clans à l’époque de la Génération-2002. Le bruit a toujours couru, mais les démentis l’ont toujours couvert.

Henri confirme : « En 2002, il y avait des clans dans l’équipe et les plus forts n’hésitaient pas à écraser les plus faibles. Et ils faisaient la pluie et le beau temps. »

Et c’est sûrement cette loi de la jungle qui a causé l’élimination du Sénégal en quart de finale par la Turquie (0-1).

Si l’ancien international se garde d’être formel, il laisse perler le fond de sa pensée : « Pour ce match contre la Turquie, il y avait des joueurs qui ont démarré, (alors qu’ils) ne méritaient même pas de jouer.

La raison aurait voulu que l’équipe qui a gagné (2-1 sur un doublé de Henri en huitièmes) contre la Suède démarre. Tout le monde sait qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Ce sont les clans qui ont tout chamboule.

Amdy Faye avait fait un match époustouflant (contre la Suède), malheureusement pour le match suivant, il n’a même pas joué 5 minutes. Parfois les coaches font des erreurs qui portent préjudice à l’équipe. »

Les bagarres et le brassard de Cissé

Il y avait aussi les bagarres. C’était plus ou moins connu. Henri avoue. Avec quelques détails. Aliou Cissé-Fadiga : « (Ils) se sont cognés comme des boxeurs.

C’est Aliou qui avait lancé le premier coup de poing. J’étais là, assis à côté de Salif Diao, c’était à la mi-temps d’un match. Et n’eut été l’intervention de feu Jules François Bocandé, le pire allait se produire. »

Coly-Pape Sarr, à l’entraînement : « Coly, avec son tempérament, n’acceptait jamais qu’on se relâche au marquage. Donc, ça a chauffé entre eux et ils se sont frottés aussi. »

Une dernière révélation, « le clan » a failli arracher le brassard de capitaine à Aliou Cissé dont le leadership au sein de la Tanière était contesté.

« C’est vrai, acquiesce Henri Camara. En un moment, il était question de récupérer le brassard parce que le clan avait son plan. La décision du coach était contestée. Ce sont eux qui ont réglé le problème. S’ils étaient parvenus à récupérer le brassard de capitaine, Aliou Cissé n’allait jamais jouer. »

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